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Le silence de Belle-Île – Laurence Bertels

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La quarantaine discrète, Cédric ne s’est jamais senti aimé par sa mère, ni par sa grand-mère, ni par son épouse. Et l’être dont il est le plus proche, son grand-père, Jacques Le Garrec, notaire à Saint-Pierre-Quiberon, s’éteint à l’âge de quatre-vingt-trois ans.
Présent sur la presqu’île au moment du décès, Cédric y restera jusqu’aux funérailles, aux côtés de Clarisse, la jeune dame de compagnie de son grand-père.
Sept jours qui bouleverseront son existence.
La lecture du journal intime de sa grand-mère, devenue muette au lendemain d’un naufrage, ébranlera toutes ses certitudes, d’autant que Clarisse, elle aussi, se révélera bientôt sous un autre jour.
Ce roman tout en retenue, qui laisse au lecteur sa part d’imaginaire, nous emmène de Saint-Pierre à Belle-Île-en-Mer à travers trois générations.

Laurence Bertels est journaliste au service culturel du quotidien La Libre Belgique. Le silence de Belle-Île est son second roman, après La solitude du papillon paru en 2013 aux Éditions Luce Wilquin.
En librairie le 10 février 2017

Les premières lignes
Là, sur la grève, entre chien et loup, à l’aube de l’hiver. C’est là qu’il aimait se promener, s’arrêter, frissonner, repartir ensuite. Fouler ce chemin qui n’en était plus un, heurter un caillou, respirer l’air sapide, errer au gré du vent vivifiant de la Côte Sauvage. Puis, regarder la mer se fracasser sur les rochers, se retirer pour mieux revenir dominer cette lande de terre échancrée qui s’offrait à ses assauts.
Cette côte inhospitalière, cette succession de falaises déchiquetées, cette alternance de grottes, de crevasses et d’anses de sable avaient bercé son enfance. Comme le chant du pipit maritime. Tellement plus doux que la voix rauque de la mouette qui se posa là, à l’instant, quelques mètres plus bas. Il l’observa pour se détourner de sa peine. Il était fasciné par la grâce de ses mouvements. D’apparence dodue, elle s’affinait en allongeant le cou, plongeait le bec dans une flaque d’eau, recommençait l’opération à plusieurs reprises, imperturbable. Puis elle redressa la tête, gonfla le thorax, lui tourna le dos et traversa la crique en se dandinant. Avant de rebrousser chemin pour attraper une proie indéfinissable de là-haut, trop grande pour elle. Elle s’acharna, picora à nouveau, se lassa, s’approcha de l’eau, déploya ses ailes et, majestueuse, rasa les flots avant de prendre son envol et de l’abandonner. Il le regretta. Il aurait voulu l’admirer pendant des heures.
Il poursuivit sa promenade et prit le temps de s’imprégner de chaque parfum, nuage et souffle de vent.
Dès qu’il le pouvait, Cédric revenait en Bretagne, chez son grand-père, dans cette bâtisse qui surplombait la mer, à la croisée des plages. Lui, l’insomniaque, dormait alors comme un enfant dans cette chambre remplie de souvenirs, dans ce lit d’antan en chêne massif comme le reste du mobilier.

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Pour bien commencer l’année 2017…

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