Chicoutimi n’est plus si loin – Françoise Pirart

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Dans la nuit, deux adolescents s’enfuient du domicile familial et prennent l’avion à l’aube. Destination le Canada. Ils n’emmènent aucun bagage, mais une importante somme d’argent.
Sylvain et Érik errent, se cachent, font des rencontres, s’affrontent, découvrent l’amour, souffrent. Liés par un secret inavouable, poursuivis par le passé, ils n’ont qu’un seul but : Chicoutimi. Un itinéraire chaotique qui les mènera à travers le Québec, dans les forêts des Laurentides.
Un ancien détective opiniâtre, Red Barton, croise leur route. Troublé par la ressemblance frappante entre son fils disparu des années plus tôt et Sylvain, il se lance dans une traque insensée.
Les deux frères parviendront-ils à gagner Chicoutimi et la liberté, comme leur grand-père jadis, un soir de septembre, alors que les érables du Saguenay se teintaient du rouge sang de l’automne ?
Ce road movie poignant nous entraîne sur les traces de jeunes paumés attachants, qui ont commis un acte irréparable.
En librairie le 19 septembre

Les premières lignes
Les yeux à demi fermés, le buste appuyé au dossier incliné, l’homme somnolait. Le cendrier rempli de mégots dégageait une odeur puissante. Sur le siège passager du break – une Ford grise –, un sac en papier laissait voir le goulot d’une bouteille de bière. Une carte routière défraîchie montrait le Sud du Québec.
Il cligna des paupières. Deux motards venaient de se ranger sur le bas-côté. Avec la force de l’habitude, il retrouvait ses vieux réflexes : ne pas bouger, observer, rester silencieux. L’attente lui était si familière.
Enfin, les moteurs des grosses cylindrées éclatèrent de nouveau. L’homme replongea dans la somnolence. L’idée de reprendre la route le rebutait. Ou plutôt l’objectif de son voyage. La visite bisannuelle à sa sœur était devenue une corvée. Depuis son veuvage, Barbara – de dix ans son aînée – était encore plus insupportable qu’avant, avec ses plaintes continuelles, ses larmoiements de vieille emmerdeuse et ses cancans de pipelette. Et s’il faisait semblant d’être sourd ?
L’homme, vêtu d’un jean et d’une chemise grise, ôta sa casquette bleu marine marquée des initiales métalliques R.B. et frotta son crâne chauve. Dans quelques heures, il serait chez Barbara, près de Shawinigan. Red Barton avait horreur de cette ville.

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Victoria Libourne – Françoise Houdart

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En acceptant de s’asseoir sur ce banc à la berge du Vieux Canal, à côté d’un homme étrange qui prétend s’appeler Moïse, Clémence a-t-elle bien conscience qu’elle se laisse insensiblement dériver dans les eaux troubles d’un passé dont il va lui léguer l’héritage ?
Victoria Libourne, le seizième roman de Françoise Houdart, pose, de façon symbolique, la question essentielle de la trahison et du pardon, et prospecte, à la façon d’une enquête policière, les zones aléatoires au confluent du rêve éveillé et de la réalité, ces espaces hors du temps où s’interpénètrent les rumeurs de la lointaine Garonne, les images scintillantes d’un jardin sous la neige, le chant d’adieu d’improbables grenouilles et les méprises de l’amour.
En librairie le 19 septembre

Les premières lignes
Ça se passe dans le rêve. Dans le flou du rêve. Quelque chose se passe, à peine perceptible. Quelque chose… Un dérangement du silence. Infime. L’intuition d’un son primal. Mais cela s’obstine ; cela prend force, s’enhardit. Devient rumeur. Du fond du rêve, soudain, déboule l’oued d’un cri. Une femme est là. Une forme, une femme. Elle est dans le rêve, immobile, comme pétrifiée. Statue de sel. Entre elle et le cri, l’intraversable espace. Elle connaît ce cri : c’est celui de l’enfant. Le sien. C’est le cri échappé de son ventre. Le cri qui tranche. Sépare à jamais. Condamne à la peur à perpétuité ; la peur, l’amour. Rien ne la protège. Le cri la percute en plein cœur.
L’enfant pleure.
Dans la chambre où il se réveille, au creux de son petit lit-cage tapissé d’autocollants de superhéros et d’étoiles phosphorescentes, l’enfant pleure. Le tumulte des larmes traverse les murs, suit les secrètes voies enténébrées jusqu’à toucher le visage de la mère encore endormie, les bras noués autour du corps docile de l’édredon ; jusqu’à pénétrer par l’imperceptible fêlure dans le sanctuaire du rêve, là où se perdent les mots dérisoires de la consolation. Elle s’agite dans son sommeil, replie bras et jambes contre son ventre, remonte le drap pour y enfouir la tête.

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À l’abri des regards – Anne-Frédérique Rochat

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Mardi 5 janvier. Les fêtes de fin d’année sont passées. Anaïs, mère de deux petites filles, est épuisée, elle ne parvient plus à faire semblant, à s’arranger pour faire croire aux autres, ainsi qu’à elle-même, que tout va bien, que sa vie lui convient. Elle décide de quitter son foyer pour quelque temps, afin de prendre un peu de recul, et se ressourcer. Quand on se perd, on devient égoïste, on ne pense plus qu’à soi, à sa survie : se retrouver, se retrouver en vie. Elle loue une chambre aux murs rouges chez Basile, un sexagénaire passionné par la taxidermie ; au fil des jours, des liens très forts vont se nouer entre eux.
Neuf mois dans l’intimité d’êtres bousculés par la vie
Quatre voix pour raconter une existence blessée
La petite musique d’Anne-Frédérique Rochat
En librairie le 22 août

Les premières lignes
J’ai trente-six ans aujourd’hui. C’est mon anniversaire. Mon anniversaire, comme on dit.
Dans la rue, quelques sapins décharnés me regardent passer. Pour eux, la fête est terminée. Et pour moi ?
Une odeur de pluie et de goudron mouillé me serre le cœur. Une nausée. Peut-être pas ça. Pas le temps. Rien à voir avec le temps. Évidemment.
Mardi cinq janvier.
Je regarde ma montre : sept heures trente du matin.
Je ne suis pas encore née. Ma mère n’est pas encore décédée. Mon père a toujours l’espoir que l’heureux événement vienne au monde sans encombre. Le drame, c’est pour après.
Dans deux heures et quarante-cinq minutes. Je nais, je respire, je crie, je vis : elle disparaît.
En attendant, je nage dans les eaux calmes du Léthé, elle pousse, elle hurle, ses entrailles se déchirent, je cherche l’entrée, ou est-ce la sortie ?
J’arrange mon écharpe autour de mon cou, un vent froid et pervers s’immisce sous mes vêtements. Je fourre mes mains gantées dans mes poches, j’accélère la cadence.
J’ai rendez-vous dans une demi-heure au dix-huit rue des Cyprès, cinquième étage, à droite en sortant de l’ascenseur.
Pourvu que ça marche, pourvu que ça marche.

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Mon lapin – Mathilde Alet

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Ma ville natale, c’est l’appartement de Papy Louis.
Rien n’a vraiment changé, dans la ville d’enfance de Gabrielle. Ni les balançoires violettes du Jardin des Plantes ni le parfum Chèvrefeuille de sa mère ni les questions qu’elle n’ose poser qu’à sa grande sœur Clara. Un soleil tapageur à la sortie de la messe, un rassemblement autour d’un buffet campagnard, un enterrement est une fête de famille comme les autres. On cause peu et on ne s’enlace pas. Gabrielle préfère parler dans sa tête. Là, la route vers le cimetière ressemble à un départ en vacances, et l’ancien employé de son grand-père, à James Dean. Là, surgissent des moments de vie passée aux airs de rien : un Noël, un croche-pied, un repas à la pizzeria, une photographie en noir et blanc, comme s’ils avaient quelque chose d’important à raconter ensemble ce jour-là.
Rien n’a vraiment changé, sauf qu’aujourd’hui on enterre Papy Louis. Et un enterrement, c’est un jour idéal pour apprendre à crier. Ou pour tomber amoureuse.
En librairie le 22 août

Les premières lignes
J’attendais une cathédrale. Le taxi me dépose devant une petite église coincée entre deux blocs de maisons. La façade bétonnée des années soixante a été repeinte pour s’harmoniser avec les briques du quartier. Ce rose pastel évoque plutôt les dragées des mariages. Les photos de sortie d’église, convives endimanchés et mariés blancs sur fond rose, se confondent avec celles de l’arrivée de la pièce montée. Je pense au discours de Quatre mariages et un enterrement. Accroupie devant la télé, j’avais retranscrit le texte, le doigt appuyé sur la télécommande du magnétoscope à chaque fin de phrase. « Nouez des voiles noirs aux colonnes des édifices. » Je comprends mal que l’on prépare un enterrement derrière la façade colorée d’un jour de fête.
Je grimpe les marches et entre par la porte latérale avec la discrétion exagérée des retardataires. La cérémonie a déjà commencé. Seuls les premiers rangs sont occupés. Tout le monde est là, pourtant, je le vois d’un regard. Au premier rang, à gauche de l’allée centrale, Olympe, Michel et Victoire, à droite, Clara. Derrière eux, les visages vieillis d’hommes et de femmes parfois croisés pendant mon enfance. Je reconnais ma grand-tante et son mari. J’aperçois la marraine d’Olympe et ses deux fils. À la sixième et dernière rangée occupée, je croise le regard de Marc, le garçon des promenades et des lectures. Derrière lui, une longue enfilade de bancs vides. J’ai envie d’en vouloir à des absents.

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Trop lourd pour moi – Daniel Charneux

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Si le titre Illusions perdues n’était déjà pris par un illustre romancier, il aurait pu servir à l’auteur de Trop lourd pour moi. Car Jean-Baptiste Taillandier, le protagoniste narrateur de ce récit, perdra une à une les illusions de son enfance. Né au milieu des années 50, il entre dans la vie avec la louable intention d’aider la veuve et l’orphelin. Tenté un temps par la coopération au développement, il devient finalement psychologue en milieu scolaire. Or, la satisfaction n’est au rendez-vous ni dans sa vie professionnelle, ni dans sa vie affective perturbée. Le seul havre de paix est l’enfance, où le plongent ses souvenirs heureux associés la plupart du temps à une mère aimante. Mais les êtres chers s’en vont, et Jean-Baptiste voit son univers rétrécir comme peau de chagrin. D’où la tentation de la fuite. Après avoir cherché dans le bouddhisme un refuge illusoire, il trouvera une retraite dans la solitude consentie, où il tentera de dire ce qui le ronge depuis toujours et qui était, décidément, trop lourd pour lui.
En librairie le 22 août

Les premières lignes
Cette fois, je dirai tout. Enfin, presque. Tout dire serait impossible. Tout ce que j’ai vécu ? Pensé ? Senti ? Je veux dire que je ne cacherai rien de ce qui m’a conduit où je suis. J’ai tout mon temps.
Tout mon temps… À peine ai-je écrit ces mots qu’ils me dépassent. Le temps ne m’appartient pas. Pour être plus exact, je peux à présent consacrer tout le temps dont je dispose à dire la vérité que je retiens depuis toujours.
Revenu du Sinaï où il avait reçu de l’Éternel les Tables de la Loi, Moïse a trouvé les fils d’Israël adorant un veau d’or. Il me semble que, toute ma vie durant, j’ai vénéré une idole en toc. À présent que j’ai résolu de la briser, je ne sais quel nom lui donner. Peut-être dois-je d’abord la nommer pour la briser ensuite. Peut-être qu’il suffit de la nommer pour qu’elle se fissure et s’émiette.
Il faudra sans doute remonter jusqu’à l’enfance, quand je maraudais des bigarreaux dans les prairies. J’avais perdu un canif au bord du ruisseau. Le dimanche après la messe, je déchirais le papier des surprises à un franc. Les pièces de cuivre et de nickel tintaient dans les sébiles des offrandes. Des images en noir et blanc. Des instantanés sépia.

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À découvrir bientôt…

Rentrée2014

Cappuccino blues – Sarah Berti

488blog

13 novembre 2010. Le Bourgmestre de Rebecq déclenche le plan d’urgence pour gérer une crue exceptionnelle de la Senne, l’inondation touchant plus de mille habitations dans le village. Un à un, les petits rys débordent, noient la campagne, créent un vent de panique et d’incompréhension.
Les agents de l’Antenne de police sont réquisitionnés pour sécuriser les rues ou les maisons abandonnées, et venir en aide à la population sinistrée. Et ils ont fort à faire, entre la disparition mystérieuse de la libraire et de son bébé de dix mois, la découverte d’un squelette, l’absence inexpliquée d’une vieille dame…
Bravant les eaux déchaînées, l’aspirant inspecteur Tiziana Dallavera se lance dans l’action, en compagnie de son petit frère toujours prêt à mettre son cerveau supersonique au service des autres, pendant que Nonna réconforte les âmes à grands bols de minestrone ou de cappuccino mousseux.
En librairie le 13 juin

Les premières lignes
Cela avait commencé comme une banale averse. Personne n’y avait prêté attention, ni les passants pressés de s’abriter, ni les automobilistes qui zigzaguaient entre les flaques. L’eau tombait, donc, drue, persistante, et la rivière grossissait tranquillement. Elle charriait ses flots boueux et rognait peu à peu les berges érodées.
Tout le pays se détrempait lentement, dans cette atmosphère triste et presque obscure des samedis pluvieux belges. Personne ne se risquait à sortir s’il n’y était pas obligé, la télévision devenait le centre de la vie, comme le feu au coin duquel les familles se rassemblaient autrefois. Les rares regards aux fenêtres se détournaient rapidement, lassés de ce crachin monotone.
Les petits rys débordèrent les premiers, dans l’indifférence générale, noyant les champs alentour, les fossés, les petits chemins reculés de la campagne rebecquoise. On était le samedi 13 novembre 2010 à dix heures du matin, et personne ne savait encore que la commune allait vivre la plus grande catastrophe naturelle de son histoire dans les trente heures à venir.

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Les poches cousues – Michel Claise et Alain-Charles Faidherbe

487blog

Dans ce pays du Bloc de l’Est, où règnent le Parti communiste et la corruption, le juge Mikhaïl Mikhaïlovitch ne ressemble pas à ses collègues : il a tout simplement décidé de « coudre ses poches ». Dans ce système pourri, il devient alors l’homme à abattre.
La chute du Mur ne change rien. Les mafieux russes, qui se substituent aux anciens apparatchiks, continuent à arroser les milieux politiques et judiciaires de leurs fonds occultes pour leur profit personnel.
On assiste ici au combat effréné d’un homme dont l’immense défaut est l’intégrité. En refusant de suivre les directives que les corrompus tentent de lui imposer, en dénonçant les malversations financières qu’il découvre, le juge Mikhaïlovitch devient la cible de toutes les stratégies de déstabilisation imaginables, faux témoignages, procédures falsifiées, menaces de mort, jusqu’à la violence ultime portée contre sa famille. Au point d’être exfiltré vers la Belgique, pour sauver sa peau.
L’histoire est romancée, mais la vérité est nue sous le manteau de l’imagination. Pour que le lecteur sache ce qui s’est passé et se passe encore dans un de ces pays qui demande aujourd’hui à entrer dans la zone Schengen. Aussi pour que tous prennent conscience que nos démocraties fragilisées par la crise et pénétrées par l’argent sale sont en danger, un jour, de lui ressembler.
En librairie le 20 mai

Les premières lignes
L’enfant, bien calé sur le siège en métal rouillé de la balançoire, s’était mis à enrouler les cordes en les tordant jusqu’au bout du possible pour ensuite, comme une toupie, s’abandonner à la rotation de cette folle spirale. Il ne se lassait pas de ce vertige qui lui donnait en une seconde une vision circulaire de tout son petit monde. Après une dizaine de tours enivrants, il sauta de la nacelle et, titubant un peu, plongea dans l’herbe haute et grasse comme dans la fraîcheur d’un océan bienveillant. Le jardin bordant l’immeuble en briques rouges de trois étages où habitait sa famille était entouré de hautes clôtures, marquant ainsi la différence entre les habitations des nantis du régime et celles des moins bien lotis, qui n’ont pas montré suffisamment de soumission à la doctrine du Parti par manque d’assiduité aux réunions vespérales ou par désintérêt de la chose politique. La règle était pourtant simple : pour réussir dans la société communiste, il fallait plaire à ceux qui avaient réussi.

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La blancheur des étoiles – Éric Brucher

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Une histoire de vie et de mort, de douleur et de jouissance sur fond d’errance urbaine. Une fille-mère et son chevalier furieux courant après des moulins à vent, un amour qui cherche les étoiles où s’effacent les haines et les peurs.
Des immeubles et la révolte de graffitis, l’ivresse des martinets et le vacarme d’un scooter pour crever la vieille indifférence du monde. La mémoire de femmes fuyant le pouvoir des hommes. La jeune maternité surtout, la plénitude de la grossesse, et l’enfant que dévorent les ogres ordinaires.
L’histoire est librement inspirée d’un témoignage : une fille-mère privée de son enfant, forcée d’avorter d’un deuxième et qui a voulu mourir.
En librairie le 16 mai

Les premières lignes
Le nouveau bébé arriverait bientôt. Cette fois, elle l’avait senti tout de suite, l’impression ténue de bulles, le battement imperceptible d’un papillon dans l’utérus.
Serena pensait qu’elle pourrait être enceinte indéfiniment. Cette sensation de complétude ou d’être réunie, la vie qui a un sens, réaliser le secret de son être.

Elle aimait cette lumière du soir, qui arrivait oblique et douce par la lucarne de la chambre, son rayon doré où dansait la poussière. Elle la sentait appuyer sur son ventre, se coucher contre elle pour chasser l’inquiétude, l’envelopper tout entière dans sa chaleur. Sur la couette aux dessins fleuris, Serena regardait longtemps la suspension légère bouger dans la paix.
Une féérie, comme s’il pouvait y avoir un enchantement.
Serena se sentait pareille, en apesanteur dans ce couloir brillant, un peu engourdie par le bien-être. Elle aurait pu rester toujours de cette façon, allongée sur son lit, à rêvasser et regarder virevolter ces paillettes innombrables et merveilleuses, un tourbillon lent de pollen.
Cela faisait songer à de la magie, une forme d’éternité. Serena pouvait tout oublier, le mal, la haine, les gens qui trahissent.

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Quelques dates en mai et juin…

Quelques occasions de retrouver nos auteurs…

Stanislas Cotton présente son premier roman policier (Rosalinde Miller) le jeudi 15 mai à 18 heures à la librairie Filigranes à Bruxelles. Il est interrogé par Marianne Petre.

Le 17 mai, la ville de Marche (B) accueille la grande journée de rencontres du Prix Horizon du deuxième roman, présidé par Armel Job. Un seule Belge parmi les finalistes: Éric Brucher et son très beau Colombe. Le lauréat du Prix sera connu à 19h30, après le vote des 1250 lecteurs.

Pour son troisième roman, La blancheur des étoiles, Èric Brucher est l’invité du Goût des Lettres à Nethen (B), où comme d’habitude la présentation du roman est suivie d’un joyeux repas. On le retrouve aussi le 12 juin à 18 heures à la librairie Agora de Louvain-la-Neuve pour une rencontre animée par Manu Paille.

Le 20 mai, la librairie L’Oiseau-Lire à Visé (B) organise une grande soirée autour de trois auteurs des Éditions Luce Wilquin: la Suissesse Mélanie Chappuis (Maculée conception et Dans la tête de) et les Belges Geneviève Damas (Benny, Samy, Lulu et autres nouvelles) et Aurelia Jane Lee (L’arbre à songes), interrogées par Béatrice Charlier. En fin de rencontre, Mélanie Chappuis lira des extraits de son roman, avec Céline Chappuis au violoncelle.

Après avoir dédicacé son dernier roman (Alice et l’homme-perle) à la librairie Cook & Book, Valérie Cohen est présente le 22 mai, toujours à Bruxelles, à la soirée caritative organisée par la librairie Filigranes. Elle est invitée le 27 mai à 19h30 au Petit Théâtre de la Ruelle à Lodelinsart, pour une rencontre-lecture organisée par Eveline De Couvreur. Et on la retrouve à Knokke le 29 mai pour la désormais traditionnelle Digue des Auteurs, un événement signé Filigranes/Corman.

Le 22 mai, la Jurassienne Claudine Houriet est l’invitée d’une soirée littéraire à Moutier (Suisse), en marge de son exposition de peintures. Elle dédicace aussi son dernier opus, un recueil de nouvelles intitulé Le mascaret des jours, à la librairie Tschann de Tramelan, toujours en Suisse, le 23 mai à 16h30.

Pour sa dernière émission de la saison, Thierry Bellefroid accueille Thilde Barboni (Les notes de Jimi H.) dans un Livrés à domicile enregistré à Dahlem dans la campagne liégeoise.

Le mascaret des jours – Claudine Houriet

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Ils viennent de près, de très loin, de l’inconnu parfois. Issus du passé, d’un rêve, d’un voyage, d’une nostalgie. Ils accompagnent l’auteur depuis des mois, certains depuis des années. Le bourdonnement de leurs voix s’est peu à peu intensifié, est devenu assourdissant. Ils se sont mis à peser si lourd qu’il a fallu céder à leur insistance et façonner pour chacun d’eux la vie qui semblait lui être due. Voici leur petite troupe, réunie en une trentaine de nouvelles. Claudine Houriet a nourri ses personnages de sa tendresse et de ses fantasmes. Elle les tenait blottis en elle. Elle a ouvert les bras, ils se sont échappés. À toi, lecteur, de prendre la relève, de les accueillir et, peut-être, de leur offrir une deuxième existence.
Disponible chez votre libraire

Les premières lignes
Il avait le cœur gros. C’était idiot, mais il n’y pouvait rien. Cet ultime trajet lui donnait le blues. Il aurait volontiers continué à travailler. À soixante ans, il se sentait en pleine forme. Il avait essayé d’insister.
– Je sais, mon vieux, avait dit le patron. Tu es l’un de nos meilleurs éléments. Pas une fois tu ne nous as causé d’embrouille. Mais que veux-tu, la loi, c’est la loi ! Pour les très longs parcours, tu as déjà dépassé l’âge. Allons, Pablo, ne fais pas la gueule ! Tu auras un double salaire et une belle fête d’adieu. Après, vive la retraite et les petites pépées !
Imbécile! Il en avait côtoyé, des routiers à la retraite. Taper le carton et se saouler la gueule, ils n’avaient pas d’autre programme. Finir comme eux l’effrayait. Heureusement, il aimait la nature. Mais jusqu’à présent, il l’avait surtout contemplée de sa cabine. Il en avait vu, des paysages sublimes, du haut de son bahut. À l’aube, quand les voies ne sont pas encore encombrées et qu’on se permet un coup d’œil extérieur. Des levers de soleil à se mettre à genoux, des landes glacées qui étincellent avec une lignée d’arbres ciselés sur l’horizon. La nuit où son volant avait failli lui échapper, parce que soudain des dizaines d’yeux étaient apparus dans l’obscurité. Une harde de cerfs massés derrière les barrières, examinant curieusement les bolides qui filaient devant eux. Et ces immenses bois d’Allemagne que l’autoroute coupait d’une large tranchée. Il avait sa fenêtre ouverte, les oiseaux lui offraient leurs chants par-dessus le bruit des moteurs, et il chantait avec eux, à tue-tête.

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Rosalinde Miller – Stanislas Cotton

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Le facteur Melville Tournepierre profite des beaux jours pour gravir le col de la Flèche au guidon de sa bicyclette et distribuer le courrier aux habitants du plateau. Il y grimperait deux fois s’il le fallait, car cet été une jeune femme a élu domicile dans la maison de sa tante. Mais ce matin-là, quelque chose cloche… Un pied ravissant apparaît dans l’entrebâillement de la porte, et le facteur découvre le corps sans vie de Rosalinde Miller. Au même moment, Georges Conte, le boulanger, se tue au volant de sa voiture. Le Commissaire Santino Cuffaro, dont l’arrivée récente fut remarquée dans la cité – sa compagne est transsexuelle –, est chargé d’enquêter. Au début de l’après-midi, deux jeunes désœuvrés membres d’un groupe d’extrême droite, les Fils de l’Aigle, perdent accidentellement la vie, l’un se tue à mobylette, l’autre est défenestré. Et chaque fois Melville se trouve sur les lieux…
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Les premières lignes
Melville Tournepierre pédale avec vigueur. Tenir le rythme. Respirer. La côte raidie intime de se mettre en danseuse. Point de chaussons et point de tutu pour celle-ci, cette danseuse n’est autre que la posture bien connue du cycliste adepte des ascensions. Quoiqu’un Melville en tutu pourrait être assez drôle, sourit notre facteur, c’est certain. Et pourquoi pas après tout, quelle image poétique. Comme il serait divertissant de l’admirer vêtu d’un pourpoint agrémenté de dentelles et d’une jupette de tulle, poussant avec force sur les pédales, lorsqu’il s’attaque aux pentes du col. Et une, et deux, hop. On en voit bien qui font du vélo en costume tyrolien, en pagne égyptien… Qui pédalent déguisés en Mickey ou avec le costume de Zorro. Celui-là qui passe, avec ce justaucorps arc-en-ciel – un champion du monde – ne lui manque que la jupette. Pourquoi pas une mutation de petits rats de l’Opéra en étoiles du deux-roues ? Compagnie bigarrée, portant jupette, parcourant le pays l’été, coureurs de Tour qui taillent frénétiquement la route dans des maillots chamarrés tout à leur marotte tricoteuse de kilomètres. Probabilité d’assister un jour à ce réjouissant spectacle pratiquement aussi nulle que de voir interpréter les Variations Goldberg au cornet à pistons, soupire Melville Tournepierre. Un fantôme de passage rit dans son oreille.

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