Joseph Duhamel – Xavier Hanotte, les doubles

Romancier, nouvelliste, poète, traducteur, Xavier Hanotte développe depuis 1995 une œuvre d’une rare cohérence. Ses livres où l’expression des doutes, des inquiétudes, des joies est à la fois juste et forte révèlent en outre des structures imaginaires et narratives riches et élaborées. Davantage qu’un romancier prenant la guerre pour cadre, il est le romancier du Mal, ce Mal qui s’insinue au cœur même de l’absolu du Bien. Si le réalisme magique conditionne son œuvre, cette esthétique apparaît comme un moyen privilégié d’exprimer la problématique fondamentale de sa démarche : le double. Les personnages, les lieux, les époques, tout entretient des rapports complexes de double, de même que la plupart des récits sont des histoires doubles.

Les premières lignes
Dans ses romans et nouvelles, Xavier Hanotte s’est créé un univers littéraire d’une grande cohérence. Il a inventé des personnages attachants, plongés dans le quotidien, confrontés à des doutes et des questionnements sur l’existence, butant sur la difficulté d’établir une relation amoureuse. Il a créé une atmosphère où les ciels changeants se teintent de nostalgie. Il témoigne d’une sensibilité qui fait que ses textes sonnent juste.
Mais la simplicité trompeuse de la narration cache des compositions élaborées. Les diverses composantes du roman sont étroitement intégrées dans des structures complexes. Entre la vision du monde, la conception esthétique de la littérature, les propos explicites des personnages, du narrateur et du romancier, la construction de l’intrigue, les thèmes, les réseaux d’images, les faits de langue, existe une forte cohérence. Cette unité, loin d’étouffer le sens, permet au contraire que le texte s’enrichisse par la résonance de liens le plus souvent implicites.

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