Archives de catégorie : Publications

Jean-Louis Lippert – Tombeau de l’aède

Jean-Louis Lippert est né à Stanleyville (Congo belge) le 16 décembre 1951. Après une enfance africaine, donc une jeunesse tourmentée à Bruxelles, il voyage, rencontre une femme, concourt à la naissance de deux filles, écrit et publie quelques lignes. Il est l’auteur de «Pleine lune sur l’existence d’un jeune bougre» (Messidor, 1990), «Mamiwata» (Talus d’approche, 1994, «Dialogue des oiseaux du phare» (1998), «Confession d’un homme en trop» (1999) et «Tango tabou de l’Ombu» (2002) – ces trois derniers titres aux Éditions Luce Wilquin (voir catalogue).

Anatole Atlas voit un fleuve couler d’Anatolie en Atlantide. Ce fleuve clandestin charrie la mémoire des origines et nous invite à une traversée du miroir vers des îles où se lit le destin de l’Europe. Une vision spectrale se déploie dans les entrailles de sa capitale, autorisant à retrouver bien des fantômes oubliés. Sous les fondations de Bruxelles, Atlas capte une rumeur montant des eaux souterraines, une rumeur qui court jusqu’aux Antilles depuis l’Asie Mineure, une rumeur inaccessible aux consciences burlesconisées par brouillards et mirages de la tour Panoptic: du point de vue d’Homère, quoi de neuf entre César et Césaire?

Les premières lignes
C’est une langue inconnue de la plupart des hommes qui leur parle chaque jour, chaque instant, par les millions de bouches d’un organisme aux dimensions du globe, une langue ayant les apparences de celle qui leur fut inculquée depuis l’enfance, mais dont la grammaire et la syntaxe ont subi une métamorphose telle que l’essence de cette langue leur est depuis longtemps incompréhensible.

Michel Zumkir – Nicole Malinconi, l’écriture au risque de la perte

Critique littéraire, Michel Zumkir est né à Bruxelles en 1965 et vit à Paris. Il a publié un roman (C’est pas fini, Balland, 2000), un essai littéraire (Amélie Nothomb de A à Z, portrait d’un monstre littéraire, Le Grand Miroir, 2003). Son monologue La Balade de Betty Blues sera créé au Théâtre de la Place à Liège en mars 2005.

L’auteur tente d’abord de relier entre eux les éléments qui ont poussé, un jour, Nicole Malinconi, à se mettre à écrire Hôpital silence (Minuit, 1985), puis ses autres livres, jusqu’à À l’étranger (Grand Miroir, 2003). On découvre ainsi le parcours original d’une femme issue d’un milieu populaire, assistante sociale de formation, qui devient l’une des auteures les plus importantes de Belgique. La deuxième partie analyse l’œuvre de Nicole Malinconi et tente d’en dégager les enjeux principaux. Il en ressort que la notion de perte se retrouve à tous les niveaux de la pratique d’écriture de l’auteure

Les premières lignes
Nicole Malinconi est née à la vie en mars 1946, à l’écriture en décembre 1984. Née à l’écriture à trente-huit ans, donc. Trente-huit ans. En général, en moyenne, à quelques exceptions près: l’âge des premiers grands deuils (entres autres coups du Destin); celui où l’on prend conscience de l’inscription de la mort dans son propre corps, de son long et lent travail de sape, autrement dit où l’on sait que l’on est mortel. L’âge de ce que Roland Barthes appelle la secousse du milieu de la vie.

Christophe Van Rossom – Marcel Moreau, l’insoumission et l’ivresse

Agrégé en philosophie et lettres, Christophe Van Rossom enseigne la littérature contemporaine et la littérature belge. Conférencier, il a publié des articles et études dans des revues ou volumes collectifs. Il est aussi l’auteur d’un essai sur Mallarmé, ainsi que de la monographie Jacques Crickillon – la vision et le souffle (Éditions Luce Wilquin, voir catalogue).

Renvoyant dos à dos tous les systèmes et vitupérant avec style contre toutes les institutions, sensuelle, sensorielle et rythmique, l’œuvre de Moreau est l’expression soulevante d’une individualité en quête d’une liberté dont il s’agit d’accroître toujours plus l’aire. Sa pensée, souveraine et sauvage, se donne comme un discours plein de panache et de fougue à jamais recommencé contre les entraves. L’écriture, dans cette perspective, est perçue comme la source et la dynamo d’une insoumission ivre, seule apte à douer la vie de l’énergie qui permettra d’en transcender les basses fatalités.

Les premières lignes
Écrivain apatride d’expression française (Le chant des paroxysmes, p. 140), Marcel Moreau est né en 1933 à Boussu, dans le Borinage (Belgique). Belge d’origine mais naturalisé Français depuis 1974, ce prosateur exceptionnel et encore méconnu, en dépit de l’admiration d’une Anaïs Nin, par exemple, est l’auteur d’une œuvre incandescente qui compte à ce jour une cinquantaine de volumes oscillant entre la méditation lyrique, la philosophie de l’écriture, des romans et récits paroxystiques et des textes de réflexion sur l’art et la vie.

Laurent Six – Raoul Vaneigem, l’éloge de la vie affinée

Laurent Six est enseignant et critique littéraire en Belgique.

Dans les marges d’un monde intellectuel et littéraire difficile à réanimer, mais au cœur du corps qui vit, Vaneigem bâtit une utopie habitable pour lui, donc pour tous. L’essentiel en est tracé depuis presque quarante ans, mais, faisant sienne la parole de Voltaire, il cessera de se répéter lorsqu’on se sera corrigé. Membre dans les années 1960 de l’Internationale Situationniste dont il fut, avec Guy Debord, l’un des théoriciens les plus pertinents, Vaneigem est l’auteur du Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations (1967) qui a exercé une influence manifeste sur ce que le mouvement de mai 68 a eu de plus authentique.

Les premières lignes
L’œuvre de Raoul Vaneigem, né à Lessines (Hainaut) en 1934, est unique par sa cohérence et son obstination. Ce que nous pouvons en saisir est à chercher dans la vingtaine de livres publiés jusqu’à ce jour. Ce qui nous en échappe est à observer dans la quête quotidienne d’un être qui souhaite à toute force être l’architecte permanent de sa propre vie. « Il y a plus de vérités dans vingt-quatre heures de la vie d’un homme que dans toutes les philosophies. »

Bob Mendes – Les diamants du sang

Bob Mendes est l’auteur de nombreux romans de politique fiction, traduits dans de nombreuses langues – dont La force du feu, son premier toman traduit en français et publié par les Éditions Luce Wilquin en 2002. Ses thrillers sont des best-sellers aux Pays-Bas, en Allemagne et aux États-Unis. Sa traductrice, Emmanuèle Sandron, est également écrivain. Ses trois ouvrages ont été publiés aux Editions Luce Wilquin.

Un roman de politique fiction qui se déploie à un train d’enfer dans les milieux diamantaires, entre Anvers et l’Afrique du Sud Une fois le livre refermé, mine de rien, on sait tout du diamant et des trafics dont il fait l’objet pour financer les guerres qui déchirent l’Afrique. On a également l’impression de connaître Anvers et Johannesburg comme si on y était né. Passionnant de bout en bout, porté par l’action, le suspense et un style plus maîtrisé que jamais, il est aussi nourri de personnages bien campés, attachants et à la psychologie finement observée, d’un humour très présent et de plusieurs intrigues croisées, dont deux grandes histoires d’amour…

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Les premières lignes
De sa dernière rencontre avec son père, il se souvenait surtout de la partie inférieure de la paroi grise parsemée d’éraflures et de dessins obscènes qui séparait les détenus des visiteurs. Il n’était pas encore assez grand pour voir de l’autre côté. Au-dessus de sa tête, une vitre pare-balles courait jusqu’au plafond. Elle était maculée de traces de doigts et de rouge à lèvres: les gens essayaient de se toucher et de s’embrasser à travers le verre froid, dur et sans vie.

Collectif – Othello, Lear, Macbeth : quatre siècles en scène (Marginales n°256)





Avec des fictions de Thilde Barboni, Véronique Bergen, Chantal Boedts, Dominique Costermans, Luc Dellisse, Bérengère Deprez, Jean-Pierre Dopagne, Vincent Engel, Roger Foulon, Kenan Görgün, Jean Jauniaux, Claude Javeau, Philippe Jones, Françoise Lalande, Jacques Lefèbvre, Jean-Louis Lippert, Adolphe Nysenholc, Jean-Pierre Orban, Liliane Schraûwen, Daniel Simon, Jean-Luc Wart, Yves Wellens et Aurélia Lee.

Othello, Lear et Macbeth ne sont d’aucune façon devenus des pièces de musée. Ils sont plus que jamais des provocateurs, ils mettent en branle la fantaisie et l’humeur créatrice. Les textes réunis ici trouvent dans la référence à leur ombre portée une formidable énergie. Shakespeare demeure un entraîneur de première force, comme s’il était parmi nous, fort de son charisme et de sa charge émotionnelle.

Les premières lignes
En cet automne 1604, l’auteur nommé Shakespeare est la coqueluche de Londres. Il n’a pas quarante ans, mais il a déjà quelques exploits à son actif. Ses pièces ont fait des tabacs, dans tous les genres. Ses comédies ont diverti, ses pièces historiques ont rafraïchi les mémoires, et puis surtout deux tragédies ont fait courir les foules vers le théâtre en forme de tour de bois dont il est le principal pourvoyeur en textes, sur la rive sud de la Tamise.

Collectif – Résonances

Ce recueil regroupe les nouvelles des sept lauréats du concours Fureur de Lire 2004 en Belgique : Jean Botquin, Florence de Crawhez, Anna-Maria Bigot, David Doma, Alain Marichal, Mirko Popovitch, Emmanuelle Urien.

Résonance… Mot déclic, mot magique, magnétique siront les scientifiques, acoustique préciseront les musiciens, écholalique renchériront les poètes ! En tout cas, mot rebondissant, qui renvoie, ricoche et fait écho jusqu’à en perdre parfois l’homonyme raison tant il multiplie les sens et les sons !

Anne-Claire Cornet – Île et elles

Collection Sméraldine, 2004
14 x 20,5 cm, 158 pages
ISBN 2-88253-253-9
Prix: EUR 16.-

Anne-Claire Cornet, née à Bruxelles en 1960, y enseigne l’anglais. «Île et elles» est le cinquième roman de cet auteur sensible et généreux, qui publie depuis ses débuts aux Éditions Luce Wilquin. Ses précédents titres : «Yol» (1996), «Nacre et ambre» (1998), «Aimer Marie» (1999) et «Isabelle dansait» (2003).

«D’où vous vient cette douceur, Louis ?… Ce talent à aimer?» Est-ce la nuit ou les flammes du feu qu’ils se sont allumé en attendant le bateau?… Il y a quelque chose de familier dans le visage, la voix de la jeune femme qui lui pose cette question, quelque chose qui le cherche, et ne le trouve pas, pas encore… En attendant, de question en question, (et elle sait y faire!), Louis se raconte. Sur cette île au milieu de nulle part, il lui parle, tout simplement, d’elles, Hélène, Catherine et Anne, et Myriam.

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Les premières lignes
« Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? – … Pardon… ? – Vous allez vous rendre aveugle à fixer la mer comme cela… Attendez que je grimpe jusqu’à vous… Ouf ! ce n’est plus de mon âge !… Je me présente, Louis Clerbois. – Bonjour… Mm… Bonsoir, plutôt. – Oui, la journée se termine, il commence à faire un tout petit peu plus frais… Vous permettez que je m’assoie ?… Non, ne bougez pas, il y a bien assez d’ombre pour deux… Vous savez, j’ai bien cru être resté seul sur cette île, mais je vois que le bateau vous a oubliée aussi…

Luc Baba – Le marchand de parapluies

Luc Baba, né en 1970, est professeur d’anglais, animateur d’ateliers d’écriture, comédien et chanteur amateur, écrivain et dramaturge. Remarqué dès son premier roman «La cage aux cris» (Prix Pages d’or 2001), il n’a cessé depuis lors de confirmer son talent en publiant, avec une régularité de métronome, un roman nouveau à chaque rentrée littéraire.

Pierre Grijs est un marchand de parapluies allergique aux fleurs de haies. Il trace des colonnes de chiffres au fond de sa boutique toute grise, lit des poèmes sans gloire, et son laid chien boite. Mais soudain une fille, une jolie blonde, une Charlotte, l’invite à s’asseoir dans un pré… il éternue, se gratte les chevilles, et sa mémoire s’emballe. Le mot bonheur est un anti-héros, et Pierre Grijs vend des parapluies. Ce roman est une mise en scène de leur rencontre à la fois urgente et dévastatrice. Une fois encore, par la grâce de l’écriture, Luc Baba réussit ici à marier merveilleux et sordide, comme dans ses trois romans précédents.

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Les premières lignes
Seul dans l’arrière-boutique, assis à la table où il compte, Pierre Grijs rit. Il rit parce qu’il a dit à Victor: – Victor, quand tu reviendras avec le chien, je serai dans la cour. Mais la cour, au dos de la maison, la cour blanche et fleurie, parfumée d’herbes, cette cour aux abeilles et aux fraisiers en pot n’existe plus depuis longtemps. Il neigeait, ce jour-là, mollement, mais il neigeait. Le père avait clamé d’une voix énorme : – Nous allons toiturer cet endroit. Toiturer ! Et le verbe résonnait dans la tête de tout le monde. Toiturer, Bon Dieu ! Et qu’on ne tente pas de l’en dissuader !

André Sempoux – Italie, poussière de temps

Fondateur d’un Centre universitaire d’études italiennes, André Sempoux est poète, nouvelliste et romancier. Torquato, l’ami d’un autre temps (roman, 2002) et Le bol à moustaches (nouvelles, 2003) ont paru chez le même éditeur. Il a reçu le prix Sander Pierron pour Petit Judas, repris dans Moi aussi je suis peintre en Espace Nord chez Labor.

André Sempoux livre ici un précieux petit recueil de nouvelles, où son amour de l’Italie, et plus précisément de l’Italie de la Renaissance, transparaît à travers quelques textes tout en nuances et en légèreté. Mais rien de pesant ou de didactique là-dedans. Non, ce sont autant de petites histoires ou de notations accessibles à tout le monde. De très beaux dessins tirés des carnets italiens d’Ignace Vandevivere viennent ponctuer les textes et la couverture.

Les premières lignes
Le rêve florentin d’une nouvelle Athènes s’éteignait dans les yeux d’Angelo Poliziano. Il avait dit en strophes mélodieuses, limpides comme une aurore nacrée, la rose nouvelle, un sourire de déesse apaisant les tempêtes, la douce peine dont il est fou de vouloir guérir. Maintenant que le ciel paraissait de sang, et son inspiration tarie, il recopiait pour une autre heure du monde les mots des Grecs et des Latins auxquels il devait tout.

Dominique Segalen – Cœur oxygène

Dominique Segalen est française et née à Alger. Graphiste et peintre, elle vit à Vallauris, dans le Sud de la France. Elle a publié des nouvelles dans des revues littéraires, présenté le travail de plusieurs artistes, animé des ateliers d’écriture pour adolescents et des cafés philo. En relation avec de nombreux écrivains par internet, elle fait aussi partie du jury FNAC, qui choisit les coups de cœur de la chaîne de librairies. Elle porte des lunettes lilas pour voir la vie en rose et adore renifler l’encre d’imprimerie sur les livres neufs.

La montée des eaux du fleuve a noyé le paysage et coupé le village du monde. Ebu ne peut plus sortir seul de chez lui en raison de son obésité. Sa voisine Jo la garagiste au caractère bien trempé, qui cache sa féminité sous une salopette maculée de cambouis, accepte avec réticence d’aider à son évacuation et de l’héberger dans son garage (… sur le pont élévateur!). Mireille, elle, est évacuée avec son orphelinat dans l’école voisine. Jo et Ebu finiront eux aussi par rejoindre le gymnase, et de tendresse en coups de gueule, ces trois-là s’apprivoiseront si bien qu’ils finiront par ne plus se quitter, une fois les eaux redescendues.

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Les premières lignes
Elle est assise. Elle n’a pas sommeil. Ses grands yeux cobalt, dans le dortoir sans lumière, on ne peut pas les voir mais ils sont grands ouverts et balaient la pénombre pour prendre quelques repères. Et le sourire: puissance sept, le sourire. Une certitude en dedans, à l’endroit où elle pose le-doigt-qui-désigne, lui dit que quelque chose est modifié ici, et qu’elle doit aller voir. Une bouffée de joie effleure ses narines à l’idée que mercredi est tout proche. Encore trois jours avant d’avoir huit ans. Alors elle secoue ses boucles noires pour se sentir vivante.

Collectif – Vlaanderen voor Vlaanderen (Marginales n°255)





Avec des textes inédits de: Nicolas Ancion, Alain Berenboom, Huguette de Broqueville, Yves Deleu, Luc Dellisse, Ludovic Flamant, Kenan Görgün, Marianne Hendrickx, Claude Javeau, François Jongen, Andreï T. Knigovoï, Françoise Lison-Leroy, Daniel Simon, Alain van Crugten, Françoise Wuilmart et Geert van Istendael

Les premières lignes
Sommes-nous au bord du précipice, et sur le point de faire un grand pas en avant? L’image que nous a conçue notre ami Roland Breucker, grand maître de la synthèse iconique, et qui figure en couverture, n’y va pas par quatre chemins. Variation sur la parabole breughélienne des aveugles, elle indique que pourrait bien se commettre une fatale bévue, plus qu’encouragée par un lion noir qui pousse impavidement à la faute.