Archives de catégorie : Publications

Jean-Luc Wart – Le lion de sable

Licencié en droit né en 1950, Jean-Luc Wart est juge dans un tribunal de police.

Mars 1225. Un baron reconnaît, sous les traits d’un ermite, l’empereur Baudouin de Constantinople, comte de Flandre et de Hainaut, porté disparu vingt ans plus tôt au cours de la IVe croisade. L’ermite n’aura qu’à se laisser porter par la vague d’enthousiasme qu’il suscite. Il fait sa joyeuse entrée à Valenciennes. Trois mois plus tard, il s’approprie presque tout le Hainaut et la Flandre d’alors. De quoi inquiéter la comtesse Jeanne de Constantinople et le roi de France. Avons-nous affaire à un imposteur? Jean-Luc Wart nous emmène au cœur du Moyen ge dans une chevauchée qui nous emportera du Quesnoy à Péronne en passant par Valenciennes, Binche, Lobbes, Mons et Tournai.

Les premières lignes
Une petite armée serpente par les chemins poussiéreux de Thrace. En tête de la colonne, un héraut porte la croix de Constantin, signifiant par là que l’empereur de Constantinople en personne mène ses troupes au combat. En d’autres temps, les manants du lieu se seraient précipités pour s’agenouiller au passage de l’ost impérial. Mais ce jour-là, rien de tel ne se produit. À part l’un ou l’autre berger surpris qui, après s’être empressé de chasser son troupeau braillard de la route, met un genou en terre et courbe l’échine.

Guy Vaes – Les stratèges

Guy Vaes, Académicien, est entre autres l’auteur du mythique Octobre, long dimanche (Plon, 1956) – célébré en son temps par Pascal Pia, Georges Piroué, Julio Cortazar,… – de L’Envers (Prix Rossel 1983) et de L’usurpateur (1994).

Le cinquième roman de Guy Vaes se compose de deux parties. La première nous introduit dans l’ancienne cité universitaire des Grands-Fonds. S’y déroule l’existence quotidienne d’un futur historien. De bizarres préoccupations, des signes troublants la ponctuent. Ces derniers forment-ils un code, délivrent-ils un message? La seconde partie nous mène, à la fin du XIXe siècle, dans une Afrique encore peu connue. Deux explorateurs interrogent les coutumes nocturnes d’une peuplade que singularisent son mutisme et son artisanat.

Les premières lignes
D’une ferme traction de l’avant-bras, son compagnon le fit accéder au sommet. Il y vacilla, les muscles encore tendus par une ascension qui avait excédé ses forces. Dans son regard, que ne se disputaient plus les caprices d’un sentier amolli par les averses, le ciel sauvagement se débonda, l’étourdissant de son envergure et du tranchant de son ardeur. Alors, sans oser lâcher la main qui l’avait secouru, il hasarda un pas en avant, et, refoulant du pied une fronce de centaurées qui bordait le sommet, il entendit dans son dos des pierres débouler les pentes; leurs ricochets, dont l’air très fluide conserva longtemps la résonance intacte, prirent mesure de sa montée et des risques courus. Il se fit l’effet d’un plongeur émergeant d’une cascade, si turbulentes étaient les particules de la lumière, si mugissante l’altitude qui lacérait son tympan. Finalement il retrouva ses esprits et ses huit compagnons.

Collectif – Les Fla, les Fla, les Flamands (Marginales n°247)





Avec des textes inédits de Marianne Hendrickx, Caroline Lamarche, Georges-henri Dumont, Françoise Lalande, Patrick Roegiers, Jean Claude Bologne, Andreï Knigovoï, Huguette de Broqueville, Laurent Demoulin, Anne-Marie La Fère, Adolphe Nysenholc, Corinne Hoex, Daniel Soil, Liliane Schraûwen, Guy Vaes, René Hénoumont, Yves Wellens, Roger Foulon, Jean-Pierre Dopagne, Anne-Michèle Hamesse, Patrick Virelles, Françoise Nice, Michel Torrekens, Daniel Simon, Philippe Jones

Jean-Louis Lippert – Tango tabou de l’Ombu (tohu-bohu)

Jean-Louis Lippert est né à Stanleyville (Congo belge) en 1951. Après une enfance africaine et une jeunesse tourmentée à Bruxelles, il voyage, rencontre une femme, concourt à la naissance de deux filles, écrit et publie tantôt sous son vrai nom, tantôt sous les pseudonymes d’Anatole Atlas ou de Juan-Luis de Loyola. Il inscrit «Tango tabou de l’Ombu» dans la foulée de «Dialogue des oiseaux du phare» et «Confessions d’un homme en trop».

«Notre sphère secouée d’intempéries humaines, il convenait de l’observer avec le patient recul d’un aède issu de la constellation des Pléiades – et donc, du point de vue de l’Ombu. Car l’arbre millénaire sait (non moins que Diderot, descendu ce jour-là de sa statue de bronze) qu’elle fut taillée dans l’une de ses branches, la flèche incendiaire ayant fracassé à New York une tour de verre.» Avec ce nouvel opus, Jean-Louis Lippert veut inventer un genre nouveau, ni roman, ni récit, mais tohu-bohu. Afin de mieux recréer par la fiction les discordances de la société actuelle, et en dénoncer les paradoxes.

Les premières lignes
L’Ombu parle par ma voix. S’il n’y a guère encore, leurs petits jeux s’évaluaient en termes de produit national brut, garant de bonheur et de prospérité, l’universelle faillite leur impose désormais de gérer un attentat mondial permanent, lequel favorise la croissance constante en terreur internationale brute, unique fonds de commerce de la cybernétique planétaire. Comment ne pas remonter à l’affaire de l’Astre d’Or, voici plus d’un siècle à Buenos Aires [Minos Théokratidès]? Pourquoi ne pas se souvenir du séjour de Diderot à la cour de Catherine de Russie [Homère Théokratidès]? Mais aussi : ne pas oublier cette Catastrophe pour les Grecs d’Asie Mineure, peu après la Der des Der [Aristos Théokratidès].

Collectif – Le rendez-vous de Bethléem (Marginales n°246)





Ont contribué au dossier: Tahar Bekri, Alain Berenboom, Véronique Bergen, Chantal Boedts, Eric Brogniet, Huguette de Broqueville, Jalel el Gharbi, Vincent Engel, Roger Foulon, Otto Ganz, Ken Görün, Ha-Lekhem Ha-Adom, Mohamed Hmoudane, Françoise Houdart, Claude Javeau, Philippe Jones, Jack Keguenne, Anne-Marie La Fère, Jacques Lefèbvre, Françoise Nice, Adolphe Nysenholc, Jean-Luc Outers, Alain Sancerni, Daniel Simon, Jacques Sojcher, Alain Suied, Yves Wellens. Avec aussi des inédits de Jean Jauniaux et Herman Portocarero

Les premières lignes
Si tu ne croyais plus que les martyrs vont tout droit au paradis, où les attendent des vierges pour les récompenser, si tu ne te berçais plus d’illusion du retour de tous tes frères dans les villages et dans les villes de tes pères et de tes grands-pères de l’actuel Israël [le jour de son indépendance est pour toi encore le jour de la grande catastrophe], si tu ne vouais pas dans ton cœur l’état sioniste, impérialiste, colonialiste à la destruction, si l’antisémitisme [que tu apprends dans les écoles, dans les mosquées, dans la rue] n’était pas généré par ton ressentiment, par la haine [que je comprends si bien]…

Corinne Jaquet – Les Eaux-Vives en trompe-l’oeil

«Les romans de Corinne Jaquet font aujourd’hui partie du paysage genevois. Le public ne s’y trompe pas qui, à chaque parution, réserve un accueil chaleureux à sa « reine du crime » locale. Cinquième volet des aventures de Norbert Simon et d’Alix Beauchamps, «Les Eaux-Vives en trompe-l’oeil» démontre une fois de plus l’attachement de l’auteure pour sa ville natale. Corinne Jaquet est à Genève ce que Léo Malet est à Paris.» [Jean-Noël Cuénod, La Tribune de Genève]

Genève, février 1995. Une jeune femme est retrouvée morte à Baby-Plage. Qui est-elle ? Quel rapport avait-elle avec cet architecte en vogue disparu sans laisser de traces ? Savait-elle quelque chose à propos du vol mystérieux de tableaux célèbres ? Ce meurtre remet-il en question la création d’un musée dédié à l’un des plus anciens quartiers de Genève ? Ce nouveau mystère plonge le Commissaire Simon et la journaliste Alix Beauchamps en plein cœur du quartier des Eaux-Vives et dans le monde de la peinture, où tout n’est souvent qu’illusion.

Ce titre est retiré de la vente.

Les premières lignes
Depuis le bus, on devinait quelques angles de la pièce au travers des stores à lamelles. L’endroit était violemment éclairé. Les ampoules devaient être à nu, comme après une installation. Par une fenêtre, on apercevait d’ailleurs un escabeau, du papier peint en rouleaux et des pots de peinture. Assis, déterminé à attendre le départ du 6 au chaud, Édouard observait machinalement cet appartement dont les fenêtres se situaient à hauteur du bus. Il vit donc l’homme brun saisir les poignets de la jeune femme.

Collectif – Une Europe de la création

Textes de Ludo Abicht, Lambros Couloubaritsis, Bart De Baere, Jacques Crickillon, Lieven De Cauter, Eric De Kuyper, Luc Devoldere, Claude Javeau, Bruno Kartheuser, Claire Lejeune, Dieter Lesage, Jean-Louis Lippert, Pierre Mertens, Alfred Minke, Rik Pinxten, Jean-Claude Polet, Guido Thomé, Alain Van Crugten, bOb Van Reeth et Leo Wintgens

Pendant la présidence belge de l’Union européenne, et compte tenu des défis posés à l’Europe aujourd’hui, les Ministres communautaires ayant la créativité dans leurs attributions – Richard Miller, Bert Anciaux et Bernd Gentges – ont pensé qu’il était utile, sinon nécessaire, d’inviter vingt créateurs et intellectuels belges à s’exprimer dans le cadre du colloque «Une Europe de la création», qui s’est tenu les 24 et 25 novembre 2001 à Bruxelles. Ce volume reprend dans les trois langues nationales (français, néerlandais et allemand) les contrivutions de ces créateurs.

Les premières lignes
Au nom de la présidence belge de l’Union européenne, je vous remercie d’avoir répondu à l’invitation des Ministres Bernd Gentges, Bert Anciaux et de moi-même afin de traiter, penser, conceptualiser, œuvrer (au sens de réaliser, mais aussi de créer une œuvre), un champ artistique, culturel, intellectuel nouveau, celui qui s’ouvre devant nous avec la construction de l’Union européenne. Ce champ nouveau est présent de façon discrète dans l’intitulé de notre colloque par le mot « une » Europe de la création. En effet pour la première fois dans l’Histoire, un projet politique veut, de façon pacifique et démocratique, unir l’ensemble des populations européennes.

Collectif – Moi, je préférais la suivante…

Les nouvelles de ce recueil ont pour auteurs: Dominique Costermans, Isabelle Lafarge, Michel Lauwers, Nathalie Pondeville, Caroline Hupet, Liliane Winels, Siska Moffarts, Nina Yerganian et Yves Paelinck

Ce recueil rassemble les nouvelles primées au premier concours de nouvelles lancé par la librairie bruxelloise Libris.

Les premières lignes
« Je te dois des excuses. » Jim est assis sur un tabouret de cuisine, ses longues jambes un peu écartées, les coudes sur les cuisses, les mains croisées. Il lève la tête et une petite gêne opaque dans le regard, il dit : « Je te dois des excuses. Je m’en veux d’être un tel cœur d’artichaut. » C’est tout. Il ne dit que cela. Tu t’en contenteras. De toute façon, tu as déjà baissé les bras, à quoi bon chercher à comprendre, autopsier, disséquer cette petite passion morte.

Josyane Stahl – Poulet à la vodka ou l’enlèvement au Bercail

Josyane Stahl est diplômée en russe de la Sorbonne et spécialiste des pays de l’Est. Actuellement chargée des acquisitions de programmes étrangers pour la Télévision Suisse Romande à Genève, elle poursuit ici, avec sa deuxième fiction, une série de polars sur fond de Nouvelle Russie.

Une fillette a disparu du Bercail, un home pour enfants de la banlieue de Moscou. Son père, un danseur reconverti dans le cinéma, soupçonne la mafia mais refuse de porter plainte. Il fait part de son désarroi à Vadim, jeune apprenti-réalisateur, qui en parle aussitôt à son amie Mara. Ce roman noir et tendre nous convie à une découverte de la Russie d’aujourd’hui et de sa capitale, avec ses trafiquants et ses mages, ses artistes et ses charlatans. On y aime, on y boit comme ailleurs, mais peut-être plus follement qu’ailleurs.

Les premières lignes
La neige était enfin tombée sur Moscou, cette nuit-là. Mara l’accueillit avec joie, comme tous les habitants de la ville. Seuls les gens du Nord comprennent la beauté des hivers blancs. Les étrangers résidant en Russie ou qui s’y hasardent entre novembre et mai vivent cette saison interminable comme un long cauchemar. Le terrible hiver russe, vainqueur de Napoléon dans les grandes plaines et des nazis à Stalingrad. L’hiver magique de Pouchkine. En vraie Russe, Tatiana, sans même savoir pourquoi, aimait l’hiver de toute son âme… Mara Abramovna aussi.

Françoise Nimal – La chemineaude

Née en 1967 à Charleroi, Françoise Nimal vit aujourd’hui à Bruxelles. Diplômée en philosophie, elle a travaillé comme enseignante, documentaliste et journaliste. Après son récit C’est en noir que je t’écris (Desclée de Brouwer, 2001), La chemineaude est son premier roman, où se déploie pleinement son style poétique et vibrant d’émotion.

«Le jour où Amina eut douze ans, son père lui coupa l’aile sous le pied.» Ce rite d’initiation étonnant met brutalement fin à l’enfance insouciante d’Amina et signe le début de son long cheminement. Marchant au fil du vent, accompagnée d’un mystérieux chaton noir, Amina va de rencontre en rencontre, à la découverte de l’autre et d’elle-même. Dans une grande maison peuplée de femmes voilées, sur les routes avec une troupe de nomades ou dans une ville menacée par un ogre qui n’a rien à envier aux dictateurs génocidaires du XXe siècle, elle découvrira la violence, la soif d’authenticité, la quête incessante de la liberté et l’amour. Conte philosophique, roman initiatique, mythique et touffu, La chemineaude emporte le lecteur dans un univers fantastique à la Maeterlinck.

Les premières lignes
Le jour où Amina eut douze ans, son père lui coupa l’aile sous le pied. C’était un beau jour de début juin, sucré comme certains commencements d’été. Un parfum de fraises flottait sur le jardin. Au bord du potager, les rosiers étaient en fleurs, en roses jaunes, en roses rouges, en roses roses. Quelques jours plus tôt, la mère d’Amina en avait cueilli quelques-unes, et méticuleusement choisi les pétales les plus tendres pour en faire des confitures.

Collectif – Victor Hugo, c’est nous (Marginales n°245)





Ont contribué au dossier: Jean-Baptiste Baronian, Véronique Bergen, Alain Bosquet de Thoran, Huguette de Broqueville, François de Callataÿ, Andrés Carmín, Ghislain Cotton, Luc Dellisse, Laurent Demoulin, Roger Foulon, Otto Ganz, René Hénoumont, Jean Jauniaux, Claude Javeau, Jean-Louis Lippert, Françoise Lison-Leroy, Patrick Roegiers, Liliane Schraûwen, Georges Thinès, Monique Thomassettie, Yvon Toussaint, Yves Wellens. Avec aussi des inédits d’Admiral Mahic et de Paul Tabet

Les premières lignes
– Esprit, es-tu là ? Une soirée entre amis, un peu arrosée, et puis, à la fin, cette suggestion : « Si on faisait tourner les tables ? » Notre hôte, justement, vient d’acquérir, au vieux marché qu’il fréquente assidûment, un joli guéridon ancien. Quelques rires, et nous voilà tous les cinq autour du meuble antique, les mains se touchant par les auriculaires à quelques centimètres au-dessus de sa surface, selon la règle. On a tamisé la lumière, allumé quelques bougies et, un peu à l’écart, le plus sceptique d’entre nous fera le secrétaire.

Jozef Deleu – Lettres à l’autre rive

Jozef Deleu, né en 1937, est une figure emblématique de la vie culturelle flamande. Depuis plus de trente ans, la fondation Ons Erfdeel lui permet d’en offrir un reflet vivant au public français, notamment à travers la revue Septentrion. Cet homme de dialogue, qui n’hésite toutefois pas à stigmatiser les défauts et les tares du monde culturel et artistique de la Belgique flamande et des Pays-Bas, est également un romancier et un poète remarquables. Son roman «Lettres à l’autre rive», magistralement traduit en français par Liliane Wouters, permet d’apprécier son style tout de pudeur et d’émotion contenues.

« Je veux t’écrire, je veux te parler par papier interposé, bien que je ne puisse espérer de réponse. Peut-être pourras-tu me conseiller, me dire comment m’y prendre maintenant que j’ai trente ans. De toute façon, toi, tu veux bien m’écouter sans rien dire, tu veux bien jouer le jeu, m’aider à reconstituer le puzzle. » Au lendemain de son trentième anniversaire, le narrateur éprouve le besoin d’écrire à son grand-père. Pour faire le point, pour donner vie à ses souvenirs, pour lui raconter son quotidien… Il écrira six lettres, toutes plus émouvantes les unes que les autres. Mais son grand-père ne peut bien sûr lui répondre, il est sur « l’autre rive »…

Les premières lignes
Hier, j’ai eu trente ans et j’ai pris la résolution de t’écrire aujourd’hui. À présent que les enfants sont couchés, la maison est tranquille. Les eaux sont hautes, tout autour – les poules d’eau y jouaient encore il y a peu, comme si elles avaient toujours vécu ici. Cette décision, je l’ai prise tout à l’heure, étendu sur mon lit. Je ne savais pas trop ce qui me chiffonnait quand, soudain, je me suis mis à penser à toi. Je vais écrire, dis-je à ma femme. Elle a souri; elle ne m’en veut pas quand je la laisse seule. D’habitude, je m’enferme dans mon cabinet de travail. Mais pour t’écrire à toi, je ne l’ai pas fait. Toi, d’ailleurs, tu n’as jamais eu de cabinet de travail. J’ai pris un gros cahier quadrillé et me voilà assis. J’ignore toujours ce qui va m’inspirer, celui qui ne se trouve pas, comme moi, sens dessus dessous avec lui-même, jugera sans doute la démarche banale, trop simplement humaine peut-être, en tout cas décousue, pour ne pas dire incohérente.