Archives de catégorie : Publications

Richard Miller – Adulte terre

Philosophe de formation et homme politique libéral, Richard Miller est essayiste – c’est un spécialiste du mouvement pictural Cobra et de Christian Dotremont – et nouvelliste. L’écriture est son jardin secret, qu’il rêve de cultiver à temps plein. C’est mal parti… Il est actuellement Ministre des Arts, des Lettres et de l’Audiovisuel de la Communauté Wallonie-Bruxelles.

Frank Novel qui se cherche désespérément des homonymes partout où il voyage, Luc et son étrange histoire de prémonition, le Brûlé qui partit cacher sa souffrance en Suède, le Rouchat sur son terril, Chris et sa bande de petites frappes, l’étudiant Mathieu sur les traces du roi Candaule, Kaïm le sans-papier et tant d’autres… Mais aussi Margot ou Claire, dont la beauté solaire fait oublier le handicap. Et le jeune et fringant inspecteur Marietti, aux prises avec trois affaires pour le moins perturbantes. Tous ces personnages malmenés par l’existence finissent par hanter le lecteur, tant Richard Miller excelle à les rendre vivants.

Les premières lignes
Depuis l’incendie qui détruisit La Fenice, ce quartier de Venise est sans joie. Les couleurs sont ternes, les ruelles plus étroites, les terrasses ont perdu leur âme. C’est du moins, face à l’hôtel où il est arrivé la veille, ce que pense Frank Novel. Son avion avait atterri juste après le départ du dernier vaporetto reliant l’aéroport à la ville. Il avait dû se résoudre à partager un taxi hors-bord avec un couple d’inconnus. La traversée de la lagune, l’humidité chaude de la nuit, la vitesse grisante s’étaient imposées, irréelles. Un moment il avait entendu la jeune femme confier à son compagnon: «Rien que pour cet instant, cela valait la peine de venir… Malgré tout!» Parfois son visage s’illuminait. Elle était belle. Et Venise approchait.

Veronika Mabardi et Réjane Hallet – Maisons d’enfance

Veronika Mabardi est écrivain et femme de théâtre. Réjane Hallet est une jeune illustratrice. Elles ont travaillé ensemble dans le cadre du projet «Une saison particulière» mis sur pied par le Centre culturel régional du Brabant Wallon (Belgique).

Dix personnes, des hommes, des femmes et un enfant, ont accepté de remettre à l’honneur une certaine idée riche et conviviale du bavardage. Ces récits intimes mélange les témoignages à propos de leur maison d’enfance, réelle ou imaginaire. L’enfance où naissent fondamentalement nos grandes histoires, celles qui font de nous ce que nous sommes tous, des porteurs de récits.

Les premières lignes
J’attends. Je ressasse les mots : intimité, maison, parole, théâtre. Je ronge mon frein. Ne pas présager de ce qui va se passer. Ne pas avoir de projet « sur » la rencontre. Et donc je tourne en rond. Pour me divertir de l’attente, la seule solution est d’envisager ma propre maison d’enfance, et d’être aux aguets. Une maison c’est quand tu peux fermer la porte. Cerf, cerf, ouvre-moi… Maintenant qu’ils ont fini les travaux dans la maison, ils se séparent / Ah oui ? qui va garder la maison ? Cadet Roussel a trois maisons, ornées de poutres et chevrons… Qui héritera ? / La maison en indivision… Quel souk, cette maison…

Anne-Michèle Hamesse – Villa Théodore

Anne-Michèle Hamesse écrit. Avec passion. Des romans d’amour. Car, dit-elle, nous en sommes tous les acteurs. Bruxelloise, mère de deux enfants, elle a peu à peu délaissé la peinture, qu’elle exerçait avec talent, pour se donner tout entière à l’écriture. Les Éditions Luce Wilquin ont publié tous ses romans : «Natale» (1994), «Le jeune homme de Calais» (1995), «Bella disparue» (1997), «Le voleur» (2000), et maintenant «Villa Théodore».

«Mon temps s’est arrêté. Ce Mardi gras, veille du Mercredi des Cendres. Étrange, n’est-ce pas, de continuer à vivre après sa mort ?» Après cette entrée en matière, l’auteur entraîne son héroïne dans les dédales de la Villa Théodore, dont les flippers lui permettent d’entrevoir les vivants, ceux qui sont restés. Elle est amenée à rencontrer, au hasard de ses errances fulgurantes dans la villa, son grand-père, une de ses tantes, d’anciens amis, professeurs ou amants. Enfin, comme tous les autres arrivants, elle se voit confier une mission : réunir ses parents après des dizaines d’années de séparation.

Les premières lignes
Je mourrai le jour du Mardi gras. Au pied d’un cerisier de l’avenue Jeanne, Imaginez la scène : un Pierrot lunaire s’étale sur le trottoir sali de confettis. Le soleil blanc de ce matin-là. Funèbre carnaval. J’allais rendre visite à mon comptable, un type sinistre, à la tête de mauvais augure. Je ne l’ai plus revue de mon vivant. Je ne le regrette pas. A huit heures du matin, je quitte la voiture, chargée de documents pour monsieur Balot. Ma dernière traversée. Le cœur lâche. Voyage rapide vers la poussière. je m’écroule. Au pied de cet arbre pas encore en fleurs. Sur des pétales de papier.

Dominique Costermans – Des provisions de bonheur

Dominique Costermans est née à Bruxelles, elle est journaliste. Signe particulier : photographie les nuages, brouille les cartes, s’évade dans les gares et sur les autoroutes. Croit que la vie est un roman. Pétillante, mordante comme ses nouvelles, elle fait ici ses premiers pas en littérature. Un coup d’essai qui est un coup de maître !

Des provisions de bonheur, un titre sucré pour seize nouvelles acidulées, douces-amères, mordantes, cyniques et tendres. Comme la vie finalement : tragique, à ne pas prendre au sérieux, à consommer sans modération.

Existe également au format numérique téléchargeable sur tous les types de liseuse

Les premières lignes
Café soluble Tabac demi-fort Coca light Galettes Garagiste. C’est l’été ou presque. Les étudiants étudient, les tondeuses tondent, les voisines papotent, les voisins barbecuisent, les enfants apprennent à rouler à vélo. Regarde ce que tu fais. Allez, remonte. On y va. Le vent agite les lilas fanés, les groseilles et les cerises mûrissent, les fraises poussent, les métastases aussi, hélas.

Patrick Roegiers – La Belgique en vers et contre tout

Né en 1947 à Bruxelles, Patrick Roegiers s’est établi à Paris en 1983. D’abord homme de théâtre, il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur la photographie et de sept livres de fiction publiés aux Editions du Seuil, où paraît simultanément en janvier 2003 Le mal du pays – Autobiographie de la Belgique

Ces poèmes macaroniques, très baroques et sans prétention, voire bouffons, font sourire, rire jaune ou grincer des dents, mais donnent en tout cas une certaine vision de cette contrée paradoxale qu’est la Belgique. Qu’on partage ou non les idées véhiculées par ces poèmes, une chose est sûre: ils ne laisseront pas indifférents!

Les premières lignes
A BAS, LAHAUT! Sous l’ample baldaquin qu’il a donc l’air malin face au cardinal Van Roey bon dieu, quelle trouille! et aux parlementaires sanglés dans leur frac sommés de se taire pas de paroles en vrac le prince royal se lève sûr qu’il n’a pas l’air balèze.

Herman Portocarero – Nuits cubaines

Herman Portocarero (né en 1952) fut ambassadeur de Belgique à Cuba de 1995 à 1999. Ce diplomate est aussi écrivain et cinéaste. Son œuvre «cubaine» comprend, outre ces Mémoires, le film Mi Corazón venenoso, le documentaire Rythm & Smoke sur la musique et le tabac cubains, ainsi que roman non encore traduit Trance Atlántico. Il est pour la première fois ici traduit en langue française.

Pas de meilleur guide pour pénétrer la réalité cubaine que ces Mémoires immédiats. La politique y croise la musique, le rythme, l’aventure, la sensualité et la spiritualité au hasard des souvenirs. Comparsa et conga, santeria et orishas, cigares et canne à sucre, rhum et café, c’est toute la vie quotidienne de Cuba qui défile sous nos yeux. Aux récits s’entremêlent intimement des Cuentos del muerto (Contes du mort), qui entraînent le lecteur dans les profondeurs de l’âme cubaine à travers une histoire fictive, mais oh combien révélatrice. Et c’est surtout de cette histoire que le livre tire toute sa magie.

Les premières lignes
BOUM! Vous pouvez régler votre montre : il est neuf heures précises et de la forteresse de San Carlos de la Cabaña, au nord du chenal portuaire, le canon historique El Capitolino tire un coup violent qui ébranle la ville et le monde. Les portes légendaires de la cité de La Havane se referment. Du haut de la forteresse, les soldats en uniforme du XVIIIe siècle embrassent du regard… la ville qui s’éveille. La nuit jette une poignée de perles le long du Malecón, s’insinue dans les ruelles de Habana Vieja, enjambe les ombres monumentales du Vedado, au rythme exubérant de la salsa et de la santería, de ses tambours mystérieux et de ses incantations africaines.

Jozef Deleu – Citoyen de la frontière

Fondateur et rédacteur en chef, de 1957 à 2002, des revues Ons Erfdeel (Notre Patrimoine) et Septentrion (celle-ci en langue française avec de nombreux abonnés en France), Jozef Deleu (né à Roulers en 1937) n’a cessé de jouer un rôle de premier plan dans la vie culturelle de la néerlandophonie. Les deux textes réunis ici appartiennent à la production intimiste de l’écrivain. Les Éditions Luce Wilquin ont déjà publié deux de ses ouvrages en français : un recueil de poèmes intitulé «Les lièvres s’attroupent» (coll. Luciole) et un roman traduit par Liliane Wouters, «Lettres à l’autre rive».

«Citoyen de la frontière» nous parle d’hommes et de femmes qui, à des titres divers, furent tous marqués par des frontières : Marguerite Yourcenar, le grand-père de l’auteur marié à une Française, son père, les émouvantes Francine et Cécilia,… «La Normandie de mes rêves» raconte comment, au début de la Première Guerre mondiale, les grands-parents maternels de Jozef Deleu et leurs onze enfants ont abandonné leur ferme située dans la zone des combats et trouvé refuge dans des familles d’accueil en Normandie.

Les premières lignes
Au moment où l’express Anvers-Amsterdam fonçait littéralement au-dessus des grands fleuves et que, subjugué, j’observais en bas le cours impétueux de l’eau, Cécilia a quitté ce monde, en route vers une destination inconnue. Elle a réintégré le silence dont elle était issue, il y a quatre-vingt-cinq ans. Jamais auparavant le mouvement de l’eau ne m’avait autant fasciné. Il éveillait en moi la sensation douloureuse de la fugacité et de l’irréversibilité du temps qui passe. C’est à ce moment-là que Cécilia a dû mourir. L’annonce de sa mort m’a bouleversé. Le faire-part de décès m’invite à « suivre la famille » bien que je n’en fasse pas partie.

Robert Junod – De si beaux jours à Levallois

Licencié HEC, Robert Junod a fait l’essentiel de sa carrière au Centre Patronal à Lausanne (Suisse). Notamment, et pendant de très longues années, comme Secrétaire général des organisations du livre en Suisse romande (éditeurs, libraires, diffuseurs). Depuis sa retraite en 1993, il collabore au Salon International du Livre et de la Presse de Genève. Après trois romans policiers dans les années soixante, il s’est surtout spécialisé dans les fictions radiophoniques.

Levallois-Perret, février, braquage et prise d’otages à l’agence de la Caisse d’Épargne et de Prévoyance, place de la Mairie. Alain Sauthier l’apprend au sortir de l’ANPE, et cela lui fait un drôle d’effet, car c’est précisément de là qu’il vient d’être licencié après vingt ans d’ancienneté. Mais son passé, plus lointain celui-là, le rattrape aussi en la personne de Dany. Ils se sont aimés naguère, mais il n’avait pas eu le courage de tout quitter pour la suivre. Et la voilà qui l’aborde le lendemain du hold-up dans la file de l’ANPE… Elle a besoin de lui. Et lui, lassé de son épouse acariâtre, a besoin de l’aider et de croire que tout peut recommencer comme avant.

Les premières lignes
Assourdissant, le vacarme de l’hélico, le rotor entraînant les pâles à plein régime afin de maintenir l’appareil au point fixe au-dessus de l’Hôtel des Postes. Et surtout mal venu pour le Commissaire Barnier qui tente, dans le fourgon d’intervention transformé en QG, d’entrer en contact avec l’Agence transformée depuis le début de la matinée en camp retranché. Le Commissaire s’encadre dans la portière. – Qu’est-ce que c’est, Bon Dieu !

Collectif – Miroirs

Textes de Stéphanie Liessens, François Weerts, Sterna Gérard, Christine Hervieu, Clément Laloy, Patrick Ledent et Lorraine Tison Recueil des nouvelles primées par la Communauté Wallonie-Bruxelles lors de la Fureur de Lire 2002

Miroirs… Objet thématique de notre fureur d’écrire ou, plus simplement, de notre envie de nous représenter à notre image, réelle ou rêvée, de refléter nos sentiments avouables ou plus secrets, de déformer certaines vérités mauvaises à dire, de ternir des réputations ou de briller superbement. A chacun ses miroirs!

Les premières lignes
C’est le jour où après un automne pluvieux, cachez-vous le pire est à venir, le jour où après un hiver cinglant comme une paire de claques, tant pis pour ceux qui sont encore dehors et que les autres, ceux qui ont de la chance, attendent entre quatre murs que la vie reprenne un peu de sens, c’est le jour où finalement le soleil consent à reparaître.

Jacques Cels – La poudrière

Ecrivain depuis vingt ans (il a commencé très jeune!), Jacques Cels a publié des poèmes, des essais («L’exigence poétique de Georges Bataille», «Henri Michaux», «Le bathyscaphe»), des pièces de théâtre («Montaigne au château de Gournay», «Érasme et les abeilles»), ainsi que – chez Luce Wilquin – des nouvelles («Les îles secrètes» en 2000) et des romans («Le déjeuner de Paestum» en 1996, et «Le cloître de sable» en 1998).

En novembre 1980, Julien Chaville se rend à la Closerie, une ferme-château du XVIIIe siècle située à proximité de la station thermale de Montaiguillon, pour y rencontrer Madeleine Trenner et en faire le sujet d’un portrait pour une revue. Son intention d’y séjourner quelques semaines se transforme vite en désir de s’y installer définitivement, pour comprendre pourquoi cette peintre talentueuse a subitement tourné le dos à son art à l’âge de 22 ans. Julien découvrira, émerveillé, une propriété aussi ensorcelante que la personnalité de ses résidents,… mais aussi l’amour en la personne de Coline, l’une des petites-filles de la propriétaire.

Les premières lignes
Nous n’étions pas plus d’une dizaine hier soir à nous réunir dans notre salle aux murs de briques et, comme d’habitude, le banquet s’est déroulé sans histoire, même si quelques-uns d’entre nous, jusqu’au dessert, ne sont pas arrivés à se détendre complètement. Nous avions à incorporer dans notre groupe un nouveau venu et, dans ces cas-là, chacun se demande toujours comment cela va se passer, quel sera le contenu des deux ou trois discours obligatoires, de quelle manière et sur quel ton répondra celui ou celle dont nous aurons pourtant examiné la candidature avec la vigilance la plus soutenue. Il est en effet hors de question que nous prenions avec nous n’importe qui.

Luc Baba – de la terre et du vent

Luc Baba a toujours vécu à Liège, où il est né en 1970. Il enseigne les langues dans une École de promotion sociale, au service social de laquelle il collabore aussi. Luc Baba est très actif dans le monde du théâtre amateur liégeois depuis une dizaine d’années, notamment au théâtre Proscénium et au Cactus Théâtre. On l’y a vu jouer la comédie, le drame, l’opérette, mais aussi chanter Ferré et Brassens. Après s’être fait les dents sur plusieurs romans, qu’il considère comme les étapes non publiables de son apprentissage d’écrivain, Luc Baba a remporté en 2001 le Prix Pages d’Or avec son premier roman publié, «La cage aux cris».

Jim. Employé dans une gare de Londres. Marié. Deux enfants. Souliers vernis. Mal au fond de l’âme. Il ne sait pas pourquoi. Mais un soir vient où il comprend, parce qu’un homme a écrit son histoire dans un cahier d’écolier, parce qu’on lui donne sa vie à lire avec des mots entre les lignes, parce que ça change tout. La terre porte des arbres qui lui manquent, et c’est loin, si loin des villes, si loin de ses pas perdus, dans un pays où le vent ne meurt pas comme un cri sur le béton. Quand tout s’effondre, tout reste à faire. Mais l’homme à genoux dans une flaque d’eau ne voit-il pas le ciel de plus près que les autres ?
Existe également au format numérique téléchargeable sur tous les types de liseuse

Les premières lignes
Il pleut depuis l’aube. Les taxis toussent et grognent comme des chiens aveugles, des parapluies s’ébrouent, des pigeons de gouttière s’envolent, du plomb dans l’aile. On les prend pour des emballages vides qui partent sous les coups de pied. – C’est l’automne ! dit une inconnue. – Un temps de canard, oui ! Allez, bonsoir ! Le rire en écharpe, des fillettes courent, glissent, éclaboussent exprès les gamins qui se chamaillent pour avoir moins froid. Il y a aussi un homme qui attend à l’angle de l’avenue. C’est un vieux très seul et sans chapeau. Cela fait une heure au moins qu’il reste là, un pied dans une flaque, à scruter le porche de la gare.

Yves Wellens – Incisions locales

Yves Wellens a publié deux livres (Le cas de figure en 1995 et Contes des jours d’imagination en 1996), chez Didier Devillez. Collaborateur régulier de la revue Marginales, il a participé à divers ouvrages collectifs (Belgique toujours grande et belle, Passages d’écrivains à l’U.L.B.) et écrit nombre de contributions pour des catalogues.

Voici un ensemble de six récits, dont le décor unique est celui d’une Ville, jamais nommée mais aisément reconnaissable. L’auteur, selon sa profession de foi répétée de livre en livre, «vit, écrit et meurt» dans cette Ville. Il ne s’agit pas, cependant, de dresser un portrait de celle-ci ou d’en dévoiler quelque «âme profonde», mais plutôt de voir comment ce décor influe et pèse sur les personnages. Les «Incisions» abordent donc aussi une histoire de cette Ville par le biais de récits situés pendant l’Occupation, retraçant la trajectoire d’un ancien colonial devenu industriel, s’arc-boutant sur les glorieuses années 1960 ou encore évoquant les troubles de 1968 à l’Université. Comme toujours chez l’auteur, l’un des thèmes de l’ensemble est la course de vitesse entre la mémoire et l’amnésie.

Les premières lignes
Ce jour là, Decleve ne put parcourir le quotidien que jusqu’à la neuvième page. Il se rappellerait toujours avec précision la crispation de ses doigts sur le journal entièrement déplié, puis, tandis qu’il repliait celui-ci par des gestes de plus en plus courts, de la fixité de son regard s’accrochant à l’annonce: Il y a un an, nous quittait Pierre LOMME Mais Kastcheï non plus ne s’est pas réveillé. Rien ne permettait d’identifier l’auteur de l’avis; et Decleve ne connaissait pas le personnage qui y était évoqué.