Archives de catégorie : Publications

Ce fut une messe… en forme de corrida – Joël Glaziou

À travers un puzzle de genres, de registres et de tons, Juan Pedro, le vieil écrivain, essaie de comprendre les choix de Jesús, ce petit-fils tiraillé entre le rituel chrétien de la messe imposé par sa grand-mère et le rituel tauromachique imposé par son grand-père.
Assister aux différentes phases d’une corrida à travers les regards du grand-père et de son petit-fils, d’un photographe et de son ami peintre, d’un comédien et d’une militante anti-corrida, d’un torero et même… d’un toro, c’est comprendre qu’au-delà du spectacle autre chose se joue. La capacité de transgression pour trouver une véritable liberté, celle des artistes, toreros, peintres, photographes, écrivains… celle, aussi, de tous les hommes!
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Les premières lignes
Sûr, ce jour-là serait un grand jour pour Jesús.
C’est du moins ce que disaient Mémé et Pépé qui avaient la charge de son éducation. Une croix était tracée sur le calendrier. María avait choisi ce dimanche d’août, et Jesús ferait sa première communion dans l’église où il avait été baptisé.
Or, de son côté, José avait projeté d’initier Jesús à la tauromachie et de lui offrir sa première corrida. La corrida dominicale qui clôture en apothéose la feria annuelle…
Jesús était né le jeudi de l’Ascension.
– Un bon présage, avait dit sa Mémé María.
– Surtout sous le signe solaire du taureau, ascendant taureau, précisait Pépé José.
María avait choisi le prénom de Jesús.
Pépé avait dû plier devant sa volonté alors qu’il aurait préféré Joselito.

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Passés imparfaits – Patrick Dupuis

Vingt et une nouvelles courtes qui explorent le passé de personnages divers et attachants. Ils ont tous des souvenirs, des regrets qui rejaillissent sur la vie qu’ils mènent. En bien, en mal, c’est selon.
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Les premières lignes
La salle était hideuse: murs enduits d’une couleur indécise, éclairage au néon. Des femmes et des hommes assis sur des bancs; beaucoup de silence, quelques chuchotements.
De temps à autre, deux personnes se levaient et franchissaient une porte qui se refermait sur une histoire banale de couple en fin de parcours. Personne ne revenait dans cette salle d’attente. Il devait exister une autre issue qui permettait de s’échapper du bureau du juge sans être soumis aux regards curieux de tous les candidats au divorce qui attendaient leur tour.
Il était l’un d’eux et il était seul! La comparution avait été fixée à dix heures et demie et, comme d’habitude, elle était en retard! Arriver à temps et devoir attendre était la chose qu’il détestait le plus au monde. Avec elle, il avait été servi. Les petits défauts amusent au début d’une histoire d’amour; ils deviennent des montagnes quand vient le moment de la discorde…

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Confession des genres – Emmanuelle Favier

Dans cet ensemble de textes courts, nouvelles ou contes cruels, c’est chaque fois (ou presque…) un narrateur masculin qui prend la parole pour explorer un territoire amoureux, sensuel ou encore franchement érotique. Cette exploration, menée sous une forme à la fois fantastique et poétique, dit l’ambiguïté – voire la perversité – des rapports amoureux dès lors que l’on se confronte au problème de l’affirmation sexuelle ou de la possession de l’autre.
Le tout dans un style parfois lyrique, parfois cinglant, dont ne sont absents ni l’humour, qui confine parfois au grotesque, ni la poésie, ni encore l’influence d’un certain réalisme magique.
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Les premières lignes
Permettez-moi de vous parler un peu de ma moitié. J’aime parler d’elle. Je l’aime tant. Il y a peu de gens qui daignent m’écouter : pour la plupart, cette histoire n’est pas tout à fait acceptable. Elle leur apparaît comme vaguement dégoûtante, et ils la toisent de la manière dont, peut-être, ils observeraient un membre mutilé.
Ma moitié. J’évite de lui donner un nom, la tentation est trop grande de compléter les syllabes. Pas de nom vaut mieux qu’un demi-nom. C’est pourquoi je l’appelle généralement Tu quand nous sommes ensemble, puis j’opte pour Elle quand je la raconte à d’autres. Elle a peu d’amis, car rares sont également ceux qui sont prêts à vivre une amitié amputée.

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Sans nul espoir de vous revoir – Françoise Pirart

Janvier 1820. Jeremy Alexander Voight, jeune ténor promis aux succès parisiens, s’engage sur un coup de tête dans l’expé­dition du capitaine William Drawbee : la traversée de l’Empire russe jusqu’à l’extrême Nord-Est de la Sibérie, un voyage extrêmement risqué.
À Paris, Élisabeth d’Ancourt se désespère de ne plus avoir de nouvelles de Jeremy, alors qu’ils se sont quittés sur une dispute. Tous deux ont vécu une relation hors du commun, un amour non consommé mais profond.
Attente, silence, lettres perdues ou volées, nature grandiose qui remet l’humain à sa juste place, étendues désertiques, tempêtes de neige, solitude et hallucinations, rudes confrontations avec des Yakoutes, aurores boréales, amitié virile, amour tourmenté – ce roman est l’histoire d’une passion toujours contenue entre deux êtres fiers et entiers.
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Les premières lignes
Il ouvrit la fenêtre et huma l’air frais d’avril. Narva, frontière ouest de l’Empire russe. Quelle folie de s’être jeté dans une telle aventure ! Comment reculer à présent ? Il avait agi sur un coup de tête, il le savait, mais c’était là sa seule certitude.
Sur la table étaient posés un broc d’eau chaude et un petit miroir, apportés par la servante. Jeremy A. Voight sourit à son image, mais aucune joie ne se reflétait dans ses yeux. Le souvenir de celle laissée auprès de Bertrand d’Ancourt le hantait. Il se revoyait à Leipzig, un mois auparavant, au moment où le capitaine William Drawbee lui avait annoncé : « Si vous désirez envoyer un courrier et recevoir une éventuelle réponse de votre destinataire, il en est encore temps. » D’emblée, il s’était refusé à cette idée. Jamais il n’écrirait ! Tout était fini ! N’était-ce pas la raison même de son engagement envers le capitaine et les lords de l’Amirauté ?
Il se dévêtit entièrement et se lava. Les muscles jouaient sous sa peau, quelques poils sombres frisottaient sur son torse. Sa force lui apparut comme une bénédiction. Était-ce pour sa jeunesse et sa beauté qu’Élisabeth l’avait aimé ? Aurait-elle éprouvé les mêmes sentiments s’il avait été différent ? Il se rendit compte qu’il pensait à elle comme s’ils allaient se retrouver dans l’instant. Mais elle n’était pas là, elle ne serait plus jamais là. Une boule le serra à la gorge et sa vue se brouilla de larmes. Alors, comme si c’était pour lui le dernier moyen de reprendre pied dans la vraie vie, il se mit à chanter. Sa voix vibrait d’une étrange façon. Il se rappela les paroles du vieux maître qui lui avait enseigné son art : « Seul le travail peut vous apporter la satisfaction. Le don n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan de la persévérance. » Depuis combien de temps n’avait-il plus exercé sa voix ? Il ne pourrait peut-être plus jamais récupérer ce qu’il avait perdu, si un jour il rentrait en France.

 

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Lignes de fuite – Liliane Schraûwen

Alain et Madeleine, meurtris par la vie, se rencontrent d’une manière bien étrange et décident de faire un bout de chemin ensemble. Non loin d’eux, la jeune Delphine tente de se reconstruire aux côtés d’Ahmed qui depuis longtemps la suit de loin et la protège. Suzanne, dans un appartement tout proche, s’enfonce dans un abandon toujours plus profond…
Autant de destins brisés, autant de sursauts d’espoir, autant de fuites en avant. Autant de personnages qui se cherchent et se perdent sans se reconnaître, même si leurs chemins quelquefois se croisent. Autant de questions, toujours les mêmes, lancinantes. Les questions de la vie. L’amour est-il encore possible ? Peut-on échapper à la solitude ? Le désespoir gagne-t-il à tous les coups ?
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Les premières lignes
Pâques était tombé tôt cette année-là, et le temps était beau. Un vrai temps de printemps, d’un printemps précoce et lumineux.
C’était un mardi, en plein milieu des vacances. Il était un peu plus de seize heures. La circulation était rare. À cause des vacances, justement, et aussi parce que ce n’était pas encore l’heure de pointe. La petite voiture rouge roulait vite, trop vite. Elle avait quitté l’autoroute de Namur, emprunté la chaussée de Wavre avant de s’engager sur le boulevard du Souverain. Tous les feux étaient au vert.
Sur le terre-plein central, des joggeurs et des promeneurs se croisaient sous les arbres. Personne n’a prêté attention à cette voiture, personne ne s’est dit qu’elle était trop rapide. À cet endroit, c’était presque normal. La plupart des automobilistes faisaient pareil, sachant qu’il leur faudrait de toute façon ralentir puis s’arrêter au croisement du boulevard du Souverain et de l’avenue de Tervuren. Mais dans la ligne droite, juste avant, la tentation était grande de foncer. Au bout du boulevard, après Val-Duchesse, les automobilistes levaient le pied. Ils connaissaient l’endroit, savaient qu’il était dangereux. Des flèches au sol indiquaient sur quelle bande s’engager, selon la direction choisie. Des motos quelque­fois accéléraient au lieu de ralentir, doublaient les véhicules à l’arrêt, bifurquaient vers la gauche ou vers la droite, jouant de leur vitesse. Il y a toujours un moment où toutes les voitures sont en attente aux quatre bras du carrefour. Les motards le savent et profitent de ces quelques secondes de flottement pour poursuivre ou accentuer leur élan.

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Les épines de la Couronne – Hugo Lejeune

En 1685, Louis XIV révoque l’Édit de Nantes. Le protestantisme n’est désormais plus toléré dans le Royaume de France, mais les conversions forcées sont souvent de façade.
Une génération plus tard, une révolte éclate dans les Cévennes: de jeunes paysans et artisans, élevés dans l’into­lérance, prennent les armes pour recouvrer la liberté de leur conscience. Parmi eux, le cadet d’une famille de laboureurs s’illustre tout particulièrement: Jean Cavalier. Stratège inspiré, il donne à la cause huguenote de nouvelles heures de gloire.
Cette guerre terrible et fratricide, menée au nom de principes supérieurs, laisse peu de place aux sentiments. Et pourtant…
À travers les failles et les contradictions d’un personnage historique, un cri de révolte face à notre monde désenchanté
Sélection Prix des Lycéens (Belgique) 2012-2013
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Les premières lignes
Sur le mont Lozère, Nicolas de Lamoignon de Basville, l’intendant royal du Languedoc, domine du haut de son cheval une petite partie de sa vaste province. S’il en admire les reliefs alternant montagnes terrassées et vallées verdoyantes, ce n’est cependant que pour tromper l’attente, sa visite en ces lieux n’ayant vraiment rien d’une promenade bucolique. Bien au contraire, puisque, arrivé à la tête de troupes, en compagnie du maréchal de Broglie, l’intendant de Basville n’est pas tant là pour voir que pour être vu. De récents troubles l’obligent en effet à faire démonstration de force et de lustre pour rasseoir son autorité bafouée dans la région. Et celle du roi Louis le quatorzième, à travers la sienne.
Lesdits troubles ont commencé à Montvert, un bourg situé sur le versant méridional du mont Lozère, à la confluence des vallées du Tarn, du Martinet et du Rieumalet. Une belle et paisible région. Du moins, jusqu’à ce que l’abbé du Chayla y vienne établir sa résidence.

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L’eau des rêves – Manu Causse

Au milieu des années 60, un homme se donne la mort dans une vigne. Trente ans plus tard, son petit-fils – le narrateur – s’aperçoit que sa bouche a disparu. Incapable de communiquer et de vivre, il s’enferme chez lui, dans son travail. Dans ses rêves, le fantôme de son grand-père lui rend souvent visite. Lorsque sa grand-mère décède, le narrateur se rend en train à l’enterrement. Consciemment ou non, il rate son arrêt, et se retrouve perdu dans les collines. Providentielle, une jeune femme le prend en stop. Après les obsèques, poussé par une vision, il s’ouvre enfin à sa famille de la colère qui le ronge: personne n’a parlé du suicide du grand-père, préférant le mensonge officiel de l’accident. S’ensuit une plongée dans l’alcool et la drogue, une déconstruction de son existence qui l’amène à douter de tout, à quitter le monde des vivants pour devenir maçon, fou, ermite. Mais la figure de la jeune femme croisée en auto-stop le hante. Pour la retrouver, il effectue à nouveau le voyage vers les collines, à la recherche de lui-même, de ses fantômes… et de l’amour.
Dans un style tour à tour heurté et limpide, rocailleux et rêveur, une épopée immobile où la langue finit par battre au rythme de la chair.
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Les premières lignes
Campé sur ses jambes, penché en avant, l’homme lance la faux. Mouvement ample, unique, de tout son corps. Avec grâce, les hautes herbes se couchent en andains.
Parfois, l’homme s’arrête, essuie son front du revers de la manche. De l’étui en cuir attaché à sa hanche, il sort une pierre à aiguiser, la frotte avec des gestes précis sur le fil de la lame. Puis se remet à l’ouvrage.
Les heures passent. Soudain, l’homme s’arrête. Il se redresse à peine. Regarde au loin, vers les collines. Son expression est indéchiffrable; les yeux dans le vague, il reste immobile, le souffle court.
Un instant plus tard, il se remet au travail. Cette fois, ses gestes sont moins coordonnés, déséquilibrés, hachés. La lame de la faux accroche des racines épaisses, des pierres dissimulées entre les mauvaises herbes.

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Comme un roman-fleuve – Daniel Charneux

Pourquoi François Lombard a-t-il vu se distendre les liens qui l’unissaient à Sonia ? Quel secret cache-t-il au fond de sa mémoire ? Que cherche-t-il, sillonnant les quais de Meuse, traversant les ponts, creusant dans son passé, dans l’histoire d’une ville, dans les méandres d’un fleuve ? Est-il encore temps de jeter une passerelle entre Sonia et lui ?
Le roman d’une ville et d’un fleuve, d’un homme et d’un amour
Peut-être l’œuvre maîtresse de Daniel Charneux
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Les premières lignes
Ses promenades l’emmenaient rarement au-delà du pont de Fragnée, où se rejoignent les eaux de l’Ourthe et de la Meuse, ou alors l’été, quand il se décidait à suivre durant plusieurs heures le sentier de grande randonnée qui filait vers le sud, le long de l’Ourthe, entre les versants d’une vallée profonde, boisée, riante et sombre, une vallée de larmes, songeait-il parfois, quand tout évoquait la joie des grandes vacances, quand l’hiver semblait hors de portée, vaincu, muselé.
Des familles se baladaient là, nonchalamment, des garçons plongeaient, torse maigre et nu, peau bronzée, sous les rires criards des filles, on pique-niquait sur les prés, comme autrefois, sans songer que l’hiver, souvent, l’eau enflait, débordait, noyait chalets et bungalows construits, allez savoir pourquoi, en zone inondable, et des larmes, les riverains en versaient, les riverains que l’on n’avait pas prévenus et qui s’épanchaient devant les caméras, ou que l’on avait prévenus, mais qui avaient tout de même construit: C’est si beau, l’été, c’est si agréable!

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La méridienne du cœur – Aurelia Jane Lee

Il vient du Sud, elle vit au Nord. Il parle peu, elle pense trop. Il l’aime. Elle aussi – mais elle a surtout peur de le perdre.
Le jour où T. s’en va, le monde s’écroule pour Lil. Elle tente alors de réécrire le roman de son amour, pour donner un sens à ce départ brusque et silencieux.
Dans la solitude, Lil va enfin porter sur elle un regard plus lucide, tantôt encore critique et sévère, tantôt plus tendre et drôle.
Le sixième opus d’Aurelia Jane Lee depuis ses débuts en 2006 avec Dans ses petits papiers
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Les premières lignes
Je marchais sur la plage depuis des jours.
Cet été-là, le ciel était d’un bleu implacable, strié de blanc. Tous les jours. Tous les jours le même temps, le même azur parcouru d’étroites bandes nuageuses. Presque comme celles que laissent les avions. Des traînées de vapeur. Des rubans blancs.
La plage s’étalait, parfaitement plane, sur des kilomètres. Seuls reliefs : des paquets d’algues que le soleil desséchait, qui exhalaient une odeur humide aux accents sexuels. Parfois, on les voyait fumer, à marée basse.
J’arpentais le bord de mer, sans relâche. À son image, j’étais calme et sans irrégularité, lisse, constante. Ce n’était qu’une apparence. Comme la mer, je cachais bien des choses.
Je n’étais pas la seule. Depuis que j’étais là, j’avais observé un vieil homme au comportement étrange. Toute la journée sur le rivage, lui aussi. Peut-être même la nuit. Il semblait chercher quelque chose, une chose qu’il aurait perdue, dans l’eau. Je le voyais entrer dans l’eau, plonger, revenir ensuite avec, entre ses mains, des objets que je distinguais mal dans la lumière écrasante. Que pouvait-il trouver dans la mer qui suscite tant son intérêt ?

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Accident de personne – Anne-Frédérique Rochat

Une jeune femme peintre perd le goût de créer, le goût d’aimer, le goût de vivre. Elle croit le retrou­ver en s’immisçant dans la famille d’une ancienne cama­rade de classe qui vient de mourir, au risque de sa propre identité. C’est alors qu’une blessure mal cicatrisée se rouvre, béante.
Entre rêve et réalité, Charline marche sur un fil, à la recherche d’elle-même.
Le premier roman d’une comédienne et auteure dramatique suisse
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Les premières lignes
Ça défile, ça défile. Inexorablement, ça défile. Il n’y a rien à faire, rien à retenir. Ça défile. Derrière la vitre, ou peut-être est-ce devant, les arbres courent, et le ciel les suit. Immobile et gris. Si seulement mes pensées pouvaient suivre le flux, avancer, défiler, courir, rouler, et ne plus tourner en rond. Si seulement…
Je voudrais avoir les idées claires.
Je voudrais avoir des idées tout simplement et cesser de broyer du noir. Je suis à sec, « désinspirée ». Le monde est plat. Mes mains sont vides. Mes yeux ne voient plus l’intérieur des choses, ils ne voient plus à travers. Où est passé le jaune qu’il y avait dans le vert ? Je n’arrive plus à peindre. Et toutes les couleurs qui sublimaient le gris ? Plus envie. Pour quoi faire ? Et puis que faire ? Des arbres, encore et toujours. Des hommes, des femmes, pareils à eux-mêmes. Des carcasses. J’ai perdu ma sensibilité artistique, j’ai perdu mes antennes. Voilà ce que je tourne en boucle dans ma tête depuis le début du voyage.

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Sur la pointe des mots – Marie France Versailles

C’est l’histoire de la rencontre inattendue de deux femmes qui ont pris la plume pour dire au revoir à ceux qu’elles aiment. Peu importe si l’une grave ses mots sur le parchemin rétif tandis que l’autre pianote sur son clavier…
Entre elles, onze siècles. Tout les sépare, et pourtant la rencontre a lieu. Et la connivence.
Un petit traité du lâcher prise plein d’humour et de tendresse
Un roman délicieux…
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Les premières lignes
Une femme est assise sur un rocher au bord du torrent. Son bras gauche enserre ses genoux ramenés contre elle. Ses pieds déchaussés reposent au frais de la mousse.
Le torrent dévale, rebondit sur les pierres, éclabousse l’herbe de gouttes de lumière.
C’est un moment où se sentir bien.
La chaleur sur les épaules, la main droite abandonnée au vif du courant.
Retour de promenade.
Elle a laissé ses compagnons la devancer. Les enfants se sont mis à courir à travers l’alpage, tandis que leurs parents suivent le sentier qui sinue dans la descente. Le village, en contrebas, ne se devine pas encore.
Elle attend que s’atténue le bruit des voix. Juste un dernier cri, de victoire, d’un gamin sûr de son avance : C’est moi qui arriverai le premier!
Et puis, le silence et la fraîcheur de l’eau dans la tiédeur de l’été.

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Derrière moi – Bérengère Deprez

Un photographe englouti, une petite fille qui parle aux chats, une recette de potage, une fantas­tique famille nombreuse, un camionneur tombé par hasard en pleine intrigue de Lolita, une factrice amoureuse,… Derrière cette collection d’histoires pointe la même inquiétude incrédule à propos de l’aventure humaine, entre humour et dérision, entre pessimisme et rédemption du quotidien. Par l’auteur de Kilomètre 7 et du Sablier du jour.
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Les premières lignes
– Quoi ? Tu ne connais pas la clam chowder, toi qui as passé trois mois dans le Maine, soi-disant pour écrire un roman comme les vrais écrivains américains ? Mais qu’est-ce que tu as foutu, dans le Maine ?
J’esquive de peu la cuiller en bois que Geoffrey m’a lancée à la tête.
– Je ne suis pas allé écrire un roman, je suis allé repérer pour un film, avec un ami cinéaste. Et les vrais écrivains américains, comme tu dis, ils vont plutôt dans le Vermont, il y fait moins froid.
Une fois de plus, son accent me ravit mais je me garde de le lui dire. Du reste, quand je parle sa langue, le mien ne doit pas l’ennuyer non plus.
Nous sommes dans la petite cuisine de son appartement bruxellois. Son amie travaille à l’OTAN, et lui, à part écrire, je ne sais pas ce qu’il fait. Je veux dire, je ne suis pas sûre qu’il ait un salaire, mais après tout ça ne me regarde pas.

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