Michelle Fourez – A contretemps

Michelle Fourez est enseignante et vit à Tournai, une ville belge située à quelques encablures de Lille. Elle est déjà l’auteur de deux romans : «Les bons soirs de juin» (Alinéa, 1992) et «Le chant aveugle» (Éditions Luce Wilquin, 1995), dont une version pour mal-voyants est parue chez Largevision Éditions, Chardon bleu Éditions, en 2000.

Un homme est alité. Il va mourir, il le sait. Auprès de lui, la femme, le fils, la fille aussi. Des personnages sans nom. Dans les souvenirs de l’homme, le travail à la ferme, Ulriche qu’il a aimée en Allemagne durant ses années de captivité et ses balades dans la campagne avec sa fille. Leur connivence aussi, et leur bonheur à tous deux en pleine nature. C’est à l’hôpital qu’il meurt, loin de sa femme qui y juge sa présence inutile, loin de son fils, toujours saoul, mais près de sa fille qui lui tient la main jusqu’au bout. Voilà comment un homme de la terre passe, en toute discrétion et en une saison, du lit au cercueil.

Les premières lignes
Ce fut là sa dernière aventure. Vers vingt-deux heures il s’approcha de la fenêtre sans rideaux de la chambre, une fenêtre qui donnait sur la pleine campagne. Il se dévêtit sans quitter des yeux les lumières vertes et lointaines de la sucrerie, tout au fond du paysage. C’était l’automne, la saison des betteraves. Il ne pouvait voir ces lueurs sans repenser aux jours anciens où il conduisait avec ses deux chevaux son charroi terreux à la sucrerie. C’était il y a longtemps.

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