Archives de catégorie : Publications

Florence Heiniger – Une larme dans l’objectif

Quatorze nouvelles, autant de voix de femmes qui, dans la fêlure de leur parcours, résistent aux brûlures d’une frontière, d’une violence, d’un abus ou d’un charme. L’auteur les a rencontrées, elles l’accompagnent ardemment, au cœur de cette féminité, à la fois fantasque et revendicatrice. Ces femmes: mères, guerrières, elfes, amantes, toujours un peu sorcières, insufflent un sens vital et charnel à la terre, leur terre. Elles n’ont jamais choisi de se taire, c’est pourquoi elles prennent les mots, dans le grand bagage de leur histoire, les mêlant à des explosions de sang, de couleur et de dentelle.
Le premier ouvrage publié d’une grande dame de la culture à la Télévision Suisse Romande.
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Les premières lignes
La lumière métal rase son crâne, son corps déformé se frotte contre les murs, surtout ne pas se détacher du solide, surtout ne pas risquer la rue à la vue des hommes. Un angle vif, des impasses serrées, sur le béton, elle palpe la ville de ses longs doigts palmés. Elle sèche le salpêtre, râpe la poussière, saignent ses lèvres en museau, alors les murs de la ville saignent de l’histoire de la femme.
Celle qu’on a jetée de là-bas dans les rivières, sous les ponts, hors les viols des hommes. Jetée d’une maison, d’une famille, d’un pays, elle est celle dont on ne veut pas, la femme qui court derrière la guerre.

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Laure Mi Hyun Croset – Polaroïds

Cette autofiction, sous forme d’instantanés souvent mordants mais sans amertume, retrace les hontes de la narratrice, de son abandon en Corée, alors qu’elle était enfant, jusqu’à sa renaissance par le truchement de la littérature. Avec beaucoup d’autodérision et une lucidité sans complaisance, Laure Mi Hyun Croset raconte les moments de solitude qui ont jalonné son existence et forgé sa personnalité. Pas de grands drames dans ce texte, mais des micro­événements, qui, mis bout à bout, forment un récit qui parle à chacun. À partir d’une histoire singulière, ces Polaroïds touchent à ce qu’il y a de plus vulnérable, donc de plus intéressant, en chacun d’entre nous.
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Les premières lignes

Mon premier polaroïd manquera d’une certaine manière toujours, puisque j’ai été abandonnée à un an, à dix mois plus exactement. Je n’ai aucune idée de ce que furent ces instants initiaux en compagnie de mes premiers parents. Mon frère biologique, comme disent les gens précis, m’a raconté plusieurs versions de la manière dont notre père nous aurait laissés à l’orphelinat. Je ne parviens pas, pour ma part, à me faire une idée très claire de cette période de mon enfance. Il m’en reste seulement un petit carnet jaunâtre, contenant quelques feuillets recouverts de caractères coréens et de noms de vaccins, ainsi que l’image, aperçue en rêve, d’une femme à la longue chevelure noire, penchée sur moi.

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Stanislas Cotton – La moitié du jour, il fait nuit

Des milices armées écument une région d’Afrique centrale sous la conduite du cruel Cobra. Elles déciment les familles, violent les femmes, détruisent les récoltes et pillent les maisons. La haine bâtit son empire.
Lors d’une soirée très arrosée, Kostia Vassiliev, correspondant de guerre au Journal, annonce à son ami Aristide Mironton, écrivain public et rêveur patenté, son départ pour cette région meurtrie d’Afrique. Mais Kostia disparaît après avoir pris la route avec un convoi humanitaire…
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Les premières lignes

L e pick-up est ancien. Vieille mécanique asiatique munie de quatre roues motrices, qui entame, comme tant d’autres, une seconde ou une troisième vie dans cette région du monde. L’économie de marché se débarrasse de la ferraille en l’envoyant sous les tropiques. Manifestement, en d’autres temps, le pick-up était rouge, mais aujourd’hui, sa peinture écaillée est parsemée de taches de rouille et, par endroits, le métal de la carrosserie est troué. Un crâne humain aux dents parfaitement alignées, fixé à l’avant du capot, et au-dessous, deux tibias, propres et lisses, entrecroisés sur la grille du radiateur, composent une sordide bannière de pirates. Deux puissants phares ont été montés sur le toit de la cabine. À l’arrière, un trépied métallique boulonné sur le plateau de chargement, soutient le corps luisant d’une mitrailleuse légère qui pivote sur un angle de 360°. De chaque côté du pied repose une caisse de munitions.

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Philippe Cantraine – Cuentos des cœurs compliqués

Crète, ex-Yougoslavie, Cap Vert, Mexique, Italie, etc. ou comment l’imagination d’un conteur restitue les paysages traversés et les êtres rencontrés.
Nouvelles à thèse, textes baroques, exercices d’ironie, fables de moraliste, le tout culminant en une manière de «polar métaphysique», la citation intervenant pour affirmer sa résonance, ces récits abordent les complexes inclinations de l’humain.
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Les premières lignes

Le 22 décembre 1582, devant le porche occidental de la cathédrale de Tournai eut lieu une échauffourée dont l’évêque, qui résidait au-dessus, n’eut pas connaissance, ce qui lui épargna d’avoir à affirmer l’autorité qu’il n’avait plus.
Il y avait foule ce jour-là. Le peuple, désormais encouragé à participer à la liturgie, assistait directement au déroulement des offices. Mais, pour beaucoup, le spectacle était sur le parvis où les marchands du temple vendaient leurs produits à prix d’or à qui les voulait bien et pouvait les payer. De ce côté ouest, qui est celui de la nef, se dressent la tour Brunin, au nord, et, au sud, celle de la Treille. La tour Brunin s’émut. Elle donnait accès à l’ancienne prison du Chapitre et, du premier occupant de cette dernière, portait le nom. Le reste de la cathédrale, mise à sac en 1566 par les iconoclastes, à son tour se déclara outrée. Seule, la tour de la Treille, dont le nom évoquait peut-être la fabrication du vin, se reconnut sans peine dans l’événement.

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Kyra Dupont Troubetzkoy – Petit essai assassin sur la vie conjugale

Les cloches sonnent à toute volée, le grand jour du wedding. Mais déjà les photos s’entassent, la lune de miel est ratée, et soudain l’héritier est une héritière. Elle, c’est Marie Rocagel, trente-cinq ans, dotée d’un sens de l’humour cinglant et d’un don pour l’organisation qui confine à l’obsession. À son mariage, elle s’est fondue dans son arbre généalogique à lui, Paul Rocagel, qui regarde les jeux télévisés et tire sur ses cheveux pour constater qu’ils sont toujours là. Elle fait des rêves érotiques inattendus, il manigance des vacances à Katmandou pendant la grossesse, ils tentent de battre leurs amis au meilleur résultat de test prénatal. Elle a souvent raison et entend le faire savoir, mais elle accouche bêtement un dimanche – faut pas. Et c’est difficile de lui expliquer à lui que, sincèrement, elle est à la fois une femme pro-Rachida et une maman anti-Rachida. Leur couple, c’est de la bombe. Elle en est l’alchimiste. Lui n’y voit que du feu. Car il n’y a pas de miracle derrière la magie du couple, il y a toujours un truc. Et elle est celle qui pense le truc. Pas manipulatrice, juste prévoyante….
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Les premières lignes

Depuis quelque temps, Paul, récemment devenu mon «mari», s’est transformé en machine à reproduire des formules stéréotypées. Et lorsqu’il les assène, la même image envahit alors instantanément mon cerveau: je me transforme en kamikaze dont la ceinture explose en plein marché de Bagdad. Je me décompose. «Pardon, auriez-vous l’extrême gentillesse de me rendre mon bras qui est derrière le canapé?» Hier, par exemple, à l’un de ses congénères de la gent masculine venu visiter notre appartement, Paul s’est senti subitement obligé de justifier notre déménagement d’un «Hum… oui… parce que… nous attendons un heureux événement… Voilà!», arborant un sourire entendu, le tout noyé dans une sorte de torsion du cou dont il m’avait jusqu’alors caché la dextérité.

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Claudine Houriet – Une aïeule libertine

Pour échapper à son existence, Sandra se met à fouiller dans celle d’une aïeule extravagante, jadis préceptrice chez de riches propriétaires russes. Dérangée dans son repos, exaspérée par l’outrecuidance d’une petite-nièce inconnue, la défunte s’insurge, impuissante devant cette incursion dans un passé tumultueux dont elle avait oublié les délices et les douleurs dans la quiétude de l’au-delà.
Du Léman à la Russie d’avant la Révolution, Claudine Houriet livre ici un roman passionné, habité par la folie de l’amour et de l’art.
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Les premières lignes

Elle n’a pas le droit. Qu’a-t-elle à fouiller dans les recoins? Qu’a-t-elle deviné? Elle n’est rien pour moi. Une petite-nièce sans importance. Que cherche-t-elle? Je l’ai souvent aperçue rôdant dans la vieille maison. Traînant dans les couloirs, s’arrêtant, rêveuse, devant les faux marbres écaillés des murs. On lui a sûrement raconté mon histoire. On est toujours friand des frasques de ses ancêtres. Là, elle est servie. J’ai laissé des traces. Mais tout passe, les décennies se suivent, les siècles basculent. Est-il possible que quelqu’un se rappelle cette époque? Je suis née en 1886. De la préhistoire pour cette femme qui, paraît-il, est de mon sang. Quel âge a-t-elle? Quarante ans? Un peu moins peut-être? J’aurais pu la connaître. On s’est bien gardé de me la présenter. À quatre-vingts ans, j’étais toujours ignorée de la famille les rares fois où l’un de ses membres me rencontrait en ville. Cécile. La brebis galeuse. Celle qui avait mal tourné. Où lui a-t-on parlé de moi? À un enterrement, j’en suis sûre. Après les airs contrits et la cérémonie trop longue, les langues se délient autour d’un verre. Elle était aux aguets. Elle devinait, pressentait. J’étais depuis longtemps paisible. Dans le bien-être cotonneux de l’après-vie. Je pensais que plus rien ne me troublerait. Des émotions, j’en avais eu tout mon saoul. Le calme, l’oubli, voilà ce que je demandais. Plus de trente années de paix. Je me croyais débarrassée du passé. Et il a suffi de cette curieuse pour gâcher ma tranquillité.

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Dominique Segalen – Attends-moi près des saules

Sur un canal du Nord de la France, Angèle Cloutier tient l’écluse semi-automatique n°23 Le Pont-aux-Ânes, menacée d’automatisation totale à plus ou moins long terme. Un jour, passe sur sa péniche un certain Jérôme Lepailleur, un ours mal léché qui se laisse troubler par cette femme originale et simple. Mais l’appel téléphonique d’une mystérieuse jeune femme remet tout en question. Il part sans la moindre explication.
Intrigue et personnages nous entraînent dans les bas-fonds d’une cité, puis sur l’eau où l’on découvre la solidarité des gens du canal et la générosité de «ceux d’à-terre»: une jeune mère gothique, un musulman intellectuel et veilleur de nuit, un aristocrate au masque de clown et de jeunes tagueurs de merveilles. Sans oublier l’eau vive et les saules, témoins muets de toutes les confidences.
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Les premières lignes

Angèle Cloutier a passé sa vie à guetter l’arrivée d’un ours. Depuis toujours, elle l’imagine venant par la mer sur un fier navire, avec des épaules carrées, un regard bleu acier portant la nostalgie des grands froids, une barbe courte d’un blanc hirsute, le visage d’une tendresse infinie saupoudrée d’un soupçon de sauvagerie et, à la bouche, quelques mots bourrus racontant un siècle de voyages.
Quelqu’un de très impressionnant.
Il a fini par venir ce matin, mais n’a fait que passer.
En fait de mer, il voguait sur un simple canal du Nord de la France entre une prairie et un champ de pommes de terre.

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Isabelle Bary – La prophétie du jaguar

Laure n’aime pas les chevaux, et Paul Schmidt déteste les histoires. Ces deux-là n’auraient jamais dû se rencontrer. Pas plus que Grâce, vingt-cinq ans, 1,65 m et 180 kg, ne devrait croiser Nono, un sans-abri perturbé par une vieille lettre qu’il finira par glisser sous sa porte.
Une rencon­­tre improbable entre quatre personnages un peu décalés que tout aurait dû séparer.
Pour son troisième roman, après Le cadeau de Léa (2008) et Baruffa (2009), Isabelle Bary mêle le vrai et le faux, exacerbe la fiction au service d’un texte étonnant.
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Les premières lignes

Toute ma vie, j’ai attendu ce moment.
Tu comprends ?
Non, bien sûr, tu ne peux pas comprendre.
Toi, tu vois juste un type sale et usé que tout le monde appelle « Nono » et qui chiffonne une vieille lettre fripée entre ses doigts. Comme un gamin qui hésite, planté tout raide devant une petite maison, là de l’autre côté de la rue.
Pourquoi avoir attendu tout ce temps ?
Ben, pour rester en vie, tiens !
Oui, c’est exactement ça : c’est l’attente de ce jour qui m’a donné la force de vivre.

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Françoise Houdart – L’amie slovène

Je me demandais pourquoi nous ne nous étions jamais perdues de vue, Lara et moi, à l’instant où, seule devant l’écran de mon ordinateur, je lui confirmais ma décision de la rejoindre enfin là-bas, à Ljubljana où elle avait fui trente-cinq années auparavant.
Françoise Houdart signe ici un magistral treizième roman, tout en force et en retenue. Son meilleur, peut-être, depuis La vie, couleur saison (1990), sur lequel planait déjà l’ombre de Lara.
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Les premières lignes

Trieste-Ronchi. Janvier deux mille dix.
Et si personne ne m’attendait ?
Il y a deux heures à peine, l’avion s’était ébranlé, colossal oiseau à la gorge bleutée défiant le soleil au levant. Le formidable tressaillement des moteurs qui l’avaient arraché du sol avait retenti dans la caverne pétrifiée qu’était devenu mon corps soudé au siège.
Taking off.
La voix nasillarde du pilote avait jeté sa brève sentence dans le silence crispé de la cabine. Lorsqu’enfin j’avais osé entrouvrir les yeux et risqué un regard par le hublot, le monde des hommes avait disparu. L’avion s’était posé sans heurt sur un lit floconneux de nuages.
Au-dessus, l’espace.
L’infiniment bleu.

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Victor Bouadjio – Les lucioles noires

Au Québec, un jésuite se livre à un bien curieux exorcisme. En Afrique, un gamin de vingt ans meurt de trop aimer son peuple. En France, une jeune fille, presque une enfant, venue d’Afrique pour étudier la médecine, découvre à la fois le secret de sa naissance, le malheur des siens et le pouvoir des mots…
Tissant avec maîtrise tous les fils de ces intrigues croisées, Victor Bouadjio conclut la trilogie commencée avec Demain est encore loin et Le M’ba, et pose des questions brûlantes : l’Afrique est-elle vraiment maudite ? Comment trouvera-t-elle la paix, et ses oppresseurs, le pardon ?
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Les premières lignes

La cérémonie, alors, commence. L’éditeur descend dans la tombe. Il s’assoit, torse nu. À son soulagement, c’est ainsi que Léopold Laberge ouvre le rite de désenvoûtement : « Seigneur, tu as guéri des aveugles, des lépreux et des paralytiques, la belle-mère de saint Paul et même la fille d’un officier romain. Tu as ressuscité saint Lazare et tu as dit à tes disciples de faire de même… »
Le maître de cérémonie porte à la ceinture une bourse en cuir, œuvre d’un devin-guérisseur. La remplissent des cendres animales et végétales, des boules de terre d’une termitière humidifiées d’huile de palme.

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Michel Claise – Souvenirs du Rif

Quel mystérieux indicateur marocain l’a prévenu ? Et pourquoi lui ? Alain Denoyer, de la Brigade des stups, pensait avoir affaire à un banal trafic de résine de cannabis, et il se retrouve avec une affaire complexe mêlant trafic, blanchiment, corruption, prostitution, meurtres, règle­­­­me­­nts de comptes, imbroglios familiaux, etc. Du Rif à la banlieue parisienne, de Monaco à Genève en passant par Luxembourg, le capitaine Denoyer, son homologue marocain Ben Azzouz et le lieutenant Paquet, spécialiste de la lutte contre le blanchiment, vont patiemment traquer des suspects qui ne reculent devant rien pour protéger leurs intérêts.
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Les premières lignes

Le gigantesque massif de roches grises envahi des flancs au sommet par le vert éclatant d’une végétation sauvage, née de pluies régulières et de la caresse insistante du soleil, abritait en ses creux de larges plaines, habitées et cultivées. Au volant d’une petite Peugeot de location, le capitaine de police Alain Denoyer se disait, par moments, que ce modelé du paysage et sa respiration lui rappelaient sa jeunesse et les lieux des vacances où ses parents, qui préféraient l’effort de la randonnée en montagne à l’indolence des plages, l’emmenaient pour parcourir les sentiers heureux et insouciants de l’enfance.

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