Archives par étiquette : Givert Yvon

Yvon Givert – Le Jardin des Cyclopes

Yvon Givert, né en 1926, est poète, nouvelliste et auteur dramatique. Il a publié chez Luce Wilquin un recueil de nouvelles, «Un Billet pour l’Australie» (1995), et un roman, «La Serafina» (1997).

«[…] une écriture elliptique, rapide, sans graisse, d’un agrément immédiat. Mais ce vrai-faux polar porte aussi en lui une méditation sur l’illusion, la culpabilité, le soupçon et la solitude.» [Thierry Horguelin, Art et Culture]

Les premières lignes
Je n’ai pas connu Thomas Stappleton. Je ne l’ai vu qu’unefois mais elle a suffi à bousculer ma vie.Il était vingt-trois heures. J’allais me mettre au lit quand le patron m’a sonné. Il m’a dit : «Scott, j’ai besoin de vous, Barber est à l’hôpital, il a bousillé sa voiture, faites-moi un papier sur Tommy-le-Borgne. Et grouillez-vous, l’émission commence». Je sautai sur la télécommande.Stappleton surgit en gros plan.Il avait le crâne rasé. Son oeil gauche était à moitié fermé. L’autre paraissait immense, agrandi de stupeur. C’était une photo. L’image était fixe. En attendant […]

Yvon Givert – Un Billet pour l’Australie

Yvon Givert, né en 1926, est poète, nouvelliste et auteur dramatique. Il a publié chez Luce Wilquin deux romans, «Le Jardin des Cyclopes» (1996) et «La Serafina» (1997).

«Dix atmosphères, dix personnages. Chacun d’eux est cerné par un double, présent ou absent. Chacun transgresse sa propre destinée. Yvon Givert travaille avec force le thème du miroir. Côté pile, le quotidien et ses tenailles. Côté face, l’aventure singulière. Incisif, l’auteur franchit les frontières du réel, entre dans la marge d’un éclat de vie ou de mort.» [Françoise Lison, Le Courrier de l’Escaut]

Les premières lignes
Valérie se morfondait. Déjà trois semaines… Vingt jours que Paul était parti… Pas une lettre, un coup de fil… L’Australie, c’est loin, mais quand même… C’est elle qui avait lancé l’idée. Elle avait fait chanter le mot comme on récite une prière… L’Australie…Un jour, chez le coiffeur, elle avait saisi un prospectus. Et aussitôt, elle avait su. Son destin était là, en Australie. Elle s’était levée, les cheveux encore humides. Elle avait refusé le brushing. Elle avait couru. Elle devait en parler à Paul tout de suite. Elle lui avait débité, d’une traite : «L’Australie. Un pays immense. […]

Yvon Givert – La Serafina

Yvon Givert, né en 1926, est poète, nouvelliste et auteur dramatique.Il a déjà publié chez Luce Wilquin un recueil de nouvelles, «Un Billet pour l’Australie» (1995), et un roman, «Le Jardin des Cyclopes» (1996).

Serafino, Serafina, c’est ainsi que l’on désigne en italie tout individu bizarre, du simplet au poète et à l’hurluberlu, et que l’on affuble du même nom le village qui l’abrite. Effi, Max et Stéphanie le découvriront après bien des péripéties étranges, cocasses, farfelues, qui rappellent le rythme trépidant des comédies américaines. Écriture, intrigue et construction – voilà du pur Givert… et un vrai régal !

Les premières lignes
Ce dont je suis sûr, c’est que les olives étaient noires. La femme, je m’en souviens, portait une robe de soirée, ample, légère, de couleur cerise, et par l’échancrure du corsage, on voyait juste entre les seins une tache de son qui ressemblait à un épi mûr. C’est vers cet épi que j’ai craché, disons expulsé sans bruit, sans salive, le noyau d’une olive que je mâchonnais depuis dix minutes au moins. Le noyau a décrit dans l’air une parabole parfaite, un arc tendu, de ma bouche à ce vallon humide entre les seins.La peau, soudain, s’est enflammée. La gorge, les épaules. La bouche […]