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Vincent Magos – Une saison ailleurs

Vincent Magos est expert en santé publiques et psychanalyste. Une saison ailleurs est son quatrième roman, après Voyage à Saint-Yves (1995), Terminus Ganodo (1996) et Au revoir, je t’aime (1997). Tous ses romans ont paru chez Luce Wilquin.

Filant de succès en succès, Louis avance sans jamais s’arrêter. Jusqu’au jour où une silhouette entraperçue à l’Opéra lui rappelle une époque oubliée. Que fuit-il en allant si vite? Faut-il que tout craque en lui pour qu’il se souvienne de Marie et, bien longtemps avant elle, de ce qui se confondait avec la douceur d’un châle, une vague odeur d’encaustique, les bribes d’une rengaine?

Les premières lignes
– Tu as été formidable… Un essaim de journalistes autour d’eux, ils dévalent les escaliers du Parlement, et Martine de poursuivre: – … tu les as écrasés. Impossible maintenant de te refuser la présidence du groupe. Le chauffeur a garé la voiture en bas des marches, Louis Boissac s’engouffre à l’intérieur et laisse le soin à son assistante de distribuer à la presse les copies du dossier. Les vitres teintées, la douceur de l’air conditionné et l’accompagnement de l’autoradio l’isolent du trafic, du bruit, des autres. Le député est encore dans la victoire et déjà dans la prochaine bagarre. Tout son corps ricane: « Une fois de plus, je les ai bien baisés! Et comme chaque fois, pour une bonne cause ! Ils ne peuvent donc rien me reprocher; le pur, c’est moi!»

Vincent Magos – Au revoir, je t’aime

«Magos donne au débat valeur d’absolu. L’argument de départ: le sempiternel triangle dont le faîte est un homme et les angles mineurs deux femmes, l’épouse et la femme de l’ombre. Plutôt que de donner dans le vaudeville, l’auteur veut donner à cette situation valeur de déchirement ou de dilatation, de descente aux enfers. L’adultère est-elle une damnation ou une renaissance?» [Le Vif]

Jean aime Anne, sa femme. Et Odile… Des triangles on retient les fulgurances d’Éros, les rires convenus des vaudevilles, les cornes molles des cocus… Mais se souvient-on du crissement des jours qui se déchirent, des coups sourds contre les parois du labyrinthe intérieur, ou encore du délire qui soude deux peaux pour mieux les écorcher ensuite? À quoi être fidèle? Au chemin entamé ou à cet envol qui relance les dés? La pointe de la question est sans doute ailleurs, plus terrible, plus meurtrière.

Les premières lignes
Oui, je dois mettre fin à cette liaison… Jamais il n’avait prononcé ce mot ridicule. Odile n’est pas sa maîtresse, leur amour n’a rien d’une liaison. Sans doute dénomme-t-il ainsi leur attachement afin de lui accorder moins d’importance et d’y introduire déjà de l’éloignement ; pour être capable de faire le saut… Tout au long du trajet qui le rapproche de la jeune femme, Jean envisage calmement cette rupture. Il est détendu et roule de manière coulée. Justement, à la radio, un philosophe évoque le sentiment amoureux.

Vincent Magos – Terminus Ganodo

Quand il apprend sa maladie, Xavier préfère se retirer à Ganodo, un coin perdu d’Afrique. Le présent est enfin là, dans les rencontres avec les enfants du port, avec Zoltan, le pianiste-voyageur ou avec Delphine Sur la terrasse, dans sa chaise longue, il se souvient de celles qu’il a aimées: Ingrid, Lola, Julie Mais ont-elles vraiment existé? ou était-ce en lui qu’il s’enfonçait au plus profond de son clair-obscur? «Habité par le plaisir de la lecture et la quête obstinée d’un introuvable mais entêtant parfum à la tomate, Terminus Ganodo puise, dans des détails de ce genre, une cohérence qui compense à la perfection le désordre dans lequel se présentent les images du passé, mêlées en outre à celles du présent. Tout se chevauche avec, osons le mot, une allégresse qui ressemble fort au goût de la vie!» [Pierre Maury, Le Soir]

Les premières lignes
‘Round Midnight, le saxophone de ma mémoire me mène au-delà des pénombres, le rhum m’aide à franchir la nuit. Encore un verre. Oui, retrouver cette tête qui tourne; encore un verre, et qu’elle tourne, tourne, vole… pour émerger vivante au petit matin. Ou alors, ne pas réaliser que je me perds à jamais. Enfin loin. Enfin seul; je suis heureux d’être parvenu à te quitter, Jane. Je suis soulagé d’en avoir eu le courage. Sans doute aurais-tu préféré que je t’entraîne dans ma chute… De notre rencontre jusqu’à mon départ, tout a été si vite.

Vincent Magos – Voyage à Saint-Yves

«Une errance un peu somnambulique et initiatique, un road movie de l’âme…» [Pierre Mertens]

Les premières lignes
J’y pensais depuis des mois. J’avais rencontré quelques voyageurs, rassemblé notes et renseignements épars afin de constituer ne fût-ce qu’un vague itinéraire. Après avoir longuement hésité, j’avais fini par me décider. Alors oui, le départ serait pour aujourd’hui. J’ai bouclé mes bagages, vérifié l’état de mes pneus et enfourché mon vélo. Derrière moi, la fenêtre du premier étage s’est ouverte:- Laurent, attends! Trop tard. Nous étions un jeudi. Le matin éclatait de santé. J’étais en route pour Saint-Yves: un très long voyage, un pèlerinage presque.