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André Sempoux – L’écrit bref : comme givre au soleil – Ginette Michaux

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André Sempoux, né en 1935, est poète, nouvelliste et romancier. Il a reçu en 2007 le prix Italiques et en 2010 le prix Alix Charlier-Anciaux, de l’Académie de langue et de littérature françaises de Belgique, pour l’ensemble de son œuvre de fiction.
Le contraste, favorisé par l’écriture brève, entre le rythme rapide de la narration et la densité de prenantes évocations lyriques caractérise l’art d’un maître du suspense. Les nouvelles aux chutes surprenantes et les romans intimement marqués par l’Histoire ne cessent d’être habités par le souffle libéré du poème.

Professeur émérite en lettres françaises de l’université de Louvain, Ginette Michaux signe ici le premier ouvrage portant sur l’ensemble de l’œuvre littéraire d’André Sempoux.

En librairie le 22 janvier 2016

Les premières lignes
André Sempoux témoigne, dans sa Chaire de Poétique, du silence et de la solitude qui accompagnent trois moments de trouble et d’étrangeté vécus au cours de l’enfance.

Premier moment
À la Toussaint, lendemain de l’anniversaire d’André (il est né le 31 octobre 1935), son père et lui traversent côte à côte une zone de sablonnières pour l’arrêt de quelques minutes dans un cimetière – plus tard désaffecté –, devant un rectangle de gazon qui n’est marqué d’aucun nom.

Second moment
Vers l’âge de huit ans, André feuillette l’album familial et contemple les photographies qui le montrent en compagnie de sa mère ou de ses parents. Mais on a découpé la moitié inférieure de l’une d’elles. Sur la photo mutilée, la mère, souriante, est tendrement inclinée vers un vide. L’enfant se demande pourquoi seul le visage de celle-ci a été gardé. Il a le pressentiment d’un secret et se tait.

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Passé simple – André Sempoux

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Fabuleuse, onirique, étrange, historique, triste, allègre, ou, comme dans la vie, tout cela à la fois, la nouvelle voudrait, les soirs d’une semaine, alléger par le plaisir de son architecture narrative et de son peu de mots les peines réelles et pensées parasites qui sont notre lot d’humains.
André Sempoux est romancier (Torquato, 2012, Dévoration suivi de Nuit blanche, 2013), poète et essayiste. Il a reçu en 2007 le prix Italiques et en 2010 le prix Alix Charlier-Anciaux, de l’Académie, pour l’ensemble de son œuvre de fiction.
Disponible chez votre libraire

Les premières lignes
Rixensart
Dans l’espoir de me faire pardonner la goujaterie de samedi, laissez-moi, Madame, vous en raconter une autre, qui prit allure de feuilleton ; à fin heureuse, je vous rassure.
Plus de huit ans après la première guerre, l’épouse d’un professeur italien qui n’en était pas revenu reconnaissait son mari dans un amnésique dont la photo avait été publiée en désespoir de cause. On oublia ou voulut oublier que l’homme, avant sa collocation dans un asile, près de Turin, avait commis un vol. Le « professeur » et madame Canella retrouvèrent ensemble, à la joie générale, famille et enfants. Mais bientôt, suite à l’irruption d’une rivale dans ce jeune bonheur, une identité moins reluisante était attribuée au revenant.
Les procès commencèrent, non sans intrusion des autorités politiques et religieuses. Le pays se divisa en « canelliens » et « brunériens », adjectif forgé sur le vrai nom de ce simulateur. Il allait, jusqu’à sa mort au Brésil en 1941, jouer imperturbablement le rôle que le hasard lui avait offert sur un plateau d’argent. Il faut dire que la dame aimante et fortunée partie avec lui aux Amériques n’eut jamais la moindre défaillance dans son propre personnage, malgré la complexification de l’imbroglio légal et les progrès de la partie adverse. Quant au fruste Bruneri, il publia et fit en portugais des exposés dans le style néo-scolastique de son prédécesseur.

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Dévoration – André Sempoux

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Joueur d’échecs jouant contre lui-même, le héros de Dévoration cherche une forme de loyauté par rapport à un père figé dans un engagement de jeunesse jamais renié.
Nuit blanche accompagne, de Liège à Saint-Pétersbourg et de Saint-Pétersbourg à Liège, un slavisant associé bien malgré lui à un assassinat politique.
Ces deux récits infiltrent des zones d’ombre de l’Histoire. André Sempoux, s’éloignant de l’écriture de l’étrange qui a souvent été la sienne, y privilégie l’énigme et le suspense.
Chez votre libraire ou, à défaut, à commander ici
Existe également au format numérique téléchargeable sur tous les types de liseuse

Les premières lignes
Quand j’arrivais ici pour ma semaine rituelle, le roux fané de la bruyère éclaboussait les pentes violettes jusqu’aux prairies du bord de mer.
Deux mois plus tôt, avec plus de lumière et moins de nuances dans les couleurs, rien ne me paraît vraiment différent. Je revois les vignettes des leçons de choses qui, en me montrant le monde identique la nuit et le jour au fil des saisons, apaisaient mes inquiétudes d’enfant. Je vérifiais les moindres détails. Le pâtre était allé dormir, son travail fini, mais chaque arbre restait à sa place. On patinait sur la rivière où, dans l’autre image, le troupeau s’abreuvait ; le village et son clocher tressaient sur l’horizon le même griffonnage rassurant.

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Claude Javeau, Nicole Malinconi et André Sempoux – Trois retours sur images

Rien de plus, rien de moins que des éclats de vie, à travers la musique, la compagnie des chats, le rêve sur la brèche du réel.
Trois auteurs connus, de sensibilités différentes, que le projet a fédérés.
Trois textes précieux à des titres divers…
Chez votre libraire conseil ou à commander ici.

Les premières lignes
N’emphatisons pas; notre histoire n’est pas celle des amis que La Fontaine a placés, pour l’effet sonore et de rareté, au Monomotapa.
De ses conférences et de ses livres (ah! la méditation en marche sur les hauteurs de Liège, vers l’Enclos des Fusillés où repose son grand-oncle…), j’aime depuis longtemps la sincérité bourrue, tendre et vibrante, l’emportement plein de trouvailles, l’humour, les éclairs de lyrisme. Mais il a fallu un jour d’audace pour que je l’entreprenne: «Je me vois bien avec toi dans un de ces 11×18 que mitonne Luce Wilquin. Chacun raconterait quelque chose d’important pour lui, mais d’une manière oblique, légère, pas d’autre consigne.»

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André Sempoux – Guy Vaes. L'effroi et l'extase

Premier essai d’ensemble consacré au corpus romanesque aussi rare qu’exigeant de Guy Vaes, maître du « réalisme magique ». Il propose, dans un langage critique clair, une ligne interprétative tenant compte du reste de l’œuvre, dont cinq « introuvables » ici republiés. Avec 40 pages de photos.
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André Sempoux – Le blues du train de nuit

Carnet-refuge d’un temps où la culture italienne sous contrôle (TV, Istituti, etc.) se contorsionnait comme le serpent du conte, susurrant : « Ayez confiance ». Et surtout, traduction d’Antonio Tabucchi : « Ne pensez plus ».
L’Italie, celle d’hier qui fait rêver, celle d’aujourd’hui qui met l’auteur en colère, mais toujours en de courtes nouvelles, ciselées de main de maître.
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André Sempoux – Italie, poussière de temps

Fondateur d’un Centre universitaire d’études italiennes, André Sempoux est poète, nouvelliste et romancier. Torquato, l’ami d’un autre temps (roman, 2002) et Le bol à moustaches (nouvelles, 2003) ont paru chez le même éditeur. Il a reçu le prix Sander Pierron pour Petit Judas, repris dans Moi aussi je suis peintre en Espace Nord chez Labor.

André Sempoux livre ici un précieux petit recueil de nouvelles, où son amour de l’Italie, et plus précisément de l’Italie de la Renaissance, transparaît à travers quelques textes tout en nuances et en légèreté. Mais rien de pesant ou de didactique là-dedans. Non, ce sont autant de petites histoires ou de notations accessibles à tout le monde. De très beaux dessins tirés des carnets italiens d’Ignace Vandevivere viennent ponctuer les textes et la couverture.

Les premières lignes
Le rêve florentin d’une nouvelle Athènes s’éteignait dans les yeux d’Angelo Poliziano. Il avait dit en strophes mélodieuses, limpides comme une aurore nacrée, la rose nouvelle, un sourire de déesse apaisant les tempêtes, la douce peine dont il est fou de vouloir guérir. Maintenant que le ciel paraissait de sang, et son inspiration tarie, il recopiait pour une autre heure du monde les mots des Grecs et des Latins auxquels il devait tout.

André Sempoux – Le bol à moustaches

Fondateur d’un Centre universitaire d’études italiennes, jeune retraité de l’université, André Sempoux est poète, nouvelliste et romancier. Très (trop!) discret, cet homme cultivé et d’une générosité inhabituelle, offre ici un nouvel «appel au partage de l’indicible», pour reprendre les mots du critique Jacques De Decker à propos de «Torquato».

Le Golem vient au secours d’un chercheur menacé par l’entreprise sauvage, un Orphée d’aujourd’hui arrache son secret au maître des enfers, un fasciste impénitent ne cesse de ravager la vie de son fils… Le romancier de Torquato, l’ami d’un autre temps (paru en février 2002 chez Luce Wilquin) croise dans les douze récits du Bol à moustaches la poésie des mythes éternels avec une Histoire brûlante d’actualité (la montée des extrêmes-droites entre autres, notamment en Italie).

Les premières lignes
Dans une école d’infirmières, la proximité de la mort devrait donner plus de liberté au cœur. Moi, j’ai toujours vécu ça, et j’ai flambé dès la première fois où je t’ai vue glisser dans les couloirs avec la grâce modeste dont le souvenir me gorge de larmes. Ton corps n’était qu’un sourire, ta peau devait fondre comme miel dans la bouche; dommage que j’aie eu alors cette autre histoire de fille, pour laquelle on m’a mise à pied. L’automne qui a suivi, j’ai tournicoté dans les rues qui enserrent la clinique. Un soir, à la clarté neigeuse d’un lampadaire, j’ai osé te parler. Avec l’aide, plus que de ma maigre indemnité, d’une poire que j’avais gardée pour la soif, j’allais finir mes jours à Venise; accepterais-tu de m’y accompagner, lors de tes vacances de Noël, en prospection ?

André Sempoux – Torquato, l’ami d’un autre temps

Fondateur d’un Centre universitaire d’études italiennes, André Sempoux est poète, nouvelliste et romancier. Il a reçu en 1995 le prix Sander Pierron pour Petit Judas, maintenant repris dans Moi aussi je suis peintre (Labor, Espace Nord, n° 151).

Une vraie biographie de Torquato Tasso, mais présentée comme au second plan, dans un rapport neuf de roman et d’Histoire, et devenue thriller affectif, allègre, ironique.
Existe également au format numérique téléchargeable sur tous les types de liseuse

Les premières lignes
Dans quelques jours il me faudra déjà quitter Sorrente, dont les anciens avaient fait le séjour des sirènes et où mon programme a failli capoter. Je devais bien m’attendre à ce que la maison natale de mon poète n’existe plus, mais tant d’hôtels chics s’étagent maintenant sur la falaise! Plus d’une fois, pour former mes images, j’ai cherché de l’aide dans le cloître qui, lui, n’a pas changé. Une végétation presque tropicale éclabousse de couleurs vives et de parfums poivrés son silencieux ocre gris. Combien de temps un bébé voit-il en noir et blanc? La question m’obsédait, car les arbres fruitiers en étaient au plus fou de leur floraison et j’aurais voulu rendre par des yeux de tout petit un paysage qui, au seizième siècle, ne devait être fait, sous la flambée tendre des bouquets, que de mer et de ciel. Nous n’aurons pas eu de bébé, Sandra et moi. Le médecin qui m’a appelé peu de temps après notre mariage n’y est pas allé par quatre chemins : désolé, ce n’était pas un enfant que madame avait dans le ventre, mais une tumeur.