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Rien n’arrête les oiseaux – François Salmon

Qu’elles parlent d’amour, de haine, de chaussure gauche ou de microbiologie, les huit nouvelles de ce recueil jouent à ouvrir des brèches dans le quotidien, pour y laisser filtrer le vent grisant de l’imaginaire.

Des histoires comme des bulles de savon qui volent à la dérive dans notre quotidien

François Salmon (1975) habite à Tournai avec la femme de sa vie et leurs trois grands enfants. Tous les matins de la semaine, il glisse le bas de son pantalon dans sa chaussette droite, grimpe sur son vélo et longe l’Escaut pour aller enseigner le français et l’art dramatique. Certains jours, sa passion pour les histoires et le spectacle vivant l’entraîne vers d’autres itinéraires : projets d’écriture, animation d’ateliers, mise en scène amateur… Trois de ses pièces de théâtre ont paru chez Lansman dans la collection La scène aux ados . Son premier recueil de nouvelles, Rien n’est rouge, a reçu en 2016 en France le prestigieux Prix Boccace ainsi que le Prix Littér’Halles (prix de la Ville de Decize et coup de cœur des lycéens).
En librairie le 15 septembre 2017

Les premières lignes
Vincent avait bâti sa maison dans un repli du Massif central. Il y vivait seul, parmi les volcans pacifiés, bien à l’abri du monde, de ses hâtes et de ses réseaux. À bientôt quarante ans, il ne manquait de rien. Ses journées étaient pleines, longuement occupées par ses deux raisons d’être : un jardin et une bibliothèque, qu’il cultivait sans distinction comme si l’une était le prolongement naturel de l’autre. Jamais il ne binait ses plates-bandes sans penser au dernier chapitre de Candide. Jamais il ne cueillait un ouvrage dans un présentoir sans rendre hommage aux arbres qui en avaient fourni le papier. Et du matin au soir, sans urgence et sans chagrin, il regardait la vie se faire et se défaire entre feuilles de romans et lignes de salades.
Il pensait sincèrement n’avoir besoin de rien d’autre que de cela, des livres et des semis, jusqu’au jour où Mélanie débarqua dans son existence. Jusqu’au jour où elle y tomba, pour être plus précis, puisqu’il la retrouva allongée sans connaissance au milieu des jeunes plants d’artichaut romagna qu’il bichonnait depuis l’automne et qu’elle avait bouleversés dans sa chute. Le corps inerte de l’inconnue, enveloppé dans la toile de son parapente, enrubanné d’un fouillis de suspentes et de sangles, avait l’air d’un cadeau d’anniversaire vite et mal emballé par un enfant impatient… Son visage était extrêmement pâle. Un filet de sang, coulant de son casque vers ses paupières fermées, lui glissait le long du nez. Un moment, Vincent la crut morte et resta interdit à quelques pas du désastre. Ce n’est qu’en écartant doucement l’impalpable tissu jaune de l’aile qu’il vit remuer la poitrine de la jeune femme, fascinant mouvement de flux et de reflux qui lui révéla qu’elle était encore avec lui.

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Un avant-goût de notre rentrée littéraire

Félicitations à eux !

prix2016

Trois de nos auteurs primés

Nouvelles2015
Le concours de nouvelles Nouvelles… dans le vent!, organisé par l’Université de Mons (Hainaut) dans le cadre de Mons Capitale Culturelle Européenne 2015, a récompensé trois de nos auteurs : François Salmon (Rien n’est rouge), premier prix pour «Le nom des courants d’air», Ethel Salducci (Singulière agape), prix de la Fondation Mons 2015 pour «Terre d’adoption», et Sarah Berti (La vie al dente), prix de l’Université de Mons pour «Tout ira bien». François Salmon reçoit en outre le Prix de Littérature 2015 de la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut. Un recueil réunit les textes des six lauréats du concours.

Floraison de rencontres en ce printemps ensoleillé

Le 25 avril à 10 heures, l’asbl Le Plaisir du Texte met Valérie Cohen (Alice et l’homme-perle) à l’honneur à la Bibliothèque d’Auderghem (Bruxelles) à l’occasion de l’opération Je lis dans ma commune – I love lire.

Ce même 25 avril, mais à 17 heures, François Salmon propose une approche plutôt ludique de son recueil de nouvelles Rien n’est rouge en compagnie du comédien François Gillerot à la librairie Chantelivre de Tournai (B).

Le 29 avril, la librairie Baobab de Braine-l’Alleud (B) accueille Isabelle Bary pour une rencontre autour de son best-seller Zebraska, qui met en scène un enfant HP.

Du 29 avril au 3 mai, c’est à Genève que cela se passe, et plus précisément au Salon du Livre et de la Presse. Le stand des Éditions Luce Wilquin y verra défiler pour des dédicaces les auteurs suisses «maison» Anne-Frédérique Rochat, Laure Mi Hyun Croset, Claudine Houriet, Véronique Emmenegger et Mélanie Chappuis. L’éditrice, quant à elle, interviendra lors des Assises de l’édition francophone organisées par le Salon les 29 et 30 avril.

Le 8 mai, Véronique Emmenegger présente son tout nouveau roman Sorbet d’abysses à la librairie La Fontaine à Vevey (CH). Le lendemain, on la retrouve à la librairie Payot de Lausanne. On pourra également la retrouver en juin à la librairie du Midi à Oron (CH).

Le 8 mai également, à 16 heures, la Bibliothèque de Mons (B) invite Françoise Pirart à présenter son roman Chicoutimi n’est plus si loin. La rencontre littéraire animée par Liliane Schraûwen sera suivie d’échanges avec le public.

Le 19 mai à 20 heures, Valérie Cohen (Alice et l’homme-perle) est l’invitée de la Bibliothèque communale de Braine-le-Comte. La rencontre est animée par Dolorès Descamps. Valérie Cohen en profitera pour lire en avant-première quelques pages de «Monsieur a la migraine», son quatrième roman à paraître fin août.

Le 30 mai à 10 heures, la Biblitohèque d’Ixelles (B) vous convie à un petit-déjeuner littéraire avec Mathilde Alet. La rencontre littéraire sera agrémentée de lectures d’extraits de son premier roman Mon lapin en duo avec une comédienne.

Le 30 mai toujours, mais à 16 heures, c’est Luc-Michel Fouassier que vous pourrez rencontrer à la librairie Le Pavé dans la mare à Élancourt (F). Il y sera bien sûr question de son fameux Zilien.

Le 6 juin, direction Rixensart (B) et la librairie Le chat botté pour une rencontre avec Isabelle Bary et Zebraska.

Enfin, le 27 juin, la librairie Payot de La Chaux-de-fonds (CH) propose une belle affiche : Alexandre Voisard et Claudine Houriet (Le mascaret des jours) échangeront sur leurs publications respectives.

Rien n’est rouge – François Salmon

502blog

À part peut-être la soif impossible qui s’écrase sur Billy Adamson au cœur de la Death Valley,
À part bien sûr la torche que brandit Dries Nuttens, le plus petit flic d’Anvers, à l’entrée de la N 171,
À part ce lent désir qui monte dans le corps d’Octavie, rue des Sœurs de la Providence,
À part l’aube stridente que Gossuin le parcheminier voit se lever sur Paris le 6 février 886,
À part la vitesse de l’œuf de Nessus, l’ambition du Grand Auteur belge, la honte crasse de Bernard Verdonck ou la voix de Sophie Lambert,
Non, décidément,
Rien n’est rouge.
En librairie le 10 avril

Les premières lignes
Il est quasiment impossible de se représenter la soif qui tenaillait Billy Joe Adamson quand il arriva aux portes du saloon de Wounded Town. Une soif sans fond. Sa langue n’était plus qu’une vieille éponge sèche et jaunie qui lui semblait sur le point de se réduire en charpie. Chaque fois que par réflexe il tentait d’avaler, l’espèce de papier de verre à grain épais qui tapissait le fond de sa gorge le blessait un peu plus. Son corps entier se pétrifiait sous la chaleur implacable du soleil de midi. Même sa sueur n’avait plus rien de liquide : il la sentait traverser sa peau sous forme de cristaux de gros sel, mille morsures connexes fondues en un seul mal, une douleur sans nom ajustée pas à pas aux contours de son être. Tel était le piteux état de Billy Joe Adamson quand il arriva aux portes du saloon de Wounded Town.
Il faut dire que le pauvre gars venait de se manger à pied la moitié du désert des Mojaves, son cheval ayant été foudroyé par un crotale dont il avait dérangé la digestion d’un malheureux coup de patte – oui, précisons-le tout de suite, Billy J. Adamson n’était pas de ces cavaliers cul-serrés qui prétendent que les chevaux ont des jambes et une bouche. Le sien avait des pattes et une gueule. Une gueule, au demeurant, de demeuré, qu’il avait contractée en une grimace un peu ridicule sous l’effet expéditif du venin. En trois hoquets horrifiés, le canasson rendait son dernier râle, suite à quoi Billy Joe le bourra de coups d’éperon, estimant sans doute qu’un cheval assez con pour taquiner le crotale à trois jours de marche du moindre bled pourri ne méritait pas d’autre oraison funèbre.

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