Victoria Libourne – Françoise Houdart

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En acceptant de s’asseoir sur ce banc à la berge du Vieux Canal, à côté d’un homme étrange qui prétend s’appeler Moïse, Clémence a-t-elle bien conscience qu’elle se laisse insensiblement dériver dans les eaux troubles d’un passé dont il va lui léguer l’héritage ?
Victoria Libourne, le seizième roman de Françoise Houdart, pose, de façon symbolique, la question essentielle de la trahison et du pardon, et prospecte, à la façon d’une enquête policière, les zones aléatoires au confluent du rêve éveillé et de la réalité, ces espaces hors du temps où s’interpénètrent les rumeurs de la lointaine Garonne, les images scintillantes d’un jardin sous la neige, le chant d’adieu d’improbables grenouilles et les méprises de l’amour.
En librairie le 19 septembre

Les premières lignes
Ça se passe dans le rêve. Dans le flou du rêve. Quelque chose se passe, à peine perceptible. Quelque chose… Un dérangement du silence. Infime. L’intuition d’un son primal. Mais cela s’obstine ; cela prend force, s’enhardit. Devient rumeur. Du fond du rêve, soudain, déboule l’oued d’un cri. Une femme est là. Une forme, une femme. Elle est dans le rêve, immobile, comme pétrifiée. Statue de sel. Entre elle et le cri, l’intraversable espace. Elle connaît ce cri : c’est celui de l’enfant. Le sien. C’est le cri échappé de son ventre. Le cri qui tranche. Sépare à jamais. Condamne à la peur à perpétuité ; la peur, l’amour. Rien ne la protège. Le cri la percute en plein cœur.
L’enfant pleure.
Dans la chambre où il se réveille, au creux de son petit lit-cage tapissé d’autocollants de superhéros et d’étoiles phosphorescentes, l’enfant pleure. Le tumulte des larmes traverse les murs, suit les secrètes voies enténébrées jusqu’à toucher le visage de la mère encore endormie, les bras noués autour du corps docile de l’édredon ; jusqu’à pénétrer par l’imperceptible fêlure dans le sanctuaire du rêve, là où se perdent les mots dérisoires de la consolation. Elle s’agite dans son sommeil, replie bras et jambes contre son ventre, remonte le drap pour y enfouir la tête.

4 réflexions sur « Victoria Libourne – Françoise Houdart »

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