Archives de catégorie : Actualité

Une page se tourne…

Après 31 ans et 552 titres parus, les Editions Luce Wilquin cessent leurs activités ce 31 juillet 2019, alors que la maison d’édition se porte au mieux. En effet, seuls des problèmes de santé dans le chef de sa fondatrice expliquent ce choix difficile. Une satisfaction toutefois : après Geneviève Damas, Véronique Bergen, Kenan Görgün, Emmanuelle Favier, Laure Mi Hyun Croset, Valérie Nimal et Valérie Cohen, vous allez retrouver prochainement chez des éditeurs prestigieux nombre des auteurs découverts par les Editions Luce Wilquin, et ceci pour leur nouveauté ou la version en poche de titres publiés ici. Soyez donc attentifs à l’actualité de Mathilde Alet, Isabelle Bary, Alain Lallemand, Michel Claise, notamment.
Merci à tous ceux qui nous ont accompagnés au long de ces 31 années. Merci aux diffuseurs/distributeurs qui ont défendu nos livres, aux libraires qui ont cru en nous, aux bibliothécaires qui ont accueilli nos auteurs pour des rencontres, aux salons du livre et festivals qui les ont invités. Merci aux blogueurs (blogueuses) pour leur enthousiasme. Et surtout merci à nos lecteurs fidèles !

Un avant-goût de notre rentrée littéraire

30 ans déjà !

533blogEn mars 2017, les Éditions Luce Wilquin ont 30 ans (5 ans en Suisse, à Lausanne, suivis de 25 ans en Belgique).
Quoi de mieux pour fêter cela que d’offrir un cadeau à nos lecteurs fidèles ? Et cela, par l’entremise des libraires qui nous défendent ?
Un recueil hors commerce, La cerise sur les mots, sera donc remis de notre part à tout acheteur de deux ouvrages des Éditions Luce Wilquin: 14 nouvelles inédites… et les recettes des plats dont elles parlent. De quoi saliver au propre comme au figuré ! Mais aussi découvrir la personnalité et le style de 14 auteurs «maison»…

Pour bien commencer l’année 2017…

rentreehiverblog

Félicitations à eux !

prix2016

L’autre Edgar – Anne-Frédérique Rochat

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Il vit le jour en pleine nuit. Une nuit sans étoile et sans lune, une nuit noire. Il cria longtemps, comme s’il était très en colère ou très effrayé. Plusieurs heures sans discontinuer. […]
« Pour le prénom, chuchota la mère, j’ai beaucoup réfléchi, tu sais, mais je n’arrive pas à me décider pour autre chose ; il n’y a qu’Edgar qui me plaise. »

Qu’est-ce que cela fait d’hériter du prénom d’un mort, d’être le remplaçant ? Le cadet porte le même nom que son aîné, décédé de mort blanche. Il tentera toute sa vie de se débarrasser de ce fantôme qui le hante. Si son frère n’avait pas perdu la vie brutalement, existerait-il, lui, l’autre Edgar ? Au fil des pages et des ans, on suit le destin de cet enfant né pour réparer l’immense chagrin qu’a laissé derrière lui son aîné : sa difficulté à trouver sa place dans le monde, à définir son identité, suis-je moi ou l’autre ?, ainsi que ses déboires sentimentaux.

La comédienne suisse Anne-Frédérique Rochat, née en 1977 à Vevey, alterne écriture dramatique et narrative depuis quelques années, trouvant un plaisir différent, mais complémentaire, dans l’exercice de ces deux genres littéraires. L’autre Edgar est son cinquième roman, après Accident de personne (2012), Le sous-bois (2013), À l’abri des regards (2014) et Le chant du canari (2015, finaliste du Prix des Lecteurs de la Ville de Lausanne). L’autre Edgar est déjà en lice pour le Prix des Lecteurs de l’Hebdo.
En librairie le 19 août 2016

Les premières lignes
Il vit le jour en pleine nuit. Une nuit sans étoile et sans lune, une nuit noire. Il cria longtemps, comme s’il était très en colère ou très effrayé. Plusieurs heures sans discontinuer. Sans que rien, ni les mots doux, ni le sein, ne puissent l’apaiser. Ce furent les premiers rayons du soleil qui parvinrent enfin à le calmer. Ses pleurs diminuèrent petit à petit, jusqu’à s’éteindre complètement, pour le plus grand bonheur de ses parents. Son visage se détendit, son corps se relâcha et son esprit s’abandonna aux rêves réparateurs qu’abrite le sommeil.
– Pour le prénom, chuchota la mère, j’ai beaucoup réfléchi, tu sais, mais je n’arrive pas à me décider pour autre chose ; il n’y a qu’Edgar qui me plaise.
– On s’était tellement creusé la tête pour le trouver, murmura le père, pensif.
– Oui, ce serait dommage de ne pas le réutiliser.
– Tu as peut-être raison, ce serait du gâchis de…
Il s’interrompit. Prit la main de sa femme, la serra.
– D’accord. Si c’est ce que tu souhaites, je dis d’accord.
Maria regarda Louis avec reconnaissance. Elle avait les larmes aux yeux et le cœur battant. La vie reprend ses droits, songea-t-elle. Mon enfant est là près de moi, il est de nouveau là.
– Edgar, répéta-t-elle plusieurs fois d’une voix émue au petit être qui dormait entre ses bras.
Il ne broncha pas.
– Tu vois, ça lui convient.
– En tout cas, tu as l’air heureuse, et ça me remplit de joie.
Cela faisait des mois qu’elle ne souriait plus. Depuis la mort du petit. Le grand. L’aîné. Celui qui était né deux ans auparavant et décédé trois cent soixante-cinq jours plus tard. Mort blanche. Une nuit d’hiver. La neige qui tombait. Derrière les fenêtres. Et dedans. Tout ce silence. Dans la chambre. Trop de Blanc.
Leur monde s’était effondré.
Mais commençait déjà à se reconstituer en ce tendre jour de février.
Où un nouvel Edgar était né.

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L’enlèvement – Claudine Houriet

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Un enlèvement extraordinaire. Celui d’une fillette de douze ans dont la mère refuse la mort accidentelle. Malgré la pression des siens qui tentent de lui faire accepter la douloureuse réalité, dans un déni total, elle arrache littéralement l’enfant au trépas et s’enfuit à travers le monde avec celle qui n’a de réalité tangible que pour elle. Pour tous ceux qu’elle côtoie, Marielle n’existe pas. Le périple qui aurait dû être idyllique tourne au cauchemar, à l’affrontement, l’enfant grandie finissant par se rebeller et refuser la pseudo-existence qui lui est imposée. C’est à Cordoue que se déroulera l’ultime étape de cette équipée tragique.

Claudine Houriet, peintre et écrivain du Jura suisse, est l’auteure d’une bonne dizaine d’ouvrages, alternant poésie, nouvelles et romans. L’enlèvement est son neuvième opus paru aux Éditions Luce Wilquin, après Une aïeule libertine (roman, 2011) et Le mascaret des jours (nouvelles, 2014).
En librairie le 19 août 2016

Les premières lignes
Je me dresse, indignée.
– Tu te mets de leur côté, tu ne l’aimais pas vraiment.
Il blêmit, bégaie :
– Clara, comment peux-tu dire une chose pareille ?
Je ne bronche pas. Non, il ne va pas tenter de me faire plier lui aussi. Je ne cèderai pas. Ma fille n’est pas morte. Depuis six mois je lutte contre tous. Mon mari, ma famille, mes amis. Le prêtre qui me propose de prier pour l’âme de Marielle. L’âme de ma fille se porte à merveille, merci, et n’a pas besoin de ses services. On m’a d’abord regardée avec compassion. On s’est approché de moi avec des fleurs, le visage bouleversé.
– Ma pauvre Clara, quel terrible malheur ! Une si charmante enfant…
Mais, devant mes yeux secs et mon air courroucé, chacun a reculé, interdit.
– Je ne vois pas de quoi vous parlez. D’ailleurs, je suis pressée. Je conduis Marielle à son cours de danse.
Très vite, on n’a plus osé la moindre démarche, le plus petit mouvement de sympathie. En mon absence on interrogeait les miens. Je connaissais leur réponse.
– Elle est en état de choc. Elle refuse la réalité. Le médecin pense qu’il nous faudra beaucoup de patience.
On secouait tristement la tête. Comment survivre à la mort d’une fillette de douze ans ? Comment ne pas devenir folle de douleur quand on vous ramène de la forêt où elle se promenait avec sa classe, au lieu de l’exubérante enfant partie un peu plus tôt, un corps sans vie ? Une chute malencontreuse, la nuque qui heurte une grosse racine et l’elfe joyeux n’est plus qu’une poupée immobile sur la mousse.

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