Noir Pastel
14 x 20,5 cm, 304 pages
ISBN 978-2-88253-541-2
EUR 21.-
Mons, mai 2006, Lena Orioles est retrouvée morte à son domicile, le crâné fracassé. Son amant, un père de famille du voisinage, avoue très vite le meurtre, l’arme du crime ayant été retrouvée dans son jardin. Un seul témoin de la scène : Paloma, un bébé. Le fils aîné de dix-huit ans prend alors ses deux petites sœurs en charge, et tous trois grandissent comme ils le peuvent, entre colère et désespoir.
Juin 2016, un témoignage inattendu innocente l’accusé. Smeralda, rentrée de l’école après le meurtre, est devenue une jeune femme sensible, éprise de danse. Hantée par le souvenir de sa mère, elle décide de prouver à tout prix la culpabilité de l’accusé et mène sa propre enquête. À travers de nouvelles pistes non explorées au moment des faits, elle se découvre une mère amoureuse de l’art, de la beauté, gourmande d’amour, une femme forte et déterminée, dont les fêlures ont précipité le destin.
Sarah Berti (1974) publie ici son dixième opus, en se démarquant de ses trois précédents polars, les fameuses enquêtes de Tiziana Dallavera ancrées dans la région de Rebecq en Brabant Wallon et parfumées d’épices italiennes.
En librairie le 1er mars 2018
Les premières lignes
Smeralda, aujourd’hui
Depuis l’âge de six ans, je hais Antoine Jankovic. Je hais ses cheveux châtains toujours en bataille, et ses fins doigts maladroits dont l’annulaire gauche reste replié, un peu comme un crochet. Je hais ses petites lunettes en métal et ses yeux pâles aux longs cils, son regard doux presque soumis. Je hais ses pulls mal ajustés, toujours de guingois sur son corps voûté. Ses sourires timides. Son parfum Fahrenheit trop suave. Sa petite mallette en cuir usé, comme s’il voulait qu’on le prenne pour un professeur, un assistant universitaire aux pantalons de velours, lui le simple informaticien de bas étage chez Hollister Computer.
Contrairement à l’amour ou au chagrin, la haine ne faiblit pas avec les années. Elle est comme le vin, elle bonifie. Elle prend le goût de la vie, du destin, elle infiltre chaque souffle, chaque seconde. Elle me remplit le cœur et l’âme, chaude, collante, une douceur sur ma colère. Un objectif. Un secret.
Quand je danse, je peux la palper, invisible elle semble quitter mon corps quelques heures et, pendant que je respire enfin librement, elle vogue devant moi, aérienne, noire et frémissante. Personne d’autre ne la voit. Personne d’autre ne sait, ni mes élèves, ni même Louise, qui devine pourtant tant de choses.