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Carlo Masoni – La Quatrième porte

Poète, essayiste, nouvelliste, romancier, Carlo Masoni a été professeur de littérature française, puis directeur du Centre culturel d’Ottignies. Il est le co-fondateur du Prix Renaissance de la nouvelle. La quatrième porte est son troisième ouvrage publié par les Éditions Luce Wilquin, après Les signaux inutiles (roman) et Le silence des autres (nouvelles).

Georges Ravières, pensionnaire d’une maison de retraite près du Lavandou, se prend d’affection pour Julie, la femme de chambre, au point de la considérer comme la fille qu’il n’a pas eue et d’en faire son unique héritière. Derrière le visage de Julie, deux autres visages surgissent, aimés eux aussi, avant. Trois femmes. Trois tranches de vie. Trois portes ouvertes, puis refermées. Et cette quatrième porte, l’ultime, qu’au-delà de toute déchirure, de tout abandon, il lui reste à franchir.

Les premières lignes
– Madame, Madame, Monsieur Georges n’est pas rentré. Et il fait nuit.- Georges ?- Georges Ravières. Je lui ai monté le dîner, et j’ai voulu reprendre le plateau une heure plus tard, comme chaque jour. L’appartement est vide, et on n’a pas touché au repas. Muguette a juste vingt ans. Des yeux bruns que le moindre étonnement ouvre comme des soucoupes, des cheveux couleur de vieille argile, un corps sec comme une trique, ce qui ne lui épargne pas les allusions égrillardes et les privautés séniles. Elle est nouvelle dans l’établissement.

Carlo Masoni – Le Silence des autres

«L’ensemble du recueil est baigné dans [une] ambiance sobre, amusée et proche des petits riens qui pleurent au détour d’un regard. On n’entend guère pareil langage littéraire ces temps derniers. Simple et tendre, on aime l’entendre, la chanson étrange des silencieux…» [Pascale Haubruge, Le Soir]

Les premières lignes
Thérèse aurait eu deux ans aujourd’hui. Je suis allé au cimetière, comme chaque semaine. Je n’y prie pas : quels mots oser sur la tombe d’un enfant ? Mais je dépose sur le granit une rose ou un oeillet. Vous comprenez, c’est comme un peu du sourire de Dieu qui luit ainsi sur son sommeil. Je l’avais attendue, cette enfant. Nous étions mariés depuis près de trois ans. Les médecins consultés nous avaient rassurés: ne soyez pas impatients… Nous l’étions. Je l’étais. Et Solange aussi. Du moins je le pensais.

Carlo Masoni – Les Signaux inutiles

«De Bruxelles à Paris, des Ardennes à Avignon et à Séville, le narrateur ne poursuit que des fantômes. […] En prêtant à ses héros une double imprécision, Carlo Masoni leur confère une épaisseur toute humaine, irréductible à la moindre description – aussi consciencieuse soit-elle.» [Pascale Haubruge, Le Soir]

Les premières lignes
J’ai revu Maulette. Pour une surprise, ce fut une surprise. Bonne? Allez savoir. Je n’avais jamais éprouvé beaucoup de tendresse pour Boniface Maulette, que nous surnommions, au beau temps du collège, avec la délicatesse propre aux adolescents, Bonifesse, ou encore, pour des raisons de ressemblance assez spécieuses, Hareng Saur. L’étonnement, cependant, peut passer pour du plaisir. Et pour être étonné, je l’étais. Le revoir là après tant d’années! Et le reconnaître! Et être reconnu! J’étais à Paris pour visionner des spectacles.