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Outre-Mère – Dominique Costermans

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Outre-Mère est moins le récit de la véritable histoire de Charles Morgenstern, juif, bruxellois, enrôlé dans l’armée allemande puis indicateur au service de la Gestapo, que celui de son dévoilement, malgré le silence imposé qui règne encore dans sa famille deux générations plus tard. Que faire des secrets ? De la famille, de la guerre et de ses monstres ? Du silence de la mère ?
Ces questions provoquent tout autant l’enquête de Lucie que l’écriture envoûtante de ce texte.
Le paradoxe de ce roman, son paradoxe passionnant, c’est que le secret le plus crucial apparaît moins dans une révé­lation – vite livrée au lecteur – que dans les moments anxieux, obstinés et rebondissants de son dévoilement tentaculaire.
Il en résulte un étrange passage de la souffrance et du silence à la délivrance de la mère comme de la narratrice – et du lecteur.

Dominique Costermans est l’auteur d’une demi-douzaine de recueils de nouvelles. Elle signe ici un premier roman au style clair et à l’architecture subtile.
En librairie le 10 février 2017

Les premières lignes
« Lucie, tu veux bien monter dans le bureau de Papa ? Il a quelque chose à te montrer. »
Le bureau de Papa, c’est un endroit un peu solennel. On ne s’y rend que sur invitation. Le dimanche, Papa sort son porte-monnaie de sa poche et tend une pièce à sa fille aînée, pour sa tirelire. Parfois il est question d’une récompense après un beau bulletin. Plus souvent d’une punition, pour une mauvaise note en conduite par exemple. C’est alors un sale quart d’heure à passer, comme la fois où il lui a demandé de choisir entre la fessée et la punition. Lucie a choisi la punition. Avec pour effet qu’elle a été consignée dans sa chambre tout l’après-midi au lieu d’accompagner Maman qui était invitée à aller prendre le thé chez une voisine. Deux heures passées à se morfondre dans sa chambre aux tentures closes, à se demander si elle n’aurait pas mieux fait de choisir la fessée. À froid, Papa n’aurait sûrement pas frappé très fort. Dans le pire des cas, ça n’aurait duré que quelques secondes. Tandis que là, la torture fut longue et cruelle. Allongée sur son lit avec interdiction de lire, Lucie avait eu le temps d’imaginer en détail la compagnie affable de la voisine, la délicate porcelaine dans laquelle elle servait le thé et le cake, ses compliments sur la jolie robe que Maman venait de lui acheter, ou sur ses bonnes manières. Car malgré ses incartades scolaires, Lucie savait se tenir en société.
Mais aujourd’hui, en grimpant la première volée d’escalier, elle est confiante. Le ton de Maman, sérieux mais calme, laisse entendre qu’il ne s’agit pas d’une punition (d’ailleurs, Lucie ne se souvient d’aucune bêtise récente, mais ça, tout bien pensé, ce n’est pas vraiment un critère). La porte du bureau de Papa est entrouverte ; elle entre sur les pas de sa mère.
Papa est debout près de son bureau sur lequel il a disposé une douzaine d’images pieuses en éventail. « Nous venons de chez l’imprimeur, dit-il. Voici quelques souvenirs de communion. Dis-nous lesquels te plaisent. »

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Pour bien commencer l’année 2017…

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Dominique Costermans – Nous dormirons ensemble

En dix-huit nouvelles et textes courts, Dominique Costermans clôture, avec ce recueil, la trilogie commencée avec Des provisions de bonheur et Je ne sais pas dire non. Le lecteur y retrouvera tout ce qui fait le charme des deux premiers: la magie de l’instant, l’émotion du quotidien et l’enchantement – ou la désillusion – des relations amoureuses.
Recueil disponible votre libraire conseil ou à commander ici.
Existe également au format numérique téléchargeable sur tous les types de liseuse

Dominique Costermans – Y a pas photo

La vie est-elle soluble dans l’écriture ? La fugacité des choses, le sentiment du temps qui passe, sont-ils d’abord une question de regard ? Vaut-il mieux capturer la passion avec des mots ou au 125e de seconde ? Voici 25 textes drôles, tendres ou féroces, émouvants ou engagés – véritable manifeste pour la liberté d’expression et le droit à l’image – qui révèlent la beauté des choses anodines au voyeur ému qui sommeille en nous.
Chez votre libraire conseil ou à commander ici.

Dominique Costermans – C’est moderne.com

Si Dominique Costermans vous dit qu’elle écrit, ne la prenez pas au sérieux. Ce qu’elle fait, c’est juste se promener dans la vie les oreilles au vent. Capturer des tas d’histoires dans ses filets à papillons. Regarder par le trou des serrures, écouter aux portes. Filmer dans sa tête des baisers sur la bouche, des mains qui se frôlent, des regards qui se cherchent. Enregistrer des mots entre les lignes, des silences et des soupirs. C’est moderne.com est son troisième recueil de nouvelles, après Des provisions de bonheur et Je ne sais pas dire non (tous chez Luce Wilquin).

L’idée de C’est moderne.com, nous dit Dominique Costermans, a surgi comme un jeu : écrire un peu, souvent, sur des choses de la vie de tous les jours, comme on ferait des gammes. Collectionner une série de petits textes comme autant de cartes postales ou de petits cailloux précieux. Le fil conducteur : le téléphone portable, et ces conversations absolument familières, impudiques, mystérieuses, absurdes, qu’on entend partout. Jouer avec le sentiment d’être seul au monde qu’entretiennent les porteurs de portables.

Les premières lignes
Elle dit . «Ce sont des médicaments pour empêcher la graisse de se déposer sur le cœur.» Elle accentue graisse et cœur, et c’est vrai que la juxtaposition de ces deux mots et des images qu’ils appellent a quelque chose d’obscène, finalement. Elle, le GSM perdu dans une tignasse rousse bouclée et chiffonnée. Un anorak sans manches, un caleçon comme on n’en fait plus depuis vingt ans. Ni vieille ni jeune. Ronde et rousse. J’écris ronde et rousse comme elle dit graisse et cœur. Et je l’entends qui continue : «… je tiens à te dire, ma chère mère, que j’ai ça depuis ma naissance, peut-être même avant, en tout cas depuis toujours, de l’hypercholestérolémie…» Et tout cela sonnait comme un gros reproche qu’elle aurait sur le cœur.

Dominique Costermans – Je ne sais pas dire non

Dominique Costermans est née à Bruxelles et vit à Louvain-la-Neuve. Elle est journaliste et consultante en communication. Elle a signé plusieurs ouvrages de vulgarisation sur la protection de l’environnement. Et elle intervient épisodiquement dans Le jeu des dictionnaires, une émission de grande écoute sur la radio belge. Pétillante, mordante comme ses nouvelles, elle nous livre ici un deuxième recueil, après Des provisions de bonheur, son coup d’essai qui fut un coup de maître !

Douze nouvelles, comme douze petits tableaux qui mettent en scène les décalages amoureux, les infimes fractures de la vie, l’enfance, la nostalgie parfois, mais surtout la joie, la gourmandise à vivre, la tendresse. On y croise la petite Jésus, Blum le morveux, Cat, et Martin, le marin de Gibraltar, un petit accessoire de comptoir, une Yiddische Mama, un père qui se prend pour James Bond, un boxer français nommé Lily… autant de personnages qu’on aimerait rencontrer dans la vraie vie.

Existe également au format numérique téléchargeable sur tous les types de liseuse

Les premières lignes
Le parfum des roses coupées emplissait la remise depuis plusieurs jours, mais ce matin, malgré la chaleur de juin qui déjà magnifiait tout, la rosée, l’herbe tondue, et les fleurs du sacrifice, ce matin, c’est le pain brûlé que la cuisine sentait. Maman dépose sur mon assiette deux tartines striées d’ocre et de brun. La mie grillée est appétissante, j’y étale prudemment le beurre jaune qui se liquéfie en un petit grésillement, mais les croûtes, les croûtes ô malheur, sont bel et bien noires. Noires, mais hélas pas charbonneuses, ce qui eût apitoyé maman. Non, elles sont noires, mates, et j’en pressens déjà le goût détesté du brûlé dans ma bouche. Comment faire pour fléchir ma mère, invoquer sa clémence, sa grâce, sa permission, s’il te plaît, pas les croûtes, je peux laisser les croûtes ?

Dominique Costermans – Des provisions de bonheur

Dominique Costermans est née à Bruxelles, elle est journaliste. Signe particulier : photographie les nuages, brouille les cartes, s’évade dans les gares et sur les autoroutes. Croit que la vie est un roman. Pétillante, mordante comme ses nouvelles, elle fait ici ses premiers pas en littérature. Un coup d’essai qui est un coup de maître !

Des provisions de bonheur, un titre sucré pour seize nouvelles acidulées, douces-amères, mordantes, cyniques et tendres. Comme la vie finalement : tragique, à ne pas prendre au sérieux, à consommer sans modération.

Existe également au format numérique téléchargeable sur tous les types de liseuse

Les premières lignes
Café soluble Tabac demi-fort Coca light Galettes Garagiste. C’est l’été ou presque. Les étudiants étudient, les tondeuses tondent, les voisines papotent, les voisins barbecuisent, les enfants apprennent à rouler à vélo. Regarde ce que tu fais. Allez, remonte. On y va. Le vent agite les lilas fanés, les groseilles et les cerises mûrissent, les fraises poussent, les métastases aussi, hélas.