Archives de catégorie : Publications

Bérengère Deprez – Le livre des deuils

Bérengère Deprez est née en 1960 à Bruxelles, où elle vit, et travaille à Louvain-la-Neuve. Elle partage ses activités entre l’édition, la recherche en littérature francophone et l’écriture. Elle a publié un polar, «Jusqu’à preuve du contraire» (Delperdange, 1992, rééd. 1998), un recueil de nouvelles, «Le Vent syrien» (Quorum, 1996), et un essai littéraire, «Marguerite Yourcenar. Écriture, maternité, démiurgie» (PIE/Peter Lang, 2003).

Je suis curieuse de voir comment tu vas en sortir. Curieuse, et tremblante. Et c’est cette page, la fin du livre à écrire, qui m’épouvante… Qui écrit ? Qui existe ? Qui aime ? Qui souffre ? Romain, objet de tous les désirs de la narratrice, a bien assez de sa propre existence, de ses tristes certitudes et de ses doutes émerveillés, de sa rencontre avec Victoire, la lucide, ou Kate, l’énigmatique. Mais on n’échappe pas à l’auteur de ses jours. Pas plus qu’on n’échappe à sa créature… De France en Italie, en passant par la Belgique, l’itinéraire chaotique d’un homme trop aimé…

Existe également au format numérique téléchargeable sur tous les types de liseuse

Les premières lignes
Tu me demandes pourquoi je n’ai pas répondu à tes lettres. N’ayant après tout plus aucune raison particulière de garder le silence, je t’écris. Ta détresse et ta révolte ne sont pas inutiles, puisqu’elles me touchent ; mais elles sont inefficaces. Tu me dis que tu souffriras «moins du silence que d’entrevoir dans quelque brève réponse un être extraordinaire mais simplement bon». Pour ton bien (mais je t’autorise à en douter), je ne veux pas entretenir cette image. Et, pour que tu saches que je ne suis pas un mythe, voici de quoi est faite mon existence, que tu considères de si loin.

Michelle Fourez – A contretemps

Michelle Fourez est enseignante et vit à Tournai, une ville belge située à quelques encablures de Lille. Elle est déjà l’auteur de deux romans : «Les bons soirs de juin» (Alinéa, 1992) et «Le chant aveugle» (Éditions Luce Wilquin, 1995), dont une version pour mal-voyants est parue chez Largevision Éditions, Chardon bleu Éditions, en 2000.

Un homme est alité. Il va mourir, il le sait. Auprès de lui, la femme, le fils, la fille aussi. Des personnages sans nom. Dans les souvenirs de l’homme, le travail à la ferme, Ulriche qu’il a aimée en Allemagne durant ses années de captivité et ses balades dans la campagne avec sa fille. Leur connivence aussi, et leur bonheur à tous deux en pleine nature. C’est à l’hôpital qu’il meurt, loin de sa femme qui y juge sa présence inutile, loin de son fils, toujours saoul, mais près de sa fille qui lui tient la main jusqu’au bout. Voilà comment un homme de la terre passe, en toute discrétion et en une saison, du lit au cercueil.

Les premières lignes
Ce fut là sa dernière aventure. Vers vingt-deux heures il s’approcha de la fenêtre sans rideaux de la chambre, une fenêtre qui donnait sur la pleine campagne. Il se dévêtit sans quitter des yeux les lumières vertes et lointaines de la sucrerie, tout au fond du paysage. C’était l’automne, la saison des betteraves. Il ne pouvait voir ces lueurs sans repenser aux jours anciens où il conduisait avec ses deux chevaux son charroi terreux à la sucrerie. C’était il y a longtemps.

Philippe Deprez – Le long serpent (avec les Américains jusqu’à Bagdad)

Philippe Deprez est journaliste et grand reporter. Après avoir couvert les divers conflits en ex-Yougoslavie, il s’est installé à Sarajevo. Au printemps 2003, avec quelques collègues étrangers, il a réussi à s’infiltrer parmi les troupes américaines «libératrices» jusqu’à Bagdad. Durant cette progression dans le désert, ainsi que lors de la prise de Bagdad, il fut correspondant spécial pour la RTBF, Le Soir, le quotidien français L’Est républicain et le quotidien suisse Le Temps.

Philippe Deprez est l’un des rares journalistes francophones à s’être infiltrés parmi les troupes américaines gagnant Bagdad. Sa grande force réside dans son honnêteté et son indépendance d’esprit. Il raconte les choses telles qu’il les voit, avec simplicité et sans pathos inutile. Mais avec une réelle empathie pour les populations… et les jeunes soldats. Il réussit aussi l’exploit de s’abstraire de ce qu’il vit au jour le jour pour élargir sa réflexion et faire le parallèle avec d’autres terrains d’opérations. Et pour entrevoir, avant même que les troupes américaines n’atteignent Bagdad, le bourbier dans lequel elles vont s’enliser quelques mois plus tard.

Les premières lignes
Je suis dans un vol Lufthansa Frankfurt-Kuwait City. Journaliste, en partance pour une guerre annoncée, en Irak. Dans mon sac a dos, j’ai un masque à gaz, une combinaison NBC (Nucléaire, Biologique, Chimique), un casque en kevlar, un gilet pare-balles. J’ai, accroché à ma ceinture, un nouveau téléphone satellite Thuraya, pas beaucoup plus grand qu’un portable, quand même un brin gênant dans un siège d’avion. Je me suis acheté un nouveau pantalon couleur sable avec plein de poches, des chaussures militaires et un foulard de légionnaire. Je suis équipé de pied en cap. Mais l’aventure sent la galère : je viens d’apprendre que mon visa de journaliste ne m’attend pas à l’atterrissage, j’ai peu d’argent et pas d’amis sur place.

Collectif – Faits divers, faits d’été… (Marginales n°252)





Avec des textes inédits de: Jean-Baptiste Baronian, Dominique Costermans, Jacqueline De Clercq, Alain Delaunois, Luc Dellisse, Laurent Demoulin, Ludovic Flamant, Otto Ganz, Kenan Görgün, Corinne Hoex, Claude Javeau, Philippe Jones, Eva Kavian, Jack Keguenne, Françoise Lalande, Michel Lambert, Pierre Mertens, Françoise Nice, Jean-Marie Piemme, Liliane Schraüwen, André Sempoux, Jean-Luc Wart, Yves Wellens

Les premières lignes
Tolstoï passant la nuit dans le poste de police où a été recueillie la femme adultère qui, de désespoir, s’est jetée sous un train. Cette contemplation morbide va être à la source de son Anna Karenine. Stendhal se passionnant pour le crime passionnel de ce jeune homme qui a assassiné en pleine église la mère des enfants dont il avait été précepteur. Passé par le prisme de son imagination, ce meurtre fournira la matière du Rouge et le Noir. Flaubert est encouragé par ses amis à se focaliser sur le suicide d’une épouse de médecin de campagne. Madame Bovary va en résulter. Trois des plus importants romans jamais écrits sont des décoctions de faits divers. Cela mérite réflexion.

Collectif – Système B

Avec des nouvelles inédites de: Pierre Guyaut-Genon, Bruce Mayence, Nicolas Ancion, Gérard de Sélys, Xavier Hanotte, Philippe Bradfer, Virginie Baude et Sorin, Richard Ruben, André-Paul Duchâteau, Jean-Baptiste Baronian, Thierry Crifo et Gilbert Mérague

Réunir les auteurs qui ont prêté la main – et la plume – à ce recueil de nouvelles ne fut pas bien compliqué. Tous avaient envie d’écrire, et envie d’être lus. Et puis l’idée était séduisante, certains d’entre eux ayant participé à l’aventue de Bruxelles, du noir dans la blanche chez Autrement. Au fond, c’était comme une occasion de monter sur scène, elle se présentait à eux, ils devaient y aller: pour leur plaisir – on écrit rarement par masochisme – et vous distraire…

Les premières lignes
Il y a d’emblée deux choses que je n’aime pas dans cette histoire: la décoration de ce penthouse situé à Knokke-Heist et le style de ce mec que j’ai accepté de rencontrer suite à un simple coup de fil. C’est pas tellement ce ma jolie avec lequel il m’a accueilli, ni le sourire fatigué qui plisse ses lèvres charnues, c’est plutôt ses traits avachis. Le genre de type qui n’a pas dû être moche à l’époque, mais qui est en train de se déglinguer de partout. Sa voix m’avait convaincue, sinon envoûtée au téléphone, son physique beaucoup moins. Et puis, il y a l’appartement.

Collectif – Parfums

Nouvelles primées au concours Fureur de Lire, de la Communauté française de Belgique. Avec des nouvelles de Bernard Bellefroid, Patricia Lacroix, Colette Cambier, Romain Protat, Lorraine Tison, Nicole Versailles et Jacques Zégers

Parfums… Les sept nouvellistes publiés dans ce recueil ont-ils trempé leur plume dans l’armoise, la bergamote, dans l’ylang-ylang ou le vétiver? Qu’importe le flacon à parfums pourvu qu’on ait l’ivresse!

Les premières lignes
Tu as fui. Les messages s’accumulent. Tu es en fuite. Tu vas vers le moins. Vers l’épure. Tu te respires. Ici, ça ne sent pas un quelconque parfum capiteux. Ici, ça sent seulement ton corps. C’est cette maladie qui progresse. C’est elle qui t’assène ces coups cadencés aux articulations. Elle, qui frappe doucement tes os, rosse tes pieds, qui ne sont que douleur. Elle gagne sur ton corps et sur ton sommeil. Cette nuit encore, tu n’as pas dormi. Tu sens l’odeur de cette fatigue. La fatigue du sang qui martèle les tempes. La fatigue de cette lumière au plafond qui ne s’éteint plus. La fatigue de cette odeur qui t’enferre et empeste tout l’espace. L’odeur de la fatigue.

Eric Brogniet – Jean-Louis Lippert – aède, athlète, anachorète

Poète avant tout, Éric Brogniet a publié à ce jour plus de vingt recueils en Belgique, en France et en Suisse. Mais son amour de la poésie l’amène aussi à défendre l’œuvre des autres, notamment à travers la Maison de la Poésie de Namur et la revue Sources. Et aussi par des conférences aux quatre coins du monde. Son esprit critique acéré fait alors merveille pour mettre les plus beaux textes en lumière.

Son histoire personnelle l’ayant fait naître au Congo, colonie belge, à un moment historique particulier, Jean-Louis Lippert en tire la matière principale de ses récits, sur laquelle se greffe une critique radicale de la société de consommation, puis du monde post-moderne. Échappant par cette histoire problématique aux travers de la plupart des écrivains, Lippert, partagé entre deux continents et deux cultures, est comme le symptôme de la problématique belge ; son mérite est de la replacer dans une perspective critique et de ne pas évacuer la douleur du questionnement, fût-ce au prix de la solitude, de l’intransigeance et de la liberté de pensée. Première monographie consacrée à ce romancier belge

Un écrivain n’est pas un phénomène isolé: il travaille toujours en référence à un contexte. Ce contexte est celui de sa culture et de la civilisation: l’histoire littéraire à laquelle il appartient; les idées et les mouvements sociétaux dont il est le contemporain et l’héritier; son histoire personnelle, enfin, qui détermine très certainement le ton de sa voix et la texture des images fondamentales par lesquelles il tentera de donner sens à sa parole.

Eric Brogniet – Christian Hubin – le lieu et la formule

Poète avant tout, Éric Brogniet a publié à ce jour plus de vingt recueils en Belgique, en France et en Suisse. Mais son amour de la poésie l’amène aussi à défendre l’œuvre des autres, notamment à travers la Maison de la Poésie de Namur et la revue Sources. Et aussi par des conférences aux quatre coins du monde. Son esprit critique acéré fait alors merveille pour mettre les plus beaux textes en lumière.

Christian Hubin, dont toute l’oeuvre est parue chez José Corti, est un poète majeur, mais beaucoup trop discret. Poète lui-même, Eric Brogniet entreprend ici de mettre cette oeuvre en lumière, en soulignant l’important travail d’écriture et de réflexion de Christian Hubin.

Christian Hubin fait partie d’une génération de poètes qui conduisent peu à peu l’écriture à une nouvelle maturité. Sa démarche, à l’extrême pointe magnétique de la poésie française d’aujourd’hui, échappe à l’idée conventionnelle que d’aucuns se font du phénomène poétique: par sa forme surprenante, son dépouillement, son refus du lyrisme, du Moi, de l’effusion romantique, ainsi que par ses constants court-circuits de langue, son écriture polyphonique est faite de résonances et d’infra-sons. Son œuvre participe sans conteste d’un mouvement d’approche de «la pure présence aux choses» comme celle d’Yves Bonnefoy […].

Jeannine Paque – Jacqueline Harpman (Dieu, Freud et moi: les plaisirs de l’écriture)

Professeur, critique et conférencière, attachée à la littérature féminine, Jeannine Paque est sans conteste LA spécialiste de l’oeuvre de Jacqueline Harpman. Une oeuvre qu’elle a traitée dans de nombreux articles et études critiques parus en Belgique, en France et au Québec, mais aussi aux Etats-Unis, en Espagne et en Italie. On annonce la publication prochaine aux Editions de l’Université de Paris-Sorbonne d’un texte intitulé Les vies parallèles de Jacqueline Harpman.

Jacqueline Harpman, née en 1929 à Bruxelles, est psychanalyste et écrivain. Après avoir interrompu ses études de médecine, elle fait son entrée en littérature avec un recueil de nouvelles immédiatement accepté par Julliard. Son premier roman, qui suit dans la foulée, obtiendra le Prix Rossel, sorte de Goncourt belge. Dans les années soixante, elle se détourne de la littérature pour explorer une nouvelle voie, la psychanalyse. Mais en juin 1985, un éclair soudain la remet à l’écriture d’un récit. Ce sera le début de la deuxième partie de son œuvre, brillante, couronnée à la fois par les jurys littéraires et le grand public. Première monographie sur cette grande romancière

Les premières lignes
En cet après-midi de la fin du mois de juin, Jacqueline est assise à la grande table de la salle à manger, devant la machine à coudre. Elle assemble les morceaux d’une robe de vacances qu’elle vient de se tailler à vive allure. Même la cigarette à moitié fumée est éteinte: l’attention est ailleurs. Coudre, elle aime ça, notamment dans les périodes de dépression post partum, quand elle vient d’accoucher d’un nouveau livre. Ou, un jour comme aujourd’hui, alors que le soleil encore pâle se glisse avec trois chats par la baie entrouverte, annonçant l’espoir d’un été dans le midi. La psychanalyste a déjà fermé son bureau, là où elle reçoit ses patients. De toute façon, nous ne le visiterons pas, son entrée est réservée et il est au sous-sol, prêt à y éclairer les ténèbres qui se risqueraient à sa chaleur. Et l’écrivaine va faire sa valise. Elle emportera sa nouvelle robe et son ordinateur. Un roman l’attend.

Corinne Jaquet – Les Degrés-de-Poule

Politologue de formation et ancienne chroniqueuse judiciaire, Corinne Jaquet gère aujourd’hui un journal régional et une revue qu’elle vient de créer : Lectures magazine. «Les Degrés-de-Poule» est son sixième roman. Du même auteur, avec les mêmes personnages : «Le pendu de la Treille» (1997), «Café-crime à Champel» (1998), «Fric en vrac à Carouge» (1999), «Casting aux Grottes» (2000), «Les Eaux-Vives en trompe-l’œil» (2002) – tous aux Éditions Luce Wilquin

Au sortir d’une audience de la Cour d’assises, un avocat bute sur un cadavre au milieu des Degrés-de-Poule, un escalier étroit reliant le Palais de Justice à la cathédrale. Impossible de savoir qui en voulait à ce vieux bonhomme inoffensif… Et comment l’assassin a-t-il pu passer inaperçu dans ce quartier très surveillé? La police se retrouve très vite avec d’autres morts suspectes. L’équipe du commissaire Norbert Simon, toujours hospitalisé après l’affaire des Eaux-Vives, se met alors au travail sous la direction de Mallaury pour tenter de les relier entre elles. Il faut bientôt se rendre à l’évidence : un tueur en série sévit dans Genève.
Ce titre est retiré de la vente.

Les premières lignes
«Si vous envoyez cet homme en prison, pour le reste de sa vie comme on vous le demande, Mesdames et Messieurs les jurés, vous n’aurez plus jamais la conscience tranquille. Parce que le doute qui subsiste dans ce dossier, votre doute, Madame, Monsieur, doit vous pousser à acquitter. Aussi infime soit-il, il ne vous permet pas de punir. Madame la Procureure vous réclamera une peine exemplaire, elle veut enfermer cet homme pour protéger la société. C’est son travail! Sa mission! La vôtre, c’est la justice, Madame, Monsieur. L’homme qui est devant vous s’est trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Une fois de plus, dans sa vie, il n’a pas eu de chance. Une fois de plus! Et comme ce n’est pas un battant, il a eu peur.»

Roger Foulon – L’étrange vie de saint Landelin

Roger Foulon est né en 1923 à Thuin-sur-Sambre (Hainaut belge). Auteur de nombreux recueils de poésie, d’essais, de pièces de théâtre, de contes, d’un oratorio, animateur de plusieurs revues littéraires, il a présidé pendant vingt ans l’Association des Écrivains belges de langue française. Mais c’est aussi un nouvelliste et un romancier, dont c’est ici le sixième ouvrage publié par les Éditions Luce Wilquin. Roger Foulon est un écrivain régionaliste au bon sens du terme, que l’on peut comparer à Jean Giono.

Saint Landelin évangélisa au VIIe siècle une région s’étendant de la Sambre à l’Artois et au Cambraisis (de part et d’autre de l’actuelle frontière franco-belge). Tout juste sait-on avec certitude que Landelin, né dans une noble famille franque au village de Vaux en Artois, s’est enfui du séminaire de Cambrai pour mettre la région à feu et à sang avec une bande organisée, avant de devenir un grand mystique et de fonder les abbayes d’Aulne, de Lobbes et de Wallers, ainsi que celle de Crespin… dans ce Nord de la France qui donna son nom à une bière!. C’est pourquoi, au fil du temps, la vraie vie de saint Landelin s’est enrichie d’éléments légendaires, qui ont fini par s’ériger en quasi-vérités.

Les premières lignes
Ce pays semble un vrai paradis d’avant la faute. Du feuillage couvre les pentes qui ondulent du ciel à la rivière. A l’occident, à l’orient, au pied des collines que jaunissent les boutons d’or, des maisons se pressent les unes contre les autres. Elles forment ainsi un bon voisinage qui les protège des rapines ou de la destruction. Car, malgré sa grande beauté, le pays n’est guère sûr. On y respire souvent la fumée des brasiers, l’odeur du sang et des corps étripés ; on y entend les hurlements des filles et des femmes violées. Pourtant, Dagobert, le roi franc, règne ici en maître. Il essaie de mettre de l’ordre dans le désordre. Il parcourt le pays à cheval. Il envoie ses preux frapper durement ceux qui n’en font qu’à leur tête, se croyant tout permis par la force.

Thierry Bellefroid – Zestes mondains

Journaliste et présentateur à la Télévision belge, Thierry Bellefroid est aussi un spécialiste de la bande dessinée, qu’il chronique dans de nombreux médias. Il est déjà l’auteur de deux romans parus aux éditions Luce Wilquin, «Madame K ou la juste place des choses» (2001) et «Lâche et persévérant» (2002).

Quatre nouvelles, quatre rencontres, quatre destins nourris des miettes de la célébrité. Le narrateur croit apercevoir Philippe Noiret dans un restaurant de Lourdes (Le syndrome de Bernadette), il croise Mikhaïl Gorbatchev dans un bar de Manaus (Tartare de Soviets), l’homme politique belge Paul Vanden Boeynants à Knokke-Le-Zoute (Pas de pitié pour les Zouaves) et une future princesse dans un manège (Le dos de M.), lors d’une leçon d’éthologie appliquée… Et après ces quatre rencontres insolites, la dernière, la plus inattendue peut-être, dans Bonus track, à la sensualité presque torride.

Les premières lignes
Je ne saurai jamais si j’ai croisé Philippe Noiret dans ce restaurant de Lourdes, il y a vingt-cinq ans. Je dis Philippe Noiret, mais je crois bien qu’à onze ans, j’ignorais son nom. Je l’avais vu quelques jours plus tôt, à la télévision, le film s’appelait Les Gaspards. Un libraire parisien découvrait sous la ville un monde parallèle où les carottes poussaient au plafond. Tout cela m’avait impressionné. J’étais très impressionnable, à l’époque. Les voisins avaient la télédistribution, la couleur et même les premiers jeux vidéo ; ils jouaient au tennis sur l’écran de la télé à l’aide d’un joystick rudimentaire. Moi, j’en étais toujours à perfectionner ma technique au Mikado.