Collection Euphémie, 2003
14 x 20,5 cm, 186 pages
ISBN 2-88253-223-7
Prix: EUR 17.-
Philosophe de formation et homme politique libéral, Richard Miller est essayiste – c’est un spécialiste du mouvement pictural Cobra et de Christian Dotremont – et nouvelliste. L’écriture est son jardin secret, qu’il rêve de cultiver à temps plein. C’est mal parti… Il est actuellement Ministre des Arts, des Lettres et de l’Audiovisuel de la Communauté Wallonie-Bruxelles.
Frank Novel qui se cherche désespérément des homonymes partout où il voyage, Luc et son étrange histoire de prémonition, le Brûlé qui partit cacher sa souffrance en Suède, le Rouchat sur son terril, Chris et sa bande de petites frappes, l’étudiant Mathieu sur les traces du roi Candaule, Kaïm le sans-papier et tant d’autres… Mais aussi Margot ou Claire, dont la beauté solaire fait oublier le handicap. Et le jeune et fringant inspecteur Marietti, aux prises avec trois affaires pour le moins perturbantes. Tous ces personnages malmenés par l’existence finissent par hanter le lecteur, tant Richard Miller excelle à les rendre vivants.
Les premières lignes
Depuis l’incendie qui détruisit La Fenice, ce quartier de Venise est sans joie. Les couleurs sont ternes, les ruelles plus étroites, les terrasses ont perdu leur âme. C’est du moins, face à l’hôtel où il est arrivé la veille, ce que pense Frank Novel. Son avion avait atterri juste après le départ du dernier vaporetto reliant l’aéroport à la ville. Il avait dû se résoudre à partager un taxi hors-bord avec un couple d’inconnus. La traversée de la lagune, l’humidité chaude de la nuit, la vitesse grisante s’étaient imposées, irréelles. Un moment il avait entendu la jeune femme confier à son compagnon: «Rien que pour cet instant, cela valait la peine de venir… Malgré tout!» Parfois son visage s’illuminait. Elle était belle. Et Venise approchait.