Archives de catégorie : Publications

Dellisse Luc – Cinéma total

Luc Dellisse est né en 1953 à Bruxelles. Études de philosophie. Vit à Paris. A exercé divers métiers, dont directeur de magazines d’art et rédacteur publicitaire, avant de se consacrer, depuis près de dix ans, à l’écriture. Auteur de différents ouvrages: romans, essais, théâtre, poèmes. Prix Beaumarchais en 1993 pour Mille morts. Prix SACD Radio en 1995 pour La Fin de la route. Travaille actuellement à un cycle romanesque sur la réalité cachée, inauguré en septembre 1998 avec «Le royaume des ombres».

Un petit boxeur poids moyen, un des plus doués de sa génération. À 23 ans, il a déjà remporté quelques belles victoires. Il est vif d’allure et d’esprit. Tout le monde dit qu’il fera des étincelles. Il n’y a qu’un malheur. Il fait penser de très près au regretté Marcel Cerdan. On lui propose de jouer dans un film retraçant la carrière du disparu. Il refuse, le cinéma ne le tente pas. Mais une série de circonstances tragiques vont le pousser malgré lui à accepter le contrat. Alors, les vrais ennuis commencent. Ce projet de film n’est pas destiné à aboutir. Ce n’est qu’un montage financier qui sert à blanchir de l’argent. Tant pis pour les naïfs qui se croient indispensables, et qui ne sont en fait que des obstacles à éliminer. On meurt beaucoup autour du jeune boxeur. Et la menace se rapproche de lui… Le monde du cinéma et celui de la boxe, vus des coulisses, ne sont pas rassurants. Tout cela est truqué depuis le début. Quant à la jeune entraîneuse qui doit jouer un petit rôle dans le film et un grand rôle dans le complot, elle est l’amour ou bien la mort : au choix.

Les premières lignes
Larsier chasse d’un revers de la main une mouche qui est entrée avec lui dans l’annexe. Puis il glisse le jeton dans la fente, décroche. Il se demande sur qui il va tomber, à l’autre bout du fil. Homme ou femme? Ça se met à tinter interminablement. La sonnerie paraît lointaine, asthmatique. Il colle plus fort son oreille contre l’écouteur. Il a l’impression que le bourdonnement des mouches grandit, envahit la pièce. Il cale le combiné en dessous de son menton, avant de se retourner. Mais un coup asséné avec un objet métallique l’atteint en plein dans la nuque. Il tombe, il sent qu’il lâche l’appareil et qu’il tombe. Devant ses yeux passent deux très longues jambes dans un pantalon vert, ça ne dure qu’une seconde, il s’écrase le nez sur le carrelage.

Françoise Houdart – Femme entre quatre yeux

Françoise Houdart est née et vit à Boussu, une petite ville du Borinage belge, à quelques kilomètres de la frontière française. Elle enseigne l’allemand à de futurs professeurs du secondaire. Primée pour ses ouvrages poétiques dans les années 1970 et 1980, elle a mis longtemps à oser proposer son premier roman à un éditeur… mais depuis «La vie, couleur saison» en 1990, la romancière n’a plus arrêté: «La part du feu», «Camino» (qui semble vivre une seconde vie dans les classes), «Quatre variations sur une fugue», «… née Pélagie D.» (Prix Baron de Thysebaert 1997), et maintenant «Femme entre quatre yeux», où son talent s’affirme avec éclat.

Entre deux villes, entre deux rives, entre deux hommes, entre Marie et Marthe, ces deux facettes d’elle-même, l’héroïne confie à son double ses tourments de femme blessée. Elle plonge sous le fleuve, à Anvers, comme on plonge en soi-même… Pour y trouver quoi, quelle vérité, quel apaisement? Un roman entièrement à la deuxième personne du singulier. Une prouesse… réussie!

Les premières lignes
Tu as froid. Tu me dis que tu as froid… L’engourdissement ressemble à une anesthésie légère. Ton corps, cette pâteuse identité. Tu marches lentement dans les rues désertes d’une ville encore ensablée de sommeil, et tu retiens ton souffle, comme si tu craignais qu’un réveil trop brutal ne te sèvre à jamais des vertiges de l’étreinte. En toi, l’Amante, le poids bienheureux des caresses et des haleines bues à même la bouche avec le murmure des mots, ce corps recomposé en des mains étrangères, cette félicité si proche du levant. Tu marches, tu frissonnes dans un manteau trop mince. Était-il temps, déjà, de te remettre en route? Ne pouvais-tu attendre encore un peu? Tu noues autour de ton cou une écharpe de laine et ton pas s’alanguit… Ocre, l’écharpe. Ocre, ce parfum d’homme, cette tiédeur déjà si familière, déjà si intimement reconnue et que tu humes à petites saccades. Ocre, la toute proche absence…

Collectif – Sémira, Monica: Femmes de l’Année? (Marginales n°232)






Didier van Cauwelaert, Conseil de surveillance
Pierre Maury, Dans un tunnel d’Antananarivo
Anne-Marie La Fère, Héroïnes
Daniel Simon, Le vol des hirondelles
Caroline Lamarche, M. et S., femmes de l’année
Éric Brogniet, Toutes nos lèvres sont politiques
Werner Lambersy
Adolphe Nysenholc, Sémira: mort post-industrielle
Nadine Monfils, Scoop !
Pascal Vrebos, Dossier Lewinsky/Clinton 17.14.007698. Top Secret
Carl Norac, Le songe de Monsieur Bill
Patrick Roegiers, La robe et le tailleur

William Cliff, Les ivrognes
Anne Richter, Des femmes et des chats
Serge Meurant
Daniel Soil, Northern Light
Henri Ronse, Miettes de mémoire (suite)

Marianne Jeffmar, Thérèse
Viatcheslav Glebovitch Kouprianov, Anabase
Jos de Wit, Petite opération avec conséquences à long terme

Jean-Claude Schineizer – Clairière obscure

Né à Paris en 1948, Jean-Claude Schineizer vit à Montparnasse et dans la forêt du Perche. Il écrit des scénarios pour la télévision, des nouvelles noires ou grises… et ce premier roman publié.

Lorsque, après de longues années à l’étranger, Serge revient dans sa maison perdue au coeur de la forêt, il croit avoir fait une croix sur son passé et pouvoir trouver enfin la paix en écrivant son étrange histoire. C’était sans compter avec l’irruption de deux jeunes gangsters en fuite – et mal en point – après un hold-up sanglant. Folie, haine, violence gratuite,… le cauchemar revient, et avec lui les relents du drame passé. La peur va à nouveau s’installer dans ce petit coin de la France profonde…

Les premières lignes
Je restais bien à l’écart, sachant pertinemment que j’avais tout le temps d’une vie devant moi. Je comptais mentalement les jours écoulés depuis que j’avais quitté le sol de ce pays, en me jurant de ne jamais y revenir: 3 ans et 2 mois égalent 1156 jours, soit 27 744 heures. Pour les minutes et les secondes, j’abandonnais la gymnastique. Par simple paresse ou par crainte de détériorer mes pauvres neurones, ce qui revenait au même. Le vol de Houston-Miami s’est affiché sur le panneau du hall des bagages. Un serpent sans queue ni tête, sorti tout droit des entrailles de l’aéroport, s’est mis à ramper en grinçant. Les voyageurs se sont précipités vers le serpent, en poussant des chariots trop grands pour eux. Quand mon sac est enfin apparu, je l’ai empoigné à la manière d’un vigoureux docker. Direction: la zone douanière. Il me paraissait plutôt léger à porter et je me suis dit que ces trois années passées ailleurs se résumaient simplement à 10 kilos de vêtements été-hiver, deux paires de bottes texanes – une de Panhandle Slim en crotale, et une de chez Justin en élan -, une dizaine de compacts et une trousse d’articles de toilette. Trois ans, deux mois pour un retour à la case départ avec rien à déclarer.

Claude Raucy – Ne pas se pencher au-dehors

Claude Raucy est né à Saint-Mard, en Lorraine belge, le 15 mai 1939. Le 1er septembre 1945, il entrait à l’école primaire communale de son village et commençait à écrire et à observer les autres. Depuis lors, grand distrait, il n’a pas quitté son pupitre et ses lunettes. Cela explique ceci.

Passer la tête par la fenêtre, c’est se laisser griser par l’air des berges ferroviaires, respirer le bleu des lacs et le jaune des étoiles. C’est aussi risquer de se faire couper la tête, ce qui n’est véritablement utile – sur le plan de l’anecdote, bien sûr – que pour les rois de France et les reines d’Angleterre. Mieux vaut peut-être suivre le conseil des chemins de fer : rester à l’intérieur du compartiment et partager le voyage avec des gens agaçants, drôles, désespérés, impertinents, gourmands, myopes,… Des gens très ordinaires, en somme. Ces 23 nouvelles ne sont donc que les 23 wagons d’un long train lui aussi très ordinaire.

Les premières lignes
– Nous arrivons à Venise à quelle heure? – Maman, je te l’ai déjà dit vingt fois ! Elle affecta de ne pas avoir entendu la réplique fatiguée, pinça un peu les lèvres puis les trempa dans la bière jonquille qu’elle n’avait commandée que pour l’extraordinaire sveltesse du verre. Elle-même avait, au terminus de l’adolescence, cette taille de guêpe tranquille. – Demain à cette heure-ci, nous serons sûrement à l’hôtel… Tu es sûr qu’ils nous ont réservé une chambre avec WC ? Il soupira comme un tuyau d’orgue sans voix. Chez Adler, c’était le vide d’après Pâques. Un mariage triste quittait lentement le restaurant. Le café comptait plus de vases en cuivre aux renoncules pimpantes que de touristes amateurs de flocons. À la table voisine, un couple paisible trempait une langue bourgeoise dans un chocolat mousseux. Elle portait un tailleur gris cafardeux dont la veste cachait trop un chemisier ponceau ; lui, le mari plutôt que l’amant, exposait sur la laine blanche de son pull des edelweiss multicolores qui, partout ailleurs, eussent paru de mauvais ton, mais qui, dans le cadre alpestre de Kandersteg, jetaient une note rassurante de conformisme. – Excusez-moi, j’ai cru comprendre que vous alliez à Venise…

Viviane Rabine – Quand le vent se lève

Viviane Rabine vit à Liège, où elle est attachée au Palais de Justice. Elle a puisé dans ses souvenirs familiaux et ceux de familles amies pour tisser cette saga, qui résume l’histoire de tout un peuple.

La vie de Léna Schwartz, juive de Lituanie, de sa naissance à Kovno en 1911 à sa mort tragique à New York en 1997, en passant par sa jeunesse dans une Vilna allemande, puis une Wilno polonaise, son expérience décevante dans un kibboutz en Palestine au début des années 30, son retour à Wilno en 1938, son nouveau départ pour Tel-Aviv en 1939 et son installation aux États-Unis en 1961. Une vie d’errance, brisée par la mort tragique de tant de proches…

Les premières lignes
Quand le vent se lève…, dans le vieux pays, ils racontaient, ils aimaient raconter, oui, là-bas, c’est cette histoire qu’ils racontaient. Chaque matin, l’ange de la vie inscrit dans le livre de la destinée le lot de bonheur des humains. De page en page, il reporte les noms et leur attribue leur quota de joie. Le soir, l’ange de la mort vérifie les comptes et clôture des bilans. Des comptables. Depuis des siècles. Ils l’affirmaient. Depuis des siècles. Dieu est fatigué et a abandonné les anges à leur travail solitaire. C’est ce qu’ils racontaient à Kovno.

Claire Lejeune – Le livre de la mère

Claire Lejeune, membre de l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique, a publié une quinzaine de livres (poésie et essais poétiques), une pièce de théâtre et de nombreux articles dans des revues belges et étrangères. Elle a fondé les «Cahiers Internationaux de Symbolisme» (1962) et la revue «Réseaux» (1965).

La non-existence du «Livre de la mère» fonde le règne absolu de la loi du Père. Sa publication, au terme d’une longue suite d’écrits nourris de l’expérience des profondeurs archaïques de la mémoire, témoigne d’une rupture accomplie avec la mentalité patriarcale, de la possible naissance d’une femme «post-biblique» dont la langue originelle a cessé d’être coupable, donc rituellement coupée. Où se reconnaît la double filiation de la pensée, la double légitimité du sujet féminin et du sujet masculin, s’abolit la fatalité de l’exclusion de l’étrangeté du tiers, en même temps que s’annonce l’avènement d’une citoyenneté poétique qui oeuvre à nous faire passer de la patrie sacrificielle à la fratrie opérative des hommes et des femmes de toutes générations et de toutes cultures.

Les premières lignes
Si au bout de l’oeuvre au noir l’écriture me donne à voir sous le soleil exactement la blancheur de mes propres ossements, je serai une autre femme, infiniment jeune d’avoir digéré tous ses âges, libre désormais de préparer sans regret sa disparition. Entre cette femme à venir et moi, nécessairement, le livre de la mère. Lieu commun de naître et de mourir.

Corinne Jaquet – Café-crime à Champel

Politologue de formation, Corinne Jaquet entre en 1983 au quotidien La Suisse, au sein duquel elle a assumé pendant longtemps la rubrique «faits divers» et la chronique judiciaire. Pour ce journal, puis pour l’agence AP, elle a passé dix ans au Palais de Justice de Genève. Cette expérience et un travail quotidien au contact de la police l’ont tout naturellement poussée vers le roman policier.

Les lecteurs ont fait la connaissance de l’inspecteur Simon et d’Alix la journaliste dans «Le Pendu de la Treille» (Wilquin, 1997). On les retrouve ici, plus humains, plus attachants encore, dans le quartier genevois de Champel où ils ont tous deux passé leur enfance… dans le même immeuble – ce qui crée des liens, mais aussi des conflits ! Ils y sont confrontés au meurtre d’une handicapée, riche veuve, dont le passé volontairement occulté dévoilera bien des turpitudes. De fausses pistes en brouillages de cartes, l’enquête (menée par l’un et suivie à la trace par l’autre) débouchera finalement sur une vérité si évidente et si proche que ni l’un ni l’autre ne l’avait envisagée une seconde.
Ce titre est retiré de la vente.

Gérard Adam – La croisée des chemins

Gérard Adam, médecin de formation et auteur prolixe, a obtenu le Prix NCR de la Vocation littéraire pour son premier roman, «L’Arbre blanc dans la forêt noire», et figuré parmi les finalistes du Prix Rossel 1992 avec «La Lumière de l’Archange».

Ce onzième ouvrage de Gérard Adam clôt un cycle entamé avec «L’arbre blanc dans la forêt noire» qui, de l’Afrique à la Bosnie avec un détour par Étretat, amène ses héros à s’interroger sur la signification de leur vie. Onze nouvelles. Onze personnages hésitent ou se souviennent qu’ils ont un jour hésité à la croisée de plusieurs chemins de vie. Qui peut savoir s’il a choisi ou choisira celui qui l’attendait?

Les premières lignes

Chassant d’une main en éventail un essaim de moucherons, j’extrais de mon kit-bag l’«Antigone» de Bauchau, en lisse du doigt la couverture, le pose avec respect sur le siège de Rachid, mon ambulancier, qui taille une bavette avec un quarteron de para-commandos, puis ouvre sur mes genoux le carnet où, jour après jour, s’additionnent mes notes pour les oeuvres en gestation. Fabuleux métier que médecin militaire, pour offrir sa pitance à un éternel rêveur qui se pique d’écrire mais que l’écriture jamais ne nourrira : entrelarder de griffonnages quelque lecture vertigineuse, non sans, de temps à autre, me rincer le regard parmi des collines mauves entre lesquelles, dans la lumière nacrée du petit matin, se faufilent les silhouettes guerrières à la sécurité desquelles je suis commis.

Marc Uyttendaele – Un lendemain matin

Marc Uyttendaele, juriste de formation, a entamé sa carrière professionnelle à l’Université Libre de Bruxelles où il est aujourd’hui professeur. Avocat au Barreau de Bruxelles, il a été appelé à assumer ces dernières années la défense de personnalités importantes mêlées aux problèmes que rencontre aujourd’hui la Belgique. Commentateur averti de la vie politique belge, il intervient fréquemment dans les médias belges et étrangers. Un lendemain matin est son premier roman.

Philippe Julliard mène une existence brillante, entre politique et magistrature, mondanités et dossiers. Tout semble réussir à ce jeune loup, apparemment sûr de lui. La rencontre fortuite avec une journaliste aussi insaisissable qu’intransigeante va réveiller en lui des désirs et des sensations depuis longtemps oubliés. Prisonnier d’une logique de vases communicants, il mettra un an à se dépouiller des scories de l’apparence et à comprendre qu’il ne peut plier l’existence de celles qu’il aime à sa propre volonté.

Les premières lignes
Le parking était comble. Philippe Julliard était en retard. Il fit le tour de la place bordée de chênes. Des véhicules éparpillés l’empêchaient de se garer. Il trouva un bout de trottoir où il abandonna sa voiture, indifférent à son sort. Il se souvint soudain de la joie qu’il avait éprouvée le jour où il l’avait conduite pour la première fois. Le ronronnement du moteur, le bonheur presque sensuel de ses mains sur le volant et sur le changement de vitesse en bois blond, l’impression de souplesse et de rapidité mêlées lorsqu’il appuyait sur l’accélérateur. C’était il y a trois ans. Il avait été heureux d’exhiber son nouveau jouet. Il avait senti en lui une vague chaleur lorsqu’il l’avait parquée devant l’Université, à côté des voitures grises et tristes de ses collègues. Il se souvint aussi de l’été qui avait suivi, des vacances passées en Provence, avec Anne, Marie et Coralie, de la joie intense de rouler sur des routes de campagne ensoleillées, les cheveux au vent. La vie était alors si simple.

Collectif – La Coupe est pleine (Marginales n°231)





Liliane Wouters, Le Graal
Patrick Roegiers, La partie de jacquet
Françoise Houdart, Le jour de gloire est arrivé
Jacques Cels, Contrefaçon
Françoise Lalande, Gueule de bois
Daniel Simon, Tout pour le championnat
Françoise Lison-Leroy, Le Tour de France
Jean-Louis Lippert, Au bar de l’Enfer
Monique Thomassettie, Le ballon rêveur
Michel Torrekens, Quand j’avais six ans
Liliane Schraûwen, La Finale
Yves Wellens, Un sport d’équipe
Claire Lejeune, De la fécondité du débordement
Luc Dellisse, Retour sur Mars
Thilde Barboni, La quête du Brool
Claude Javeau, Parabole de l’anabole
Laurence Jyl, Amour foot
Yves Laplace, Cinq arbitrages

Philippe Jones, Figure d’origine
Véronique Bergen, Citadelle, et autres poèmes
Janine Laruelle, Lily

Thanassis Valtinos, Résistance d’assassins!
Marjan Gruban, Le train pour Juma est en retard, et autres nouvelles
Bernard Dewulf, Secret, et autres poèmes

Colette Hellings – Avez-vous un frère ?

Colette Hellings, née en 1958, est jusqu’à présent connue internationalement comme écrivain jeunesse et éditée par les Éditions Pastel (Bruxelles) et l’École des Loisirs (Paris). Elle suit en parallèle une formation en sophia-analyse (psychanalyse).

Sur la scène de la vie, ils sont quatre : la mère, le père, le frère et Clara. Un acteur choisit la mort. Dès lors, le jeu change de ton, les rôles bougent. S’ensuit pour Clara une lente descente aux enfers où le corps s’exprime au-delà des mots, où la folie circule entre les êtres… Au bout de cette traversée, une nouvelle conscience s’éveille. Clara naît à elle-même, et son choix de vivre triomphe.Une complicité vraie, une vie brisée par le suicide d’un frère. Des relations familiales difficiles décrites en petites touches justes, sans détails inutiles. Ici, c’est la soeur qui raconte d’une voix douce. Une si douce violence. Un ton personnel, une écriture légère, sensible.

Les premières lignes
– Alain ? Une impression. Fugace. Non, j’ai rêvé. Je ferme la porte de l’appartement, m’appuie sur le bois. Dur, lisse, réel. Réel, le petit couloir. La cuisine bien rangée. La coupe de fruits. Je les palpe, les hume. Pomme. Citron. Orange.Pourtant, je l’ai vu. – Alain ? Pas de réponse. Rien. Seul, au loin, l’aboiement d’un chien.- Alain ! Je reconnais. Son odeur. Mélange d’épices et d’acétone. Sa chaleur.- Alain, je ramène de délicieux chocolats ! Je les partagerai avec toi ! Oui, il est revenu. Mon coeur bat vite.- Alain, viens voir… Reconnais-tu la boîte rouge, prometteuse de délices […]