Sméraldine
14 x 20,5 cm, 192 pages
ISBN 978-2-88253-446-0
EUR 19.-
Au milieu des années 60, un homme se donne la mort dans une vigne. Trente ans plus tard, son petit-fils – le narrateur – s’aperçoit que sa bouche a disparu. Incapable de communiquer et de vivre, il s’enferme chez lui, dans son travail. Dans ses rêves, le fantôme de son grand-père lui rend souvent visite. Lorsque sa grand-mère décède, le narrateur se rend en train à l’enterrement. Consciemment ou non, il rate son arrêt, et se retrouve perdu dans les collines. Providentielle, une jeune femme le prend en stop. Après les obsèques, poussé par une vision, il s’ouvre enfin à sa famille de la colère qui le ronge: personne n’a parlé du suicide du grand-père, préférant le mensonge officiel de l’accident. S’ensuit une plongée dans l’alcool et la drogue, une déconstruction de son existence qui l’amène à douter de tout, à quitter le monde des vivants pour devenir maçon, fou, ermite. Mais la figure de la jeune femme croisée en auto-stop le hante. Pour la retrouver, il effectue à nouveau le voyage vers les collines, à la recherche de lui-même, de ses fantômes… et de l’amour.
Dans un style tour à tour heurté et limpide, rocailleux et rêveur, une épopée immobile où la langue finit par battre au rythme de la chair.
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Les premières lignes
Campé sur ses jambes, penché en avant, l’homme lance la faux. Mouvement ample, unique, de tout son corps. Avec grâce, les hautes herbes se couchent en andains.
Parfois, l’homme s’arrête, essuie son front du revers de la manche. De l’étui en cuir attaché à sa hanche, il sort une pierre à aiguiser, la frotte avec des gestes précis sur le fil de la lame. Puis se remet à l’ouvrage.
Les heures passent. Soudain, l’homme s’arrête. Il se redresse à peine. Regarde au loin, vers les collines. Son expression est indéchiffrable; les yeux dans le vague, il reste immobile, le souffle court.
Un instant plus tard, il se remet au travail. Cette fois, ses gestes sont moins coordonnés, déséquilibrés, hachés. La lame de la faux accroche des racines épaisses, des pierres dissimulées entre les mauvaises herbes.