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Claude Raucy – Sous le ciel de la coupole

Claude Raucy est né à Saint-Mard, en Lorraine belge, le 15 mai 1939. Le 1er septembre 1945, il entrait à l’école primaire communale de son village et commençait à écrire et à observer les autres. Depuis lors, grand distrait, il n’a pas quitté son pupitre et ses lunettes. Cela explique ceci.

Trois ans ont passé depuis la mort de Savonarola. Lorenzo est entré au service du gonfalonier Soderini. Il retrouve Michelangelo Buonarroti, qu’il a connu autrefois chez le Magnifique et y rencontre la belle Gantoise Isabelle van der Goes et Bernardo Quintin, qu’il avait pourtant vu mourir, trois ans plus tôt, à San Marco. En fait, les Gantois veulent s’emparer d’une statue de Michel-Ange, «La Madone à l’enfant», que le sculpteur a refusé de leur vendre.

Claude Raucy – Ne pas se pencher au-dehors

Claude Raucy est né à Saint-Mard, en Lorraine belge, le 15 mai 1939. Le 1er septembre 1945, il entrait à l’école primaire communale de son village et commençait à écrire et à observer les autres. Depuis lors, grand distrait, il n’a pas quitté son pupitre et ses lunettes. Cela explique ceci.

Passer la tête par la fenêtre, c’est se laisser griser par l’air des berges ferroviaires, respirer le bleu des lacs et le jaune des étoiles. C’est aussi risquer de se faire couper la tête, ce qui n’est véritablement utile – sur le plan de l’anecdote, bien sûr – que pour les rois de France et les reines d’Angleterre. Mieux vaut peut-être suivre le conseil des chemins de fer : rester à l’intérieur du compartiment et partager le voyage avec des gens agaçants, drôles, désespérés, impertinents, gourmands, myopes,… Des gens très ordinaires, en somme. Ces 23 nouvelles ne sont donc que les 23 wagons d’un long train lui aussi très ordinaire.

Les premières lignes
– Nous arrivons à Venise à quelle heure? – Maman, je te l’ai déjà dit vingt fois ! Elle affecta de ne pas avoir entendu la réplique fatiguée, pinça un peu les lèvres puis les trempa dans la bière jonquille qu’elle n’avait commandée que pour l’extraordinaire sveltesse du verre. Elle-même avait, au terminus de l’adolescence, cette taille de guêpe tranquille. – Demain à cette heure-ci, nous serons sûrement à l’hôtel… Tu es sûr qu’ils nous ont réservé une chambre avec WC ? Il soupira comme un tuyau d’orgue sans voix. Chez Adler, c’était le vide d’après Pâques. Un mariage triste quittait lentement le restaurant. Le café comptait plus de vases en cuivre aux renoncules pimpantes que de touristes amateurs de flocons. À la table voisine, un couple paisible trempait une langue bourgeoise dans un chocolat mousseux. Elle portait un tailleur gris cafardeux dont la veste cachait trop un chemisier ponceau ; lui, le mari plutôt que l’amant, exposait sur la laine blanche de son pull des edelweiss multicolores qui, partout ailleurs, eussent paru de mauvais ton, mais qui, dans le cadre alpestre de Kandersteg, jetaient une note rassurante de conformisme. – Excusez-moi, j’ai cru comprendre que vous alliez à Venise…

Claude Raucy – Plus loin que la lune rousse

Poète, nouvelliste, dramaturge, auteur prolixe de romans pour adolescents, Claude Raucy entame avec Plus loin que la lune rousse – et pour un public d’adultes, cette fois – l’exploration de territoires qu’il affectionne: l’histoire, l’art, l’Italie et la Flandre.

Ce roman met en parallèle l’histoire d’un jeune Vénitien de la fin du XVe siècle à la recherche d’un absolu qu’il ne trouve nulle part et celle du moine Savonarole. Le héros quitte Venise, où plus rien ne l’atttache, pour commencer un long voyage en Italie. À Bologne, il entend parler de Savonarole, qu’il retrouvera à Florence et dont il suivra l’évolution politique et religieuse. Mêlé à la vie des Médicis et notamment à celle de Laurent le Magnifique, il cherchera dans l’amour, l’amitié et l’art cet absolu qu’une vieille chanson vénitienne lui avait jeté dans le coeur. Ce roman, premier d’une trilogie intitulée Lorenzo, sera suivi de Sous le ciel de la coupole (autour de Michel-Ange) et de Le Maître de San Marco (autour d’Adriaan Willaert, polyphoniste gantois qui dirigea longtemps les choeurs de Saint-Marc).

Les premières lignes
1. Les cendres
Florence, 24 mai 1498
La place de la Seigneurie est déserte. Ils ont bien balayé. Les pavés n’ont pas gardé trace du feu. Seule la tiédeur de mai leur a laissé ce peu de chaleur que recueille ma paume. On a jeté les cendres dans l’Arno. Le fleuve coule comme avant, un peu plus sale. A-t-il seulement frissonné quand il a senti glisser en lui ce rien qui restait de leurs corps? Au-dessus de la Seigneurie, une boule triste comme mon coeur éclaire quoi? Rien que mes questions. Encore les mêmes. Toujours les mêmes. Qu’y a-t-il plus loin que la lune rousse?

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