Archives de catégorie : Publications

Michelle Fourez – Le chant aveugle

«Un vrai, un beau roman d’amour, tendre, brûlant, pas mièvre pour un sou, intimiste et doux comme une caresse.» [Josiane Vandy, Gaël]

Les premières lignes
Elle achevait la lecture d’un livre bref. L’histoire d’une femme qui pendant quelques mois n’avait vécu que dans l’attente de son amant. Elle posa le livre de l’autre femme, regarda l’heure et s’assit pour attendre. Le livre de l’autre femme lui semblait fort, et dérisoire. Fort, car tout y était juste. Dérisoire, car son attente à elle durait depuis près de dix ans. Parfois, il venait. Parfois. Elle se souvenait de ce professeur de grec qui lui disait que la langue ne serait rien sans les adverbes. Sa vie entière pour ce parfois. Parfois, il venait, et sans un mot il la plaquait contre le mur […]

Roger Foulon – L’Homme à la tête étoilée

À la fin du siècle dernier, Libérat voir le jour au pays des collines, où l’on cultive des fleurs médicinales. C’est un enfant à la sensibilité exacerbée, marqué aussi par la maladie. Après une adolescence difficile, il s’engage en 1914 et prend part aux combats meurtriers dans les boues de l’Yser. Une grave blessure à la tête le traumatise à jamais, et la folie l’investit.

Les premières lignes
Mieke saisit l’enfant qui se débattait.- Mieke, Mieke, appela l’accouchée.- Ce n’est pourtant pas votre premier !La sage-femme tendit le nouveau-né. La mère le pressa très fort contre elle.- Vous allez l’étouffer…Mieke le reprit et le donna à Gratienne, la voisine venue aider.- Dans le berceau, maintenant. Mieke se lavait les mains, les bras. Avec tout ce sang, l’eau du baquet était rouge. Quelle douceur cette mousse sur la peau ! Elle avait le temps cette fois. Tout s’était déroulé selon l’habitude. Un travail réglé comme du papier à musique. Le père pouvait attendre encore […]

Monique Thomassettie – Verbes-Oriflammes

«[…] ce recueil nous a d’abord déconcertée: une différence fondamentale entre la rectitude souvent presque carrée du trait dans les tableaux, malgré le fondu des couleurs, et les courbes tout en fluidité, en douceurs introspectives, en déliés, en abandons dans les pensée et les textes. […] Suis-je, artistiquement, androgyne? En moi, la femme écrit, et l’homme peint. Ils existe de ces intuitions fulgurantes. Je n’en reviens pas encore…» [France Bastia, La Revue générale]

Le visible porteur de l’ailleurs. Ceci est un livre intime, une rencontre personnelle avec Monique Thomassettie. Vous ouvrez le livre: c’est comme si elle vous ouvrait la porte de sa maison, de son atelier, de sa création. Vous êtes invité dans cette intimité. Dès la première page, vous savez comment et pourquoi l’écrivain et poète Gérard Adam est devenu l’homme de sa vie. Et la dernière page vous confie deux poèmes et un dessin de leur enfant, Véronique.

Claudine Houriet – L’Invitation de l’Ange

«Délicate, rapide comme ces bergeronnettes «ambassadeurs pleins de mystère, […] porte-bonheur tombés du ciel», Claudine Houriet vole des faits réels aux pensées intimes de ses personnages, attentive à saisir ce qui les distingue et ce qui les rapproche : leur part humaine et spirituelle.» [Rose-Marie Pagnard, Le Nouveau Quotidien]

Les premières lignes
La lumière et les ténèbres. Une brise à peine perceptible agitait l’ombre dentelée des platanes sur le dallage disloqué. Il sourit à l’enfant maladroit sur ses jambes, qui tournait autour du banc. La place, déserte à son arrivée, se peuplait d’une foule oisive qui bavardait, lisait le journal ou flânait au milieu des bambins. Il ferma les yeux, ravi. Le brouhaha des voix, le rythme des pas, le bruissement vigoureux d’un envol de pigeons ; c’était Venise, piazza Santa Margherita, un dimanche. Il avait visité la ville à plusieurs reprises ; il n’avait jamais été séduit à ce point. […]

Michèle Tharin – Abigail

«[…] cette Anglaise excentrique, soeur aînée d’Alice.» [Henri-Charles Dahlem, Coopération]

Les premières lignes
Abigail Eagleton fait des vers avec ses pieds, tout en soliloquant comme quelque reine de tragédie. Un chapeau beaucoup trop grand la déguise en chandelle surmontée d’un éteignoir. Habillée en vert, comme toujours, pour passer inaperçue dans la lande.Le jour où Abigail créa la machine à mater les poèmes, il plut dans le vieux Manoir. C’est pourquoi Miss Eagleton ne se séparait jamais de son couvre-chef.

Françoise Houdart – Quatre Variations sur une fugue

Collection Sméraldine, 1995
15 x 22 cm, 128 p.
ISBN 2-88253-048-X
EAN13 9782882530486
Prix: BEF 620 – FF 90 – CHF 26

Traductrice de formation, Françoise Houdart a enseigné l’allemand dans l’enseignement supérieur jusqu’au jour où elle a décidé de vivre, sinon de sa plume, du moins avec et par elle, une existence dont elle seule gardera la maîtrise du temps. Huit romans, tous publiés chez le même éditeur – «La vie, couleur saison», «La part du feu», «Camino», «… née Pélagie D.», «Femme entre quatre yeux», «Belle-Montre», «Textes pour la gisante» et «La petite fille aux Walalas» – constituent à ce jour son œuvre en prose.

Pour son cinquantième anniversaire, Simon s’offre un cadeau royal : vingt-quatre heures ! À gâcher. À passer. À se taire, se distraire,… Il s’offre le droit de mentir.

Les premières lignes
Vous dites qu’il n’y a pas de hasard…? Pourtant il y a…, il doit bien y avoir des moments, des croisements de sentiers… Il y a forcément des gestes qui aboutissent à des choses enfouies depuis le dernier tremblement de terre… Un très indéfinissable sentiment de déjà ressenti. Il y a les nécessités injustifiables, les certitudes séculaires, les entêtements… la flore spontanée des coïncidences à la lisière du conscient – ou de ce qui ne l’est pas. Et l’irraisonnable distraction qui vous place hors d’atteinte des autres, qui vous fait courir une autre course sur une piste parallèle dans le sens […]

Françoise Pirart – L’Oreiller

«Elle doit être beaucoup allée à l’école des romancières anglaises, ces expertes en terreurs domestiques. […] Pirart, de plus, s’entend à nous surprendre à chaque fois, parce que les intrigues qu’elle noue au petit point, en brodeuse d’épouvante, ne se terminent pas nécessairement mal!» [Jacques De Decker, le Soir]

Les premières lignes
Au moment de pousser la porte du magasin Au marchand de sable, Dufour pensa qu’il commettait une erreur. L’endroit lui paraissait tellement guindé et affecté, à commencer par la vendeuse avec son petit tailleur bleu marine et son chignon. Dès qu’elle l’aperçut, elle se précipita sur lui en demandant si elle pouvait l’aider. Paul Dufour était un bel homme d’une quarantaine d’années, au visage énergique et à l’allure sportive. Il était directeur commercial d’une grosse société d’informatique.

Gérard Adam – Mama-la-Mort et Monsieur X

Gérard Adam, médecin de formation et auteur prolixe, a obtenu le Prix NCR de la Vocation littéraire pour son premier roman, L’Arbre blanc dans la forêt noire, et figuré parmi les finalistes du Prix Rossel 1992 avec La Lumière de l’Archange.

Dans le « climat pisseux de ce pays merdeux », un médecin se laisse gagner par la déprime. […] On suit le narrateur dans le quotidien immédiat, on voit venir avec lui tout ce qui occupe la vie, des gestes futiles aux pensées existentielles, entremêlées comme elles le sont toujours, sans ordre et pourtant sans hasard. Il faut sans doute pour créer une telle impression une grande maîtrise de la narration intérieure.Sémir Badir, Le Carnet et les Instants

Les premières lignes
Étangs, Lermuziaux… !Stations de mon chemin de croix, insignifiant chemin de croix vers un Golgotha quotidien, sans autre Véronique ou Simon de Cyrène que l’auto-dérision !Dessart !En sortent trois, en montent cinq, grains de riz jetés dans la marmite, qui s’accolent à la masse déjà gluante. La rame démarre, ils se tassent en arrière ; elle file dans l’obscurité, ils oscillent ; elle freine, ils se tassent en avant. Moroses comme on l’est un lundi, la nuque rentrée dans les écharpes, l’oeil encroûté, l’esprit pâteux… […]

Françoise Pirart – Le Décret du 2 mars

«Le plus remarquable, dans ce livre qui relève de la tradition de la fable philosophique, c’est qu’il contient suffisamment d’action pour échapper aux travers de l’intellectualisme, et que Pirart parvient à […] nous rendre attachante cette jeune Marie, mère de la petite Cécile, son amant américain et même le savant fou qui entraîne une humanité pacifiée au bord du désastre. […] Voici une romancière qui mûrit de texte en texte, que la foire aux vanités ne risque pas de compromettre et dont on peut encore attendre beaucoup d’heureuses surprises.» [Jacques De Decker, Le Soir]

Les premières lignes
Le jour où le Décret fut prononcé – le 2 mars, quinze ans après l’élection du premier gouvernement mondial -, de gigantesques manifestations eurent lieu dans toutes les grandes villes du globe. Un extraordinaire élan de solidarité souleva les citoyens, qui descendirent en masse dans les rues. Il fallait les voir, ces hommes, ces femmes, ces enfants, coude à coude, scandant leur désarroi et leur colère dans un même souffle: un bloc de chair humaine, soudé par une révolte organisée et lucide.

Robert Montal – Une Mesure pour rien

«Entre fiction et souvenirs d’un épisode douloureux, à 50 ans de la Libération, [Robert Montal] compose un roman minutieusement construit. […] Autre source de plaisir dans cette Mesure pour rien: le soin apporté par Robert Montal à son écriture.» [Didier Catteau, Vers l’Avenir]

Les premières lignes
Comme l’étranger pénétrait dans le hall, un éclair de chaleur étoila la fenêtre. «Mauvais présage», murmura Deroux. Puis, jugeant sa réflexion stupide, il éclata d’un rire de tête, mal accordé à sa constitution massive.- Quoi ? Quel présage ? Qu’est-ce que j’ai fait ? s’inquiéta De Coninck, qui lui faisait face et qui venait de jeter son manillon d’atout.- Rien, rien, fit Deroux. Il ne s’agit pas de toi. Une idée qui me traversait la tête… Joue!

Michaud Philippe – Collectionneurs ô fossoyeurs

«[…] les personnages de Michaud sont tous gagnés par ce grain de folie qui les rend humains. En quelques descriptions, en quelques touches impressionnistes, l’auteur leur donne vie, puis s’amuse à les balader dans le labyrinthe d’une fertile imagination.» [P.B., La Liberté]

Les premières lignes
La porte s’ouvrit lentement, découvrant dans l’embrasure un domestique d’âge canonique, engoncé dans une livrée depuis longtemps défraîchie.Le visiteur se présenta:- Je suis le Dr Lutz, cardiologue. Un membre de votre maisonnée m’a fait appeler il y a quelque vingt minutes.Il fixa le domestique d’un air important.- Sachez que je ne me déplace que très rarement au domicile de nouveaux patients. Néanmoins, l’urgence exprimée au téléphone m’a convaincu de déroger pour une fois à ce principe.

Vérange – Une Affaire simple

«L’affaire n’est simple qu’en apparence: Jeanne Fromont était la gouvernante de madame Dasnein, et elle lui a dérobé des biens. Les faits ont été découverts, avoués, la justice fait son office. […] la résonance entre ces moments donne, avec le sens de la psychologie des personnages, du poids à ce premier roman.» [Pierre Maury, Le Soir]

Les premières lignes
Jeanne s’avançait. Courtaude, trapue, elle tanguait comme une gondole trop chargée entre les bancs des spectateurs, ignorant l’existence des deux gardes qu’elle remorquait pas à pas.Le procureur sourit, le corps rasséréné. La mince grimace abaissa le menton jusqu’au rabat de la toge. Il se cala en biais dans le fauteuil inconfortable que des générations d’accusateurs publics plus imposants avaient irrémédiablement défoncé. Il plongeait dans la monotonie rassurante des habitudes. Il aboya d’une voix rogue:- Pourriez-vous m’expliquer ce retard inqualifiable?