Sméraldine
14 x 20,5 cm, 256 pages
ISBN 978-2-88253-525-7
EUR 20.-
Quel est le point commun entre une quadragénaire moderne, belge et blonde du XXIe siècle et un trappeur amérindien né dans les années ’20 ? Le sang !
Marie a quarante-sept ans. Avec Alex, son mari, et Nola, leur fille de seize ans, ils forment une famille bourgeoise contemporaine : un boulot accaparant, une indispensable vie sociale, un chien à poils longs, des engueulades et des fous rires, des sushis le samedi, des impertinences d’ado avec un peu d’herbe fumée en cachette et, bien sûr, trop d’Internet. Rien d’extraordinaire, en somme.
Mais ça, c’était avant. Avant que Marie découvre le secret bien gardé du passé passionné et violent qui est le sien. Tantôt cruelle et tantôt drôle, émouvante et parfois désespérée, la révélation de ce secret tisse peu à peu une histoire qui rapprochera Marie de sa fille.
Parce que nous avons tous de vieux secrets, petits ou grands, l’auteur de Zebraska célèbre, dans son huitième roman, l’imagination, la mémoire, l’amour, l’humour et la joie de vivre comme alternatives au silence.
Isabelle Bary est née à Vilvorde en 1968, d’une maman mi-flamande, mi-anglaise, et d’un papa bruxellois francophone. Comme les chevaux, la lecture et le chocolat, l’écriture a conquis son cœur dès l’enfance, mais la possibilité de la vivre n’est venue que bien plus tard, après ses études d’ingénieur commercial Solvay et une courte vie de femme d’affaires.
En librairie le 2 septembre 2016
Les premières lignes
Les doigts crispés sur le volant, Alex pilonna le frein. Marie poussa un petit cri qu’elle estima d’emblée ridicule : il n’y avait eu aucun impact. Un homme se tenait là, droit devant eux, au milieu de cette rue tranquille caractéristique des quartiers bourgeois. Un homme nu. Entièrement nu ! Alors qu’Alex se remettait de l’effort fourni pour éviter l’obstacle en récitant silencieusement un vers de Baudelaire, Marie calmait sa tachycardie en calculant le nombre de microsecondes qui auraient transformé ce moment surréaliste en cauchemar sanglant. Jamais ils ne sauraient qui était cet homme. Ni même son âge, s’il était beau ou moche, effrayé ou amusé. Les phares n’éclairaient qu’une certitude : le genre était masculin ! Lorsqu’Alex s’apprêta à le rejoindre, l’inconnu fit volte-face, leur offrant la version pile de son bas-ventre. En quelques secondes à peine, il avait disparu. On aurait pu croire alors que rien ne s’était passé. Sauf que Marie tremblait. L’incident avait éveillé cette chose en elle. Cette chose dont elle ne parle pas et qui l’habite depuis toujours. Non, pas depuis toujours, mais c’est pareil. L’effet est le même, tétanisant. Alex savait, bien sûr. Alors, il lui a caressé la joue puis, y approchant ses lèvres à la manière d’un baiser, il lui a susurré ce qui lui venait simplement à l’esprit : Ce type, Marie, avait la fesse molle !
Le rire était sans aucun doute le plus joli trait d’union entre ces deux-là.