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Anne-Michèle Hamesse – Villa Théodore

Anne-Michèle Hamesse écrit. Avec passion. Des romans d’amour. Car, dit-elle, nous en sommes tous les acteurs. Bruxelloise, mère de deux enfants, elle a peu à peu délaissé la peinture, qu’elle exerçait avec talent, pour se donner tout entière à l’écriture. Les Éditions Luce Wilquin ont publié tous ses romans : «Natale» (1994), «Le jeune homme de Calais» (1995), «Bella disparue» (1997), «Le voleur» (2000), et maintenant «Villa Théodore».

«Mon temps s’est arrêté. Ce Mardi gras, veille du Mercredi des Cendres. Étrange, n’est-ce pas, de continuer à vivre après sa mort ?» Après cette entrée en matière, l’auteur entraîne son héroïne dans les dédales de la Villa Théodore, dont les flippers lui permettent d’entrevoir les vivants, ceux qui sont restés. Elle est amenée à rencontrer, au hasard de ses errances fulgurantes dans la villa, son grand-père, une de ses tantes, d’anciens amis, professeurs ou amants. Enfin, comme tous les autres arrivants, elle se voit confier une mission : réunir ses parents après des dizaines d’années de séparation.

Les premières lignes
Je mourrai le jour du Mardi gras. Au pied d’un cerisier de l’avenue Jeanne, Imaginez la scène : un Pierrot lunaire s’étale sur le trottoir sali de confettis. Le soleil blanc de ce matin-là. Funèbre carnaval. J’allais rendre visite à mon comptable, un type sinistre, à la tête de mauvais augure. Je ne l’ai plus revue de mon vivant. Je ne le regrette pas. A huit heures du matin, je quitte la voiture, chargée de documents pour monsieur Balot. Ma dernière traversée. Le cœur lâche. Voyage rapide vers la poussière. je m’écroule. Au pied de cet arbre pas encore en fleurs. Sur des pétales de papier.

Anne-Michèle Hamesse – Le voleur

Sans s’éloigner de ses thèmes de prédilection – la folie, l’enfermement moral et affectif, le besoin d’amour -, Anne-Michèle Hamesse se libère ici avec bonheur de la pudeur qui bridait son écriture. Plus sensuel, mais aussi plus noir, «Le voleur» révèle toutefois le même sens aigu de l’insolite que les trois précédents romans de l’auteur: «Natale» (1995), «Le jeune homme de Calais» (1996), «Bella disparue» (1997).

Sous un soleil timide de début de printemps, les Panisse sortent de leur belle villa, comme chaque matin. Ils ne voient pas l’homme étrange caché dans les écuries, qui, depuis plus d’une semaine, les guette à travers les vitres sales. Basile le Russe est tout sauf sympathique. C’est un être redoutable, un soleil noir, attirant et pervers. Dès leur première rencontre, Geneviève Panisse frissonne d’effroi, de plaisir aussi. Entré en voleur rue Gabrielle, Basile se considérera très vite comme le maître des lieux. Seigneur incontestable de cette maison violée, désordonnée, salie. Geneviève se réveillera, hébétée, dans un paysage de mort. Elle ne remarquera pas tout de suite la voiture blanche.

Les premières lignes
Les images de ce printemps perdu lui reviennent en tête. Fragiles. Saccadées. Captées par une vidéo amateur. Avec arrêts sur image. Fleurs bonbons pastels. Gestes désordonnés. Elle se revoit. En couleurs. S’échappant dans le jardin. Fondue dans un paysage impressionniste allumé de soleil. Éparpillées au bord des allées, les grappes de violettes sauvages flirtent avec les fleurs de Marie qui alourdissent leur berceau suave au chevet des iris rois. Point d’interrogation juché sur la crête du talus, la pivoine hésite à surgir de sa coque, exhibe timidement un chiffon d’éclaboussement rouge vif. Le cerisier égoïste découpe ses fleurs blanches en origami sur le bleu dur du ciel.

Anne-Michèle Hamesse – Bella disparue

Anne-Michèle Hamesse écrit. Avec passion. Des romans d’amour. Car, dit-elle, nous en sommes tous les acteurs. Ses lecteurs, et en particulier ses lectrices, sont de plus en plus nombreux à s’y reconnaître.

Clément attend Bella. Désespérément. Mais pourquoi, entre deux tasses de thé, Madeleine, l’inquiétante vieille voisine de son amie, souhaite-t-elle absolument lui parler de sa vie et de ses amours ? Et surtout de sa soeur, cette Hortense détestée qui, séduisante jeune femme dans le Congo des années trente, ressemblait tant à Bella disparue ?

Les premières lignes
Monsieur Derwiche, professeur d’aquarelle, avait coutume de répéter à ses élèves : «Je n’ai plus ri depuis que je suis marié ». Son épouse, quant à elle, affirmait à qui voulait l’entendre : «Mon mari n’a que des défauts, je ne lui reconnais qu’une seule qualité : quand il prend un bain, il rince très bien la baignoire». C’est à Albert Derwiche que Clément pense, ce matin-là, en quittant sa chambre de la rue du Coq. Il vient de découvrir le nom du professeur d’aquarelle dans les nécrologies du jour. La veuve du trépassé y annonce sa profonde douleur. Clément songe que plus aucune occasion […]

Anne-Michèle Hamesse – Le Jeune homme de Calais

Anne-Michèle Hamesse écrit. Avec passion. Des romans d’amour. Car, dit-elle, nous en sommes tous les acteurs. Ses lecteurs, et en particulier ses lectrices, sont de plus en plus nombreux à s’y reconnaître.

«Le jeune homme de Calais existe-t-il […] ailleurs que dans le cerveau malade d’une jeune femme en mal d’amour ? Quand elle croit l’avoir retrouvé, elle l’enlève, le kidnappe, l’enferme… dans sa salle de bains. Et disparaît. La suite dans le livre pour ne pas déflorer un roman original, construit avec habileté, bien enlevé et au suspense tragi-comique de bout en bout haletant.» [France Bastia, Nos Lettres]

Les premières lignes
Il est prisonnier dans un univers carré à la Francis Bacon. Un univers de faïence blanche, de baignoire, d’évier et de bidet. Un espace irrespirable et fou.D’abord, il a tenté de s’en échapper par le jeu. Il a ouvert tour à tour le robinet d’eau froide, puis celui d’eau chaude, y passant la main, puis l’avant-bras, mais très vite s’est lassé. Alors, il a chaviré le long de la baignoire glacée et lisse, et n’ont plus ruisselé sur lui que ses larmes tièdes, salées et inutiles.Ce samedi-là, Lucien Malvert s’engagea tranquillement dans la rue Neuve au volant de sa voiture […]