Archives de catégorie : Publications

André Sempoux – Torquato, l’ami d’un autre temps

Fondateur d’un Centre universitaire d’études italiennes, André Sempoux est poète, nouvelliste et romancier. Il a reçu en 1995 le prix Sander Pierron pour Petit Judas, maintenant repris dans Moi aussi je suis peintre (Labor, Espace Nord, n° 151).

Une vraie biographie de Torquato Tasso, mais présentée comme au second plan, dans un rapport neuf de roman et d’Histoire, et devenue thriller affectif, allègre, ironique.
Existe également au format numérique téléchargeable sur tous les types de liseuse

Les premières lignes
Dans quelques jours il me faudra déjà quitter Sorrente, dont les anciens avaient fait le séjour des sirènes et où mon programme a failli capoter. Je devais bien m’attendre à ce que la maison natale de mon poète n’existe plus, mais tant d’hôtels chics s’étagent maintenant sur la falaise! Plus d’une fois, pour former mes images, j’ai cherché de l’aide dans le cloître qui, lui, n’a pas changé. Une végétation presque tropicale éclabousse de couleurs vives et de parfums poivrés son silencieux ocre gris. Combien de temps un bébé voit-il en noir et blanc? La question m’obsédait, car les arbres fruitiers en étaient au plus fou de leur floraison et j’aurais voulu rendre par des yeux de tout petit un paysage qui, au seizième siècle, ne devait être fait, sous la flambée tendre des bouquets, que de mer et de ciel. Nous n’aurons pas eu de bébé, Sandra et moi. Le médecin qui m’a appelé peu de temps après notre mariage n’y est pas allé par quatre chemins : désolé, ce n’était pas un enfant que madame avait dans le ventre, mais une tumeur.

Bob Mendes – La force du feu

Auteur de nombreux thrillers qui furent tous des best-sellers dans leur édition originale, Bob Mendes, écrivain belge d’expression néerlandaise, est traduit dans plusieurs langues, notamment en anglais et en allemand. La force du feu est son premier roman paru en français.

Le 16 août 1953, le puissant Darius Razdi, conseiller du Shah, fuit Téhéran au moment où les rebelles veulent renverser le régime pro-occidental dans la ville en ébullition. Le même jour, après des péripéties incroyables, il fait un fils à sa troisième femme, qu’il vient d’épouser, et viole Sharon Stern, une jeune Juive étudiante en médecine qui, elle, fuit l’Irak hostile aux Juifs. Le petit Simon naîtra neuf mois plus tard. Mais qui en est le père ? Une fois le calme rétabli à Téhéran, Razdi réinvestit le domaine imprenable de Chinvat. L’heure est à la vengeance… Razdi veut retrouver Simon et élever ses deux fils ensemble. C’est alors que commence, en Israël comme en Europe (Paris, Vienne, etc.), une traque sans relâche qui durera vingt-cinq ans… Dans le contexte de l’effondrement de l’Iran du Shah, Mendes décrit avec maestria les luttes d’influence qui déchirent le Moyen-Orient, sur fond d’affrontement entre les grandes religions (islam, judaïsme, christianisme, zoroastrisme) et… de lutte pour le pouvoir à travers la maîtrise des pétrodollars. Un thriller passionnant écrit dans un style haletant.

Les premières lignes
Le Sikorsky Hoverfly MK1 émergea de derrière le cône du Demavend. L’hélicoptère maintint le cap sud-est en direction de Téhéran, perdant progressivement de l’altitude. À mesure qu’il s’éloignait du volcan, les vents s’apaisaient, le vol se faisait moins turbulent. Fariman, le pilote, se détendit. Les sommets qu’il survolait avaient été enneigés durant la nuit et brillaient au soleil du petit matin. Le contraste avec Téhéran était saisissant. Vue du ciel, la ville offrait un spectacle déprimant. La capitale persane s’étendait à quelques dizaines de kilomètres au pied de la chaîne de l’Elbourz. Elle se composait de pâtés de maison disposés comme les éléments d’une caserne et de quartiers résidentiels mornes et disgracieux aux ruelles humides et aux petites maisons de terre battue. Même les quartiers les plus aisés étaient dépourvus de charme. Plus on allait vers le sud, plus la ville était recouverte d’une fine pellicule de sable jaune, tout droit venu du désert immense qui commençait à ses confins. Petit déclic dans le casque de Fariman, suivi de la voix du lieutenant-colonel Hassan, l’aide de camp du général Zahedi, qui était son officier de liaison auprès du staff général des forces armées persanes. «Moulin à café, ici Persépolis. Me recevez-vous?»

Pierre Guyaut-Genon – Le rivage des égarés

Producteur principal au centre RTBF Namur, Pierre Guyaut-Genon est romancier (plusieurs romans policiers), nouvelliste, auteur de sketches (il co-écrit les spectacles de Richard Ruben) et dramaturge. Sa dernière pièce, «Le Bal des Fonctionnaires», composée avec Bernard Cogniaux, Michel De Warzée et Michel Kartchevsky, connaît depuis sa création un immense succès public.

C’est à Yport, charmant petit village côtier, que Jérémie Della Fassio dira un jour : «La Terre Promise, chacun la porte en soi». Phrase audacieuse, sinon anachronique, dans la bouche d’un rescapé de la Shoah. Paul, sa fille Janis, sa mère Yolande, son ami Daniel, le généreux oncle Jérémie, Béla la chanteuse du Swing Along Jazz Band et tous les autres portent en eux les stigmates de nombreuses existences saccagées. La transmission de la mémoire est le fil rouge de ce roman mêlant humour et tragédie.

Les premières lignes
– Et celle de Jacob qui dit à Salomon: Ma mère, elle est morte. Salomon lui demande: Et qu’est-ce qu’elle avait ta mère? Et Jacob répond: Pas grand-chose, juste un appartement à la mer… – Oui, je la connais, répond placidement Paul Simon. – C’est vrai que depuis que l’on se fréquente, j’ai déjà dû te les raconter toutes, grommelle Martial Denis, cameraman de la chaîne cryptée Canal Europe. Dans le métier, il est considéré comme un professionnel très efficace et un raseur qui ne l’est pas moins. Providence des membres du personnel dont la vocation est de glander dans les couloirs, mais hantise de ceux qui galopent dans ces mêmes couloirs comme dans leur propre existence. Paul Simon a le temps ce matin-là. Il s’est réveillé plus tôt que d’habitude et s’est rendu dans les locaux de la station pour y humer l’ambiance. Il y a de la cabale dans l’air et il ne dédaigne pas, de temps à autre, laisser traîner les rumeurs à ses oreilles et se faire sa propre opinion. Il n’y parvient presque jamais, l’intrigue n’est pas son fort. Et puis, si Paul était sérieusement à la recherche d’un scoop, ce n’est pas en Martial qu’il trouverait un informateur valable. Non que ce dernier ne soit friand de ce genre d’exercice, mais parce que son sens inné de l’exagération rend ses affirmations peu crédibles.

Thierry Bellefroid – Lâche et persévérant

Après «Madame K ou la juste place des choses», son premier roman aux accents romantiques, Thierry Bellefroid nous présente sa face sombre, cynique. À travers une écriture libérée et décapante, il nous brosse une galerie de personnages tantôt farfelus tantôt pathétiques. Avec un zeste de provocation et beaucoup d’humour, «Lâche et persévérant» vous emmène sur les traces d’une famille déchirée par le poids d’un trop lourd secret. Thierry Bellefroid est journaliste à la RTBF, où il anime entre autres Signé dimanche.

«Ma femme est fade. Un véritable dictionnaire de la normalité.» Les premiers mots de ce livre donnent une idée du cynisme du narrateur. Page après page, dans cette galerie de portraits partagée entre deux familles: celle, insipide, de la mariée et celle, déjantée, du narrateur – se découvre un plan machiavélique et totalement amoral. Martine est une jeune femme sans personnalité et dénuée de charme. «Une fille comme une feuille blanche, où tout reste à écrire», écrit son mari. Partant de ce glacial constat, le narrateur va façonner Martine à sa manière. Son but? La faire ressembler au seul grand amour qu’il ait connu: Chrys. Mais tout le monde n’est pas prêt à le laisser faire…

Les premières lignes
Ma femme est fade. Un véritable dictionnaire de la normalité. Pourtant, ils ont tous les yeux rivés sur elle, cet après-midi. Non pas qu’elle soit plus belle que d’habitude. Sa robe de mariée ne parvient pas à la mettre en valeur (à moins que ce ne soit l’inverse?). Je crois qu’ils cherchent tout simplement à comprendre ce qu’elle fait là. Au premier rang, la famille Maboul au grand complet. Mon père, queue de cheval, dents et costume blancs, ne lâche pas Samantha des yeux. (Hou hou, Papa, regarde par ici, je suis là, je me marie.) C’est la deuxième fois que je les vois ensemble. Ils se sont dit oui à Las Vegas, il y a six mois. À première vue, son Américaine a des arguments en provenance directe de Silicon Valley. Mais mon père, jamais en mal de confidence sur le sexe, m’a affirmé que tout était rigoureusement d’origine. Samantha, c’est le musée du désir. N’importe quel homme normalement constitué ne peut rester face à une fille pareille plus de vingt secondes sans avoir envie d’explorer toutes les salles. Et le plus fort, c’est qu’elle réussit à se donner des airs d’ingénue. Peut-être que ça passera avec l’âge; elle a tout de même douze ans de moins que moi. À côté d’elle, Soeur Marie de la Visitation, ma mère. Le contraste vaut le coup d’oeil. Et la photo de famille à la sortie risque d’être amusante. Plus loin, dans sa chaise supersonique, Bernard, mon frère aîné paraplégique. On ne s’est plus parlé depuis dix ans. Il a fait fortune dans l’informatique. Grâce à son pognon, il peut s’offrir les services de Muriel, l’infirmière-air-bag qui pousse sa chaise avec des allures d’actrice porno.

Collectif – Septembre Gong (Marginales n°244)





Avec des textes de Gérard Adam, Jean Claude Bologne, Alain Bosquet de Thoran, Moh Boualkitab, Éric Brogniet, Huguette de Broqueville, Jacqueline De Clercq, Didier de Lannoy, Luc Dellisse, Régine Detambel, Vincent Engel, Roger Foulon, Marianne Hendrickx, Corinne Hoex, Françoise Houdart, Claude Javeau, Philippe Jones, Françoise Lalande, Jean-Louis Lippert, Françoise Lison-Leroy, Françoise Nice, Adolphe Nysenholc, Jean-Luc Outers, Emmanuèle Sandron, André Schmitz, Liliane Schraûwen, Daniel Simon, Monique Thomassettie, Michel Torrekens, Patrick Virelles et Yves Wellens

Les premières lignes
J’entends ses baskets racler le pavement. La porte se referme. Plus personne dans la salle d’attente. Clore un instant les yeux… Mais peine perdue, son regard vrillé sous mes paupières. Hagard. Buté. Dépossédé. Il est rentré chez lui, des mois, des années, des siècles déjà, femme et enfants partis, envolés, disparus, pas un mot, pas une adresse, rien, le trou, noir, puis rouge, alors il frappe, il frappe, il n’a jamais su que frapper, mais plus personne pour encaisser, alors n’importe quoi, les meubles, les murs, jusqu’au sang, qu’il suce avant de se ruer dehors, apostropher les passants, les menacer du poing, rouge le poing, rouge, terrifiant, on géhèssème, pimpon, camisole, hôpital, piqûre, femme en blanc qui demande, quoi, quoi, une femme, une femme, qu’est-ce qu’une femme…? – Bien sûr, Monsieur Bennasri, vous n’êtes pas en état de travailler, soignez-vous et ne vous inquiétez pas, votre dossier est en ordre, nous continuons de vous indemniser… Mes paroles dans un vide sidéral. Et les mains qui se tordent, et le tremblement des doigts, et les saccades de la tête, du torse, des épaules, violence enkystée, mal, par les neuroleptiques.

Collectif – Périple

Recueil des nouvelles primées au concours «La Fureur de Lire» 2001. Avec des textes de: Évelyne Heuffel, Daniel Adam, Colette Cambier, Jacqueline Daussain, Pierre Geranio, Stéphane Kneubuhler et Yannick Ziegler

Les premières lignes
Quand se soulevaient enfin les nappes de brouillard errant sur la crête des vagues pour que se déverse au loin une coulée de lumière pauvre et rase, on nous lâchait, par bandes, dans les dunes. Et notre envol en flèche, les petits à la traîne, les grands à l’avant, avait tout de celui des canards sauvages qui trouaient nos cieux bas de leurs taches rousses. Nous battions des ailes, chassés par les rafales venues du Zwin, emplies de plaintes d’échassiers. On bâtissait et rebâtissait des châteaux impitoyablement fissurés par la première avancée du ressac, aussi friables que seraient illusoires nos assauts et nos péripéties futurs. On s’évertuait à distinguer de là-haut un phare légendaire aperçu par certains les soirs d’été et qu’une pluie fine aurait décalqué en travers de la mer. On finissait toujours par insulter, en gesticulant dans le vent mauvais, un certain monsieur Hitler dont on ne savait rien, sauf que son nom, encore sur toutes les lèvres, rimait avec «enfer» et avec «bunker», en une ritournelle satanique, et qu’à cause de lui il était dangereux de poursuivre nos échappées au-delà des espaces enfin ouverts aux gosses: de l’autre côté de l’estuaire, les plages n’étaient pas déminées.

Viviane et Luc Mary-Rabine – Si je t’oublie…

Viviane Rabine, juge au Tribunal de Liège, a déjà publié aux Editions Luce Wilquin un roman intitulé Quand le vent se lève…, saga d’une famille juive de Lituanie étalée sur un siècle, et sur trois continents. Luc Mary-Rabine est cardiologue, mais sa seconde passion – à laquelle il se donne sans compter – c’est la photographie. Il y excelle et compte de nombreuses expositions à son actif.

Luc Mary-Rabine photographie les traces matérielles du mal nazi, de l’idéologie qui tuait l’autre, précisément parce qu’il était autre: malade mental, résistant, juif, franc-maçon, tzigane, russe. Viviane Rabine dit les cicatrices subjectives d’un être qui est né quand tout était fini, d’un être qui n’est pas une victime. Elle parle du malaise né d’un legs trop lourd et d’une exigence insatisfaite de réparation. Elle murmure les paroles que n’osent dire ceux qui ne parlent qu’au nom des morts d’alors.

Les premières lignes
J’avais appris: un pas à gauche, un pas à droite, au troisième pas, on tourne, tout change. C’est la valse à trois temps, la seule que je connaisse. La valse. La vase. Trois temps. Et au troisième, tout est bouleversé. C’est l’accouchement de «Si je t’oublie…». Luc travaille par projets. Il photographie les choses telles qu’elles sont. Il les regarde et les garde à la lumière d’une pensée, d’un choix. Il m’a parlé d’une série sur la liberté. Un beau thème, difficile. Il prend des vues de lieux d’enfermement. J’approuve. Ensuite, il m’emmène sur des plages, il veut photographier les fortins qui les balafrent. Il a un titre, en anglais, A German Legacy, le legs allemand. J’éprouve un malaise indéfinissable. Je me tais. Il prend des vues. Enfin, il y a aujourd’hui. Tout vire. Aujourd’hui, Luc dit qu’il a assez erré autour et alentour. Il dit qu’il est temps de dépasser les prémisses. Il dit qu’il faut aller au centre. Il dit que nous allons faire Si je t’oublie…. Luc dit qu’il le doit, que ces images l’attendent.

Jacques Lefèbvre – Berger de pierres

Après «Chambre 404» et «Comme un veilleur» (Prix Gauchez-Philippot 1998), romans sur les rapports entre l’art et l’amour, Jacques Lefèbvre, dans «Berger de pierres», rapproche pour les comparer de manière impertinente le monde universitaire et la Drôme provençale.

Le curriculum vitae placé au début du roman intrigue. Cette succession de dates, de diplômes et d’états de service ne dit pas qui est Martin Sténier. Tout au plus laisse-t-elle entrevoir qu’il s’agit d’un universitaire atypique gérant curieusement sa carrière. Sa vie et sa personne sont telles, en effet, qu’il faut les évoquer de manière non chronologique, mais musicale, laissant les thèmes s’appeler et d’entrelacer pour dessiner un sens. Ainsi vous voyagerez dans l’existence de Martin Sténier, de la même manière qu’il a sillonné le monde. Vous saurez comment et pourquoi il s’est fait, peu à peu, géode pathétique, au coeur constellé de secrets.

Les premières lignes
Séoul, Université, 10 août 1988 La tension artérielle de Kim Park, chef du département de géologie à la Faculté des Sciences de Séoul, vient de monter de deux points. Un de ses assistants, Seok, a installé, sur l’ordinateur du service, un logiciel d’une efficacité spectaculaire, mais qui bloque la machine après dix minutes de fonctionnement anarchique. Il faudrait «défragmenter» le disque dur, suppose Kim Park, et il entame l’opération. Chiffres et noms de codes défilent à toute allure sur l’écran, puis amorcent un léger mouvement giratoire, signe d’un début de vertige. Le télécopieur clignote. Qui peut bien appeler? À cette heure, les bureaux sont fermés. Si Sandra Lee travaille encore dans la pièce voisine, c’est parce qu’elle sait que son patron, Kim Park, quand il est en plein malaise informatique, a besoin d’elle. Elle ne l’aidera pas en posant sur le clavier de l’ordinateur ses ongles félins, impeccablement laqués; mais elle jouera son rôle apaisant de geisha. Le télécopieur déroule un mètre de papier.

Roger Foulon – L’ultime rendez-vous

Roger Foulon a signé de nombreux recueils de poèmes, des essais, nouvelles, contes ainsi qu’une dizaine de romans dont plusieurs publiés aux Éditions Luce Wilquin, notamment «L’homme à la tête étoilée», finaliste du Prix Rossel. Roger Foulon est membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Il a présidé pendant vingt et un ans l’Association des Écrivains belges de langue française. Il est le directeur-fondateur (1956) de la revue littéraire Le Spantole.

Dans ce roman, Roger Foulon évoque avec force, non seulement des événements tragiques (guerre, bombardements, captivité), mais aussi des décors proches du Lot, de la zone frontalière (entre Maubeuge et Rocroi), de la vallée de la Sambre. Jamais, comme ici, l’écriture de Roger Foulon n’a davantage mêlé poésie et destinée poignante.

Philippe Bradfer – La fiancée du canal

Philippe Bradfer est né à Tirlemont ( Belgique) en 1957. Il vit actuellement à Louvain-la-Neuve et enseigne le français. Avec «La fiancée du canal», il signe son deuxième roman.

Neel Van der Weide, la jeune Hollandaise dont on a repêché le corps sans vie dans le lac de Bairon, n’avait que dix-sept ans. Alors que les enquêteurs du SRPJ de Reims sont en passe de démanteler un important trafic de voitures volées, le Parquet leur confie l’affaire, et le commissaire Lartigue se rend aussitôt sur les lieux du crime, redoutant le pire. Il ne tardera pas à s’intéresser à l’étrange comportement de Charles Lagrange, le jeune pharmacien du village, dont l’existence semble singulièrement bouleversée depuis l’arrivée de Neel… Après nous avoir conduits sur les quais de Meuse, à Givet, dans «La nuit du passage», c’est à Reims et sur les bords du canal des Ardennes que nous entraîne cette fois Jean-François Lartigue en quête d’une insaisissable vérité.

Les premières lignes
Verdier venait de jeter, à regret, son dernier chewing-gum sous l’oeil impassible de Martinez lorsque Lartigue regarda une nouvelle fois sa montre. Il était dix-neuf heures vingt et tout semblait se dérouler comme prévu. Le commissaire fit rapidement le point. Depuis le début de leur surveillance, ils étaient déjà trois à avoir franchi la grille d’entrée de l’ancienne cartonnerie. Des jeunes, pareils à ceux qu’ils avaient l’habitude de rencontrer dans les cités de Reims et dont la présence dans ce vieux quartier tranquille avait quelque chose d’insolite. Bien que la voiture fût garée à l’ombre, vitres baissées, la chaleur dans l’habitacle était devenue étouffante. Et les relents de bitume fondu qui empestaient l’air n’arrangeaient rien. – Il fait intenable! se plaignit Verdier. C’est fou ça, je suis sûr qu’il y a encore au moins trente degrés! Quittant le rétroviseur des yeux, le jeune inspecteur regarda en direction du ciel livide. – Si au moins ça pouvait péter un bon coup! Un léger sourire, plein de compassion, glissa sur les lèvres de Lartigue. – C’est vrai qu’un petit orage nous ferait du bien, admit-il.

Luc Baba – La cage aux cris

Luc Baba a toujours vécu à Liège, où il est né en 1970. Il enseigne les langues dans une École de promotion sociale, au service social de laquelle il collabore aussi. Luc Baba est très actif dans le monde du théâtre amateur depuis une dizaine d’années. On l’a vu jouer la comédie, le drame, l’opérette, mais aussi chanter Ferré et Brassens. Il a également interprété en novembre 2000 un monologue de sa plume – «Pauvre diable» -, en compagnie de son épouse danseuse. Enfin, il a déjà écrit quelques pièces de théâtre, dont l’une – «Le jardin des fous» – a été jouée au feu Théâtre du Colombier. Avant le roman primé aujourd’hui, il s’est fait les dents sur plusieurs autres, qu’il considère comme les étapes non publiables de son apprentissage d’écrivain.

Ce roman, qui a reçu le Prix Pages d’or 2001, a sucité nombre de commentaires élogieux. Entre autres des membres du jury du Prix: Sensible et attachant [Ghislain Cotton] Mélancolique et beau. Un rythme qui s’impose de la première à la dernière page [Emmanuèle Sandron] L’auteur sait manier la langue et la faire poésie [Françoise Dury] Relations très fortes entre les personnages [Régis Delcourt] Style souvent savoureux [Anne-Marie Delcourt]

Gérard Adam – L’impasse de la renaissance

Gérard Adam est médecin et vit à Bruxelles. Romancier et nouvelliste, il a déjà publié huit ouvrages aux Editions Luce Wilquin. Citons, entre autres, les romans «La lumière de l’Archange», «Marco et Ngalula» et «Le vol de l’oiseau blanc», le recueil de nouvelles «La croisée des chemins» et le récit «La chronique de Santici, carnets d’un Casque bleu en Bosnie».

Un malaise, une rencontre fortuite, et la vie de Martin bascule. Gérard Adam nous offre ici son roman le plus abouti, peinture douce-amère d’un monde urbain où les plus grandes richesses émergent souvent des milieux les plus défavorisés.