Un lutin sur l’appui de fenêtre [conte (presque possible) de Noël] – Nadine Fabry

474blog

Une petite ville au milieu de nulle part, bercée par les légendes de l’Ardenne profonde. Il ne s’y passe rien, et pourtant…
Quel est ce fil invisible qui relie Claire, Nina, Pierre, Aurore et les autres tout au long du récit ? Quelle est la part du hasard et de la probabilité dans le croisement de leurs destins ? Comment un grand secret s’infiltre-t-il dans la vie de chacun, laissant des vides, des traces et des frustrations, mais aussi une énergie vitale et des pistes à suivre pour découvrir qui ils sont ?
Un conte de Noël sous le regard de Tom, petit lutin sur l’appui de fenêtre
Disponible chez votre libraire
Existe également au format numérique téléchargeable sur tous les types de liseuse

Les premières lignes
1987 Une petite ville née quelque part au pied d’un plissement hercynien.
Un lac, un camping et le début de l’été qui ron­­ronne. Les familles du dimanche profitent du soleil, c’est pique-nique badmington ballon pétanque, baignades en culotte et petits cailloux collés sur les fesses. Les enfants jouent et les parents se reposent sous les arbres.
Une jeune femme lit, couchée à plat ventre sur sa serviette rose pendant que son petit garçon de quatre ans farfouille dans son sac. Il cherche une carte postale avec un timbre qui représente un kangourou. C’est une carte géante avec des routes, des déserts et la mer tout autour. Il préfère celles avec des blagues et des dessins marrants ; il les collectionne. Ces cartes ont traversé une mer immense et des tas de pays pour arriver dans sa boîte aux lettres, elles viennent d’un endroit lointain qui s’appelle l’Australie mais il dit l’ « autre Allie ». Sa maman le lui a montré sur la grosse boule du monde, car c’est là que vit son papa. Son papa, il ne l’a jamais vu, il rêve souvent de lui en habits de cow-boy au milieu des vaches et des moutons.

Continuer la lecture

Colombe finaliste du Prix du deuxième roman francophone

BrucherblogArmel Job, son président, vient de livrer la liste des auteurs finalistes du Prix et festival du deuxième roman francophone. Et nous avons la grande joie de compter un auteur dans cette sélection de six romans : Éric Brucher, avec son très sensible Colombe. Il est le seul écrivain belge retenu, aux côtés de Brigitte Allègre, Hervé Bel, Hélène Grémillon, Jean-Michel Guenassia et Capucine Motte.
Le lauréat sera connu le 17 mai au cours du Festival du deuxième roman, qui a lieu é Marche-en-Famenne (Belgique).

Hope dans la sélection du «Goncourt des animaux»

DCF 1.0Le roman La vie selon Hope d’Isabelle Bary figure dans la sélection du Prix littéraire 30 Millions d’Amis, surnommé le «Goncourt des animaux».
Frédéric Lenoir, Michel Houellebecq, Irène Frain, Didier Decoin et Jean-Loup Dabadie font partie du jury.
Le Prix sera proclamé le 19 novembre chez Drouant, à Paris.

Un prix et des sélections…

DupuisblogNous sommes heureux de vous annoncer que
Passés imparfaits de Patrick Dupuis
a reçu le Prix de la Nouvelle – Lauzerte 2013
(devant Joël Egloff, Isabelle Kauffmann, Corinne Pourtau et Jan Thirion).
D’autant plus heureux que Lauzerte est en quelque sorte La Mecque de la Nouvelle.
À retenir aussi :
La vie selon Hope d’Isabelle Bary est l’un de six romans retenus pour le Prix Soroptimist de la romancière francophone (France) et est sélectionné pour le Prix littéraire 30 Millions d’amis
La vie de mes rêves d’Alexandre Janvier est en lice pour le Prix du premier roman L’Esprit large (France)
Cœurs d’assaut de Véronique Emmenegger figure dans la sélection finale du Prix Edelweiss (Suisse)
Le sous-bois d’Anne-Frédérique Rochat fait partie de la sélection de novembre du Prix Gael des lectrices (Belgique)
La solitude du papillon de Laurence Bertels est également retenu pour le même Prix (Belgique)

Sur l’océan de nos âges – Françoise Pirart

472blog

Lorsque Lara fait la connaissance d’Antonine au Doux Repos, la dame affiche quatre-vingt-quinze printemps, une santé de fer et une sacrée dose d’humour teintée de sarcasme.
Entre la rude Wallonne qui a traversé toutes les guerres et Lara, la jeune pianiste si troublante, une amitié indéfectible va éclore. Trois années de conversations, de confidences mutuelles dans la douceur des gestes et le secret des silences.
Mais en vérité qui est Lara ? Qui est cette musicienne sur­­douée, fragile au point d’avoir renoncé à une carrière hors du commun ?
Disponible chez votre libraire ou, à défaut, à commander ici
Existe également au format numérique téléchargeable sur tous les types de liseuse

Les premières lignes
Les restes de moi s’en vont. Mon armoire n’est plus celle d’avant. Il y a deux mystères à explorer : que sont devenus mon secrétaire en acajou et mon abat-jour bleu à festons jaunes ?
Je ne sais pas ce qu’on me veut. Aujourd’hui, j’ai été emmenée par ceux-là. L’un, grand et fort, était plutôt beau garçon, il aurait pu me plaire. Croit-on que je puisse regarder un homme sans le voir comme tel ? Sous sa blouse blanche (ils en ont tous), il devait avoir un torse musclé qui prête à tous les désirs, des jambes longues et bien faites, des pieds d’homme préhistorique. Ah ! je disais toujours à Albert qu’il avait des pieds d’homme préhistorique !
On m’emporte, je suis devenue une toute petite chose qui glisse entre leurs doigts. Je glisse et je me tais. De toute façon, on ne m’écoute pas. La fois passée – hier ? avant-hier ? –, j’ai demandé pourquoi j’étais ici. On m’a répondu que c’était pour mon bien. Que pour moi, il n’y avait pas d’autre solution étant donné mon âge.
Je suis stupéfaite. On parle de mon âge, mais on ne me pose aucune question précise à ce sujet. Certes, j’avoue ne plus être une jeunette, mais quand même… Questionner une femme sur un sujet aussi délicat est très souvent indélicat.

Continuer la lecture

Michel Lambert, les âmes fêlées – Emilie Gäbele

473blog

Michel Lambert est un nouvelliste renommé. Voici la toute première monographie consacrée à son œuvre complet, avec un entretien exclusif et un texte inédit. Sans oublier un cahier de photos.
Pour se familiariser avec l’univers d’un écrivain belge trop méconnu ou le retrouver sous un jour éclairant. Mais aussi un outil pédagogique remarquable pour les étudiants… et les professeurs, qui programment cet auteur en classe.
Disponible chez votre libraire ou, à défaut, à commander ici
Existe également au format numérique téléchargeable sur tous les types de liseuse

Les premières lignes
Dans ses romans et recueils de nouvelles, Michel Lambert a développé une même note, a créé un univers cohérent et concordant. Des liens se tissent entre chaque texte, des échos se répondent d’un récit à l’autre et font sens : des personnages, des thématiques, des expressions, des structures formelles, etc. Cette volonté d’unité – peut-être ignorée par l’auteur au départ – constitue toute sa richesse.
Le roman et la nouvelle sont deux pratiques littéraires différentes qui pourtant se rejoignent. Michel Lambert estime que, dans un roman, chaque chapitre doit avoir un enjeu propre, comparable à celui qui est indispensable dans une nouvelle. Chaque chapitre pourrait presque se lire de manière autonome. Les recueils de nouvelles peuvent également être lus comme des romans, chaque recueil étant porteur d’une même thématique. Tous ses récits, qu’ils aient donné lieu à des romans ou des nouvelles, partent d’un personnage qui devient la base même du récit.

Continuer la lecture

Rencontrer nos auteurs en octobre-novembre

En librairie, bibliothèque ou cercle littéraire
Anne-Frédérique Rochat (Le sous-bois) est attendue en Suisse à la Bibliothèque Médiathèque de Vevey le 7 octobre à 18h30, à la librairie Des livres et moi de Martigny le 26 octobre dès 15h30 et au cabaret littéraire Le Tastemot à Lausanne le 28 novembre à 20h. Vous pouvez aussi l’écouter dans l’émission Entre nous soit dit, sur la Première de la RTS, le 7 novembre de 14h à 15h.
Line Alexandre (Ça ressemble à de l’amour) participe à la Soirée des lettres de l’AEB à Bruxelles le 16 octobre dès 18h. On la retrouve le 18 octobre à 20h à l’Aquilone à Liège pour une soirée de lecture en conmpagnie d’Agnès Dumont et le 22 novembre à 19h30 à l’Atelier, toujours à Liège, pour des lectures en compagnie de Luc Baba (Les sept meurtrières du visage) et Agnès Dumont.
Alexandre Janvier présente son premier roman La vie de mes rêves le 23 octobre de 18h à 20h à la librairie Filigranes à Bruxelles.
C’est à la librairie Club de Stockel qu’Aurelia Jane Lee dédicace son dernier roman L’arbre à songes le 26 octobre dès 14h. Et on la retrouve le 18 novembre à la librairie L’Oiseau-Lire à Visé.
Laurence Bertels présente son premier roman La solitude du papillon le 13 novembre de 18h à 20h à la librairie Filigranes à Bruxelles, le 14 novembre en soirée à la librairie Graffiti à Waterloo – mais cette fois en compagnie d’Aurelia Jane Lee et d’Isabelle Bary –, le 16 novembre de 10h30 à 12h30 à la librairie de l’Espinette centrale à Rhode-Saint-Genèse et le 30 novembre de 15h30 à 18h à la librairie Once upon a Time de Linkebeek.

Dans les salons du livre
Geneviève Damas (Si tu passes la rivière) est invitée au salon du livre de Royat-Chamalières les 5 et 6 octobre, à la Foire du Livre d’Alger du 4 au 7 novembre et au Salon du livre de Montréal du 20 au 25 novembre.
Au Salon du livre d’Ozoir-la-Ferrière, on retrouve Luc-Michel Fouassier (Fragments d’un fait d’hier), Patrick Dupuis (Passés imparfaits) et Joël Glaziou (Ce fut une messe… en forme de corrida).
Du 9 au 11 novembre, la Foire du Livre de Brive accueille Mélanie Chappuis (Maculée conception et «Dans la tête de…» à paraître) et Luc-Michel Fouassier.
Michelle Fourez (Une famille) est présente au salon du livre de Tournai, Tournai la page dans la Halle aux Draps, le samedi 16 novembre de 10h à 18h.
De nombreux auteurs sont présents au salon du livre Mon’s Livre: Françoise Houdart, Françoise Pirart, Daniel Charneux, Patrick Dupuis, Luc-Michel Fouassier, etc.

La solitude du papillon – Laurence Bertels

469blog

Pendant qu’Isabelle lit Madame Bovary pour la quatrième fois, se languit et s’interroge sur sa vie de couple, un accident survenu en montagne bouleverse l’existence de sa fille, Clara. Chrysa­lide appelée à devenir papillon, la jeune fille va surmonter de nombreux obstacles pour attirer enfin les regards vers elle… Elle passera ensuite sans transition de l’enfance à l’âge adulte, celui où les amours se déchirent, où les solitudes s’installent.
De Paris à Gérone, en passant par la petite ville côtière de Veules-les-Roses en Normandie, se tissent les destins de personnages intimement liés sans le savoir par des secrets de famille.
Disponible chez votre libraire ou, à défaut, à commander ici
Existe également au format numérique téléchargeable sur tous les types de liseuse

Les premières lignes
Une lettre de Catherine. Isabelle s’interroge. Elle a failli la jeter en même temps que les dépliants publicitaires. Elle ne reçoit presque plus jamais de courrier, de vraies lettres. Un pincement au cœur. Elle se croyait guérie, et pourtant ses mains tremblent légèrement. Que lui veut-elle ? Elle se retient de ne pas l’ouvrir sur le trottoir, là dehors, devant d’hypothétiques passants. Elle pousse la grille de sa maison, en gravit le sentier en calmant sa respiration et cherche à retrouver sa fragile sérénité.
Elle attendra d’être assise à la table de la cuisine pour lire. Elle se prépare un thé, se persuade qu’elle a le temps, qu’il n’y a pas d’urgence, que tout est joué, de toute façon. Cinq ans qu’elle n’a plus vu son amie. Que veut-elle lui dire ? Isabelle ouvre l’enveloppe à l’aide de son coupe-papier en ébène, un souvenir de son père qu’elle ne sort que pour les grandes occasions. La missive est brève. C’est important.

Continuer la lecture

Les sept meurtrières du visage – Luc Baba

470blog

Secrétaire sans histoire et sans boulot, Basile vit entre le lierre en pot de sa cuisine et le bar de Grant. Il ne fréquente pas le monde. Son entourage se limite à Hélène, une amie célibataire, seule et sans passion comme lui, et pad, son grand-père qui l’a élevé.
Un jour, rendant visite à son médecin pour quelques vertiges qui l’inquiè­tent, Basile apprend qu’il souffre d’un mal incurable. Il est sur le point de perdre les sens, tous, et il ne lui reste qu’à se préparer. Commence alors une quête désordonnée. C’est qu’on ne se prépare pas à devenir un œuf comme on se prépare une omelette.
Disponible chez votre libraire ou, à défaut, à commander ici
Existe également au format numérique téléchargeable sur tous les types de liseuse

Les premières lignes
À peine éveillé, j’ai regardé les dessins du givre aux fenêtres de la chambre, écouté les cris d’étudiants sur le trottoir, et les pies sur le toit. Ensuite j’ai respiré des savons et goûté mon café noir.
– Ça va, j’ai dit.
Alors, j’ai ri en grinçant des dents, je me suis assis sur la chaise de la cuisine et j’ai écrasé la mine rouge d’un crayon sur la table, j’aime bien le rouge, c’est ma couleur préférée quand j’ai froid.
J’avais prévu de chercher du boulot, de lire les annonces, mais puisque ça ne sert plus à rien, je reste assis dans la cuisine, et je regarde mon téléphone, et je répète des mots pour entendre ma voix :
– C’est pas possible. Il s’est trompé.
Pourtant, lorsque j’ai vu le médecin, il était formel, comme on dit. Sa tête était pleine de tics et de sueur. « C’est rare, Monsieur, mais cela existe. Je suis désolé. »
– Hélène ? Je dois te voir.
– Viens, tu sais que tu peux venir.
Elle n’aime pas le téléphone, et elle est seule, très farouche, bien repassée. Pas seule comme moi : elle a la télévision. Son appartement est situé sur une avenue morte où les arbres sont taillés comme des crayons noirs. Des cadavres d’arbres aux troncs cancéreux portant des moignons, des petites mains sèches, des doigts qui tremblent. Je n’aime pas le noir.

Continuer la lecture

L’arbre à songes – Aurelia Jane Lee

471blog

L’arbre à songes est un vieil hêtre rouge dressé au milieu d’une vaste propriété retournée à l’état sauvage. Dans ce domaine vivent Abel, un écrivain misanthrope, et sa compagne Sauvane, au sujet de laquelle les rumeurs les plus extravagantes courent dans le village voisin. On y croise aussi des visiteurs clandestins : Thomas, jeune garçon passionné par la nature, qui ne ressemble pas aux autres gamins de son âge, et Madelon, adolescente férue de lecture qui passe là chaque année ses vacances d’été.
Abel aime Sauvane d’une façon intense et fusionnelle : elle est son unique lien avec le monde extérieur. Lorsqu’elle s’absente, il ne lui reste qu’à se plonger dans les mondes de fiction et d’illusion qu’il invente ; jusqu’à ce que la réalité le rattrape.
Au fil des saisons et par le biais de l’écriture, des blessures anciennes se rouvrent, le passé refait surface, le voile tombe et les secrets de chacun se révèlent, alors que l’histoire, curieusement, se répète.
Disponible chez votre libraire ou, à défaut, à commander ici
Existe également au format numérique téléchargeable sur tous les types de liseuse

Les premières lignes
Nous vivions déjà ensemble avant de vivre ensemble, mon amour.
L’écorce pelée des bouleaux, blondie par le soleil de six heures. Je la regarde distraitement. J’ai l’impression que quand je regarde par la fenêtre entre deux paragraphes, c’est toujours distraitement, dans une sorte d’état second, où l’extérieur m’apparaît comme à travers le reflet brumeux, sur la vitre, de mes propres pensées, de mon imagination.
Pourtant l’un est dans l’autre. La réalité dans la fiction, et inversément.
Le seul lien entre les deux, pour moi, c’est Sauvane.
Sinon, cela fait longtemps que la réalité m’aurait quitté, que j’aurais oublié où je suis. Ce n’est pas moi qui quitterais la réalité, je n’écris pas pour ça, il ne s’agit pas d’une fuite volontaire, mais je sens qu’à force de me pencher sur mes feuilles, sur les images qui naissent dans mon esprit et sur les mots qui les décrivent au mieux, à force d’écouter ce flux qui me travaille comme la lune agite la mer et comme le soleil fait éclore les bourgeons, je pénètre dans une atmo­sphère particulière, au sein de laquelle tout ce que je perçois de la réalité extérieure est déformé, réfracté, exactement comme si je l’appréhendais à travers un kaléidoscope. Et cet univers aux mille reflets se referme sur moi, au risque de me faire perdre tout contact avec la réalité.

Continuer la lecture

Quelques dates à retenir

Dès la fin août et en septembre, quelques-uns de nos auteurs vous invitent à venir les rencontrer…
Le 24 août, Daniel Charneux participe à la balade littéraire animée par Guy Delhasse dans le Carré à Liège. Il y est bien sûr question de son dernier roman, Comme un roman-fleuve, dans lequel la ville de Liège occupe une place de choix.
Du 6 au 8 septembre, nous serons en nombre sur les bords du Léman, à Morges (Suisse), pour Le livre sur les quais : Isabelle Bary (La vie selon Hope), Mélanie Chappuis (Maculée conception), Kyra Dupont Troubetzkoy (Le hasard a tout prévu), Véronique Emmenegger (Cœurs d’assaut), Corinne Jaquet (Zoom sur Plainpalais), Anne-Frédérique Rochat (Le sous-bois) et leur éditrice, Luce Wilquin!
Pendant ce temps-là, Patrick Dupuis sera à Lauzerte, en France, pour le festival Place aux nouvelles. Son recueil Passés imparfaits a été sélectionné pour le Prix de la Femme Renard.
Le 12 septembre, Françoise Houdart présentera à Nalinnes, au château Monnom, La danse de l’abeille dans le cadre du cycle littéraire.
Et on la retrouvera le 24 septembre à la bibliothèque de Saint-Ghislain, mais cette fois autour de son dernier roman, Les profonds chemins.

Le sous-bois – Anne-Frédérique Rochat

466blog

C’est l’été. Le début du mois de juillet. Les membres d’une même famille, où les rôles semblent s’être inversés, partent en vacances pour la première fois de leur vie. La fille aînée, quarante ans, qui habite encore chez ses parents et s’occupe avec beaucoup de zèle de son « petit monde », a loué pour l’occasion une maisonnette perdue au milieu d’une forêt de hêtres. Elle emmène donc sa sœur cadette de vingt ans, son père et sa mère, en voyage vers l’inconnu; histoire de bousculer un peu leurs habitudes et de découvrir de nouveaux horizons. Mais cette bouffée d’air engendrera des bouleversements beaucoup plus importants que ceux qu’elle avait prévus.
Quand «se sacrifier» pour sa famille relève en fait de l’égoïs­me et de la peur, et saccage des vies.
Un conte cruel à l’atmosphère mystérieuse et inquiétante, à la frontière du rêve
Disponible chez votre libraire ou, à défaut, à commander ici
Existe également au format numérique téléchargeable sur tous les types de liseuse

Les premières lignes
Diane est encore endormie. Virgile et Fantine, que j’ai depuis longtemps perdu l’habitude d’appeler papa et maman, inondent la salle de bains de leurs éclats de rire. Je prépare le café. Bien fort et bien serré, c’est comme ça qu’on l’aime dans la famille. Je pose sur la vieille table en bois la confiture de lait et la gelée de coing, le beurre et le pain de la veille que j’ai pris soin d’envelopper dans un linge humide. Les gestes répétitifs ne me font pas peur, je ne suis pas de celles que la routine angoisse, je chéris mes habitudes, j’éprouve un certain plaisir à prendre soin de mon petit monde.
– Diane nom de dieu, il est l’heure!
Ma voix stridente résonne dans notre modeste appartement. Un brin d’agressivité est toujours nécessaire pour extirper ma petite sœur des bras tendres et moelleux de Morphée. J’entends un râle, elle a dû ouvrir les yeux.
– Qu’est-ce que j’ai faim, cette nuit m’a creusée, dit joyeusement Fantine en entrant dans la cuisine, je pourrais manger un loup!
Virgile l’attrape par la taille et grogne dans son cou, elle rit.
– On dit «J’ai une faim de loup», pas «Je pourrais manger un loup», dis-je en ôtant la cafetière du feu.
Je remplis les tasses. Je crie encore une fois pour essayer de faire tomber notre déesse de son nuage, nous nous asseyons autour de la table, et nous entamons le petit-déjeuner.
Ce mercredi 1er juillet est un jour à marquer d’une pierre blanche, nous partons en vacances pour la première fois.

Continuer la lecture