Sméraldine
14 x 20,5 cm, 176 pages
ISBN 978-2-88253-536-8
EUR 17.-
L’éclipse est à présent totale. Il est un peu plus de quatre heures du matin, et le spectacle est grandiose. Lune rouge, lune de sang. C’est un peu troublé que Sacha regagne son appartement au troisième étage de son immeuble. Le jour se lève déjà. Le silence qui l’accueille dans le hall d’entrée a une étrange résonance. L’intuition du vide lui saccage le souffle. Il pénètre sans bruit dans la chambre où il avait laissé Mado, sa femme, avant de descendre sur l’esplanade pour jouir du spectacle de l’éclipse. Mado n’est pas dans le lit. Il traverse l’appartement, appelle : Allez, montre-toi, Mado… Mais elle ne répond pas. Rien ne manque à l’ordonnance du quotidien. Rien, sauf Mado.
Tétrade… Lune pourpre… Éclipse… Dans ce dix-huitième roman, Françoise Houdart sonde les mystérieux rapports qui mêlent aux fantasmes les plus déconcertants les cycles lunaires et la fécondité.
Traductrice de formation et enseignante, poète, nouvelliste et romancière, Françoise Houdart tente, à travers l’écriture, d’explorer les chemins entre réalité, vraisemblance et fantasmes où marchent, se perdent, se trouvent, s’aiment ou se débattent des personnages qui nous ressemblent. Son œuvre romanesque comprend à ce jour dix-huit titres, tous publiés par les Éditions Luce Wilquin. L’auteur déploie aussi de multiples activités dans les bibliothèques et les écoles.
En librairie le 15 septembre 2017
Les premières lignes
Lune pourpre. Tache de sang au front sombre du ciel. Depuis quelques jours, les médias sont en alerte rouge, excitant les fantasmes, jouant avec doigté sur le clavier des peurs larvées ou surfant sur la grande vague d’une curiosité collective savamment entretenue par les professionnels autoproclamés en matière d’astronomie et les augures de tout poil.
Immobile dans son lit, Sacha a compté les trop lentes heures nocturnes jusqu’à ce que le bip du radio-réveil le délivre enfin de la crainte de s’endormir pour de bon. Il est deux heures trente à peine. Madeleine dort profondément à ses côtés, si frêle et frileuse Mado. D’elle n’émerge du dôme de l’édredon que la masse bouclée de ses cheveux clairs dans lesquels il passe légèrement la main. Il n’insiste pas : Madeleine a le sommeil si profond que l’en arracher risquerait de transformer le plaisir anticipé du spectacle astral annoncé en angoisse cauchemardesque. « Dors, alors, petite marmotte », murmure-t-il en déposant un rapide baiser au hasard dans les boucles éparpillées avant de se glisser hors du lit. Un coup d’œil à sa montre : il est temps. Il se hâte de passer, par-dessus le training qui lui a servi de pyjama, la veste molletonnée préparée hier soir en prévision de son escapade nocturne. La porte de la chambre n’a pas grincé quand il l’a repoussée, sans toutefois la refermer tout à fait, saisissant au passage la paire de jumelles, son trousseau de clés et le portable que Madeleine a eu soin de déposer sur la commode qui encombre le hall de nuit. Oui, il est temps.
Un récit sur la lune liée oh combien à la fécondité, à la féminité. Les cycles lunaires semblables aux cycles féminins. La lune rouge, le sang mensuel.. la fécondité, le vide, le manque pouvant conduire au désespoir. Un jour c’est l’éclipse totale et le corps se tarit. Cette lune qui influence nos humeurs, nos états d’âme..
Un récit sur la disparition, sur le manque de dialogue , la vérité est souvent devant nos yeux, trop visible pour qu’on la voie.
Une écriture que je découvre, c’est pourtant le dix-huitième roman de Françoise Houdart. Une jolie plume d’une construction originale. Un agréable moment de lecture.