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Les Éditions Luce Wilquin aux Escales hivernales de Lille

lille-468x264Les Éditions Luce Wilquin seront présentes aux Escales hivernales, 7e Fête du livre de Lille, les 15 et 16 décembre 2012. Cela se passe dans les locaux prestigieux du CCI Grand Lille, place du Théâtre (Opéra). Plusieurs auteurs dédicaceront leurs ouvrages sur le stand : les Belges Liliane Schraûwen, Françoise Pirart, Françoise Houdart, Christine Van Acker et Patrick Dupuis, ainsi que le Français Luc-Michel Fouassier.

La danse de l’abeille – Françoise Houdart

Une chambre. Des livres empilés sur le sol entre le lit, le fauteuil, la commode. Elle est assise à un petit bureau. Elle écrit Je pense à vous. Elle écrit ce message-là, cette phrase-là, chaque soir, à la même heure, sur une feuille vierge qu’elle chiffonne aussitôt après et qu’elle jette dans la corbeille à papier. On comprend qu’elle s’apprête, qu’elle se coiffe et se maquille avec soin pour ce rendez-vous du soir. Elle parle de son rituel d’écriture ; elle édifie autour d’elle l’attente cérémoniale de celui qu’elle vouvoie, l’amant encore imaginé, le personnage d’une histoire d’amour qu’elle voudrait vivre. Vivre ou écrire.
Nous ne connaîtrons jamais le prénom de cette femme, pas plus que ne nous sera dévoilé le portrait de l’homme qu’elle imagine, qu’elle traque, qu’elle poursuit jusqu’à Florence.
La danse de l’abeille est le quatorzième roman de Françoise Houdart, toujours fidèle au même éditeur.
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Les premières lignes
Je pense à vous.
C’est ça que j’écris, cette phrase-là, ces quatre mots-là, chaque soir, à la même heure. Depuis des années. Oui, des années, je crois. J’écris : Je pense à vous. Parfois, je m’autorise la majuscule. J’écris Vous. J’écris : Je pense à Vous, comme j’écrirais : je pense à Alexandre, Thomas, Michael… À n’importe qui. Vous serait n’importe qui, mais pas vous. Il n’y a cependant pas de confusion dans mon esprit. Pas de transfert. Celui à qui je pense n’est personne d’autre que vous.
Quand approche l’heure de mon rituel quotidien, je m’y prépare avec gravité, avec amour, sans être sûre que je vous aime. Je m’apprête cependant. Je me prête à la célébration de l’illusion. « Je m’apprête » retourne le geste, la caresse vers soi. C’est un beau verbe qui sent l’apprêt des draps amidonnés, fraîchement repassés. J’apprête mon visage, ma coiffure, ma tenue vestimentaire. Je viens parée à notre rendez-vous quotidien. J’y viens à votre insu, embellie d’un indicible désir. Je me rends à l’idée de vous, timide amoureuse s’asseyant au bord d’un lit d’incertitude. J’aime cet instant précaire. Cette intimité dans l’absence qui vous rend si proche parfois qu’il m’arrive de ressentir le trouble où vous plongerait la découverte de ma secrète assuétude à l’entretien de votre souvenir dans ma vie.

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Où rencontrer nos auteurs en ce début d’année?

Vous pourrez retrouver
Geneviève Damas (Si tu passes la rivière), Prix Rossel 2011 :
– le 19 janvier 2012 de 12h30 à 13h30 à la Cinématek de Bruxelles pour un Midi Lire présenté par Joseph Duhamel
– le 26 janvier à 18h30 à la librairie Chapitre XII (Bruxelles), pour une lecture avec Jean-Philippe Collard-Neven au piano
– le 27 janvier à 12h30 à la Bibliothèque des Riches-Claires (Bruxelles) pour un Coup de Midi animé par Jacques De Decker
– le 28 janvier à 14 heures à la Médiathèque de Melun (F) et à 16h15 à la Librairie Vaux Livres de Vaux-le-Pénil, en banlieue parisienne, pour une séance de dédicace
– le 1er février à 19h30 à la librairie 100 Papiers à Schaerbeek, pour une lecture d’extraits par Pietro Pizzuti suivie d’une séance de dédicace… et précédée par un apéritif!
– le 10 février à 20h30 au café littéraire Le Sénart de Cesson (Seine et Marne), dans le cadre du Prix «Un livre, une commune»
– le 16 février à 20 heures à la librairie Graffiti de Waterloo pour une rencontre animée par Sophie Creuz
– le 20 février à 20h15 à la bibliothèque Charles Bertin à Rhode-Saint-Genèse, présentation par Monique Lambert
– le 23 février à 17 heures à la Librairie Libris-Agora de Liège, pour une rencontre en compagnie de Françoise Lalande et de Luce Wilquin

Claudine Houriet (Une aïeule libertine) :
– le 18 janvier, au CIP de Tramelan (CH), en tant qu’invitée du Cercle littéraire de la Société jurassienne d’Émulation
– le 28 janvier à la Bibliothèque de langue française de Nidau (CH) pour une rencontre

Françoise Lison-Leroy (Les pages rouges) :
– le 20 janvier à 20 heures à la Bibliothèque communale de Frasnes-lez-Anvaing, présentation par Michelle Fourez et lectures par Brigitte Jacquerie

Françoise Houdart (L’amie slovène) :
– le 31 janvier à 19 heures 30 au Petit Théâtre de la Ruelle à Loverval, pour une soirée Molières et Mocassins, lectures et présentation par Eveline De Couvreur
– le 9 février à 19 heures à la Bibliothèque de Bracquegnies, présentation par Christine Mordant

Luc-Michel Fouassier (Un si proche éloignement) :
– le 4 février de 9 à 12 heures à la librairie du Cour Villarceau à Lésigny (F) pour une séance de dédicace

… Et n’oubliez pas : nous fêtons nos 20 ans en 2012 !
Une première date à retenir: le jeudi 1er mars à 18h, à la Foire du Livre de Bruxelles (Espace Police de caractère) pour une lecture-spectacle de 20 extraits choisis dans notre catalogue, par Christian Crahay et Sandrine Bonjean, accompagnés au violoncelle par Sigrid Vandenbogaerde.

Françoise Houdart – L’amie slovène

Je me demandais pourquoi nous ne nous étions jamais perdues de vue, Lara et moi, à l’instant où, seule devant l’écran de mon ordinateur, je lui confirmais ma décision de la rejoindre enfin là-bas, à Ljubljana où elle avait fui trente-cinq années auparavant.
Françoise Houdart signe ici un magistral treizième roman, tout en force et en retenue. Son meilleur, peut-être, depuis La vie, couleur saison (1990), sur lequel planait déjà l’ombre de Lara.
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Les premières lignes

Trieste-Ronchi. Janvier deux mille dix.
Et si personne ne m’attendait ?
Il y a deux heures à peine, l’avion s’était ébranlé, colossal oiseau à la gorge bleutée défiant le soleil au levant. Le formidable tressaillement des moteurs qui l’avaient arraché du sol avait retenti dans la caverne pétrifiée qu’était devenu mon corps soudé au siège.
Taking off.
La voix nasillarde du pilote avait jeté sa brève sentence dans le silence crispé de la cabine. Lorsqu’enfin j’avais osé entrouvrir les yeux et risqué un regard par le hublot, le monde des hommes avait disparu. L’avion s’était posé sans heurt sur un lit floconneux de nuages.
Au-dessus, l’espace.
L’infiniment bleu.

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Françoise Houdart – Oublier Emma

Une douzaine d’histoires – dont certaines imbriquées les unes dans les autres à la façon des matriochkas – que relient l’obsédante quête d’une collectionneuse à la recherche d’une poupée volée jadis dans un parc et les aventures parfois risquées, souvent déroutantes, de deux brocanteurs traquant l’aubaine rare au fond des greniers à vider ou croyant la saisir dans le double reflet bleuté d’une vitrine de bordel…
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Françoise Houdart -Bastida

A la Bastide de Molières, en Périgord Pourpre, le vieux vannier découvre un matin une jeune femme de blanc vêtue gisant dans l’allée du château. Pressent-il alors que cela va bousculer l’agencement coutumier de sa vie et des gens qui la partagent? Et ces gens, comprendront-ils jamais pourquoi celle qui est tombée là, comme un ange désailé, va agiter de ses propres délires la mémoire de pierre de la Bastida jusqu’à ce que s’en libère enfin l’âme violentée de la Dame Blanche, la reine et l’oiseau, dont elle se croit parasitée?
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Françoise Houdart – Tu signais Ernst K.

Traductrice de formation, Françoise Houdart a enseigné l’allemand dans l’enseignement supérieur jusqu’au jour où elle a décidé de vivre, sinon de sa plume, du moins avec et par elle, une existence dont elle seule gardera la maîtrise du temps. Neuf romans, tous publiés chez le même éditeur – «La vie, couleur saison», «La part du feu», «Camino», «Quatre variations sur une fugue», «… née Pélagie D.», «Femme entre quatre yeux», «Belle-Montre», «Textes pour la gisante» et «La petite fille aux Walalas» – constituent à ce jour son œuvre en prose.

Février 1917. Juliette avait regardé le jeune soldat allemand qui se présentait à elle, muni d’un ordre de réquisition de logement sous son toit, avec un étrange sentiment fait de peur et de pitié. «Je m’appelle Ernst K.», c’étaient les seuls mots qu’avait pu réunir ce gamin de dix-neuf ans à peine, dans un mauvais français fortement teinté de cet accent exécré qui donnait la nausée. Il était entré dans la maison avec sa panoplie de combattant en sursis : désormais l’ennemi avait un nom. Il partagerait la sphère intime de la famille. Il dormirait dans la chambre contiguë ; si proche que la vie se règlerait au seul métronome de ses pas dans l’escalier et sur le plancher de la chambre.
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Les premières lignes
Tous le ressentaient ; cela venait de la terre même, la terre gelée ; cela se propageait sous la surface, comme un serpent d’eau ; cela grimpait le long des jambes, agitait les tourbes des ventres et plantait ses griffes dans la chair. Quelque chose approchait. On l’entendait descendre de son repaire, ce maudit pays d’outre-Rhin dont on savait la barbarie, colossal mille-pattes frappant le sol de ses milliers de bottes. Le piétinement sourd retentissait à l’infini dans les poitrines serrées sous des châles de laine noués dans le dos, et la mémoire du terrible, toute recroquevillée dans les cœurs, se mit à suppurer. Les revoilà !… murmurait-on dans la foule massée le long des trottoirs de la rue François Dorzée, depuis la ferme du haut du tournant. Les barbares… Les Huns… Les revoilà !

Françoise Houdart – La petite fille aux Walalas

Françoise Houdart tient de son grand-père maternel sa fidélité au Borinage de sa naissance (1948), et de son grand-père paternel l’irrépressible besoin de s’en évader. C’est sans doute de là qu’est né l’impérieux besoin d’écrire qui la lie quatre heures par jour à sa table d’écriture. Traductrice de formation, elle a enseigné l’allemand jusqu’au jour où elle a décidé de vivre, sinon de sa plume, du moins avec et par elle. Elle rencontre régulièrement ses lecteurs dans le cadre d’activités pédagogiques ou culturelles, collabore à diverses revues et écrit des nouvelles pour la radio.

Parce que la Petite entretient, sous la table de la cuisine, d’extravagantes conversations avec les êtres singuliers qui peuplent sa tête ; parce que des courants alternés de rires et de larmes lui soufflent sans répit d’irrépressibles (dé)raisons de faire des bêtises ; parce que ses parents rentrent tard de leur travail et qu’elle dort chez Grand-mère presque chaque nuit ; parce qu’il arrive qu’elle se relève pour nourrir le vieux pigeon borgne qui loge sur le seuil de la fenêtre ; parce que Grand-mère soupire de fatigue sous ce surplus d’amour qui lui est venu avec l’âge ; Grand-mère estime qu’il serait judicieux que la Petite apprenne le piano.

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Les premières lignes
– Il faut quand même que je vous prévienne… La vieille dame pousse la Petite devant elle sans lui lâcher la main, comme si le corps de l’enfant pouvait la protéger contre le reflux des paroles qu’elle va dire, ces mots qu’elle a préparés, répétés cette nuit encore, qu’elle a bien remués dans sa tête pendant cette longue nuit blanche, tandis que, dans sa chambre, sa petite-fille dormait d’un sommeil agité : – … c’est une enfant difficile, une enfant gentille, ça oui ! mais un peu curieuse, voyez-vous, un peu sotte parfois ; sa mère dit « sauvage »…

Françoise Houdart – Textes pour la gisante

Françoise Houdart est née dans le Hainaut belge, à l’ombre des terrils. Mère de trois enfants adultes, elle enseigne l’allemand à l’École Normale de Mons. Plusieurs de ses romans sont lus dans les classes belges du secondaire, dans lesquelles l’auteur est souvent reçue. Du même auteur : «La vie, couleur saison» (1990), «La part du feu» (1991), «Camino» (1993), «Quatre variations sur une fugue» (995), «…née Pélagie D.» (1996, Prix Baron de Thysebaert), «Femme entre quatre yeux» (1997) et «Belle-Montre» (2000)

La narratrice se souvient, dans l’après, de son corps de gisante. D’un geste, d’un ultime baiser, d’un mot déposé sur le front de marbre poli, si proche de la chair encore… Elle contemple déjà celle qui sera sa gisante. Elle n’est personne. Juste cela : la demeure exposée d’une vie arrêtée. Et les visiteurs, avec leurs mots frileux, leurs mains nouées par le peur de toucher, avec leurs larmes et leur farouche instinct de survie, passent à son chevet de silence. Mais que disent-ils ? Que taisent-ils ?

Les premières lignes
Entendez… Qui parle? Qui se tait? La veilleuse ou la veillée? La première n’est-elle pas à la veille de l’autre? La fille n’est-elle pas à l’orée de la mère à l’instant où naître et mourir se confondent en l’état d’entre-deux, dont ni l’une ni l’autre ne se relève telle qu’en y entrant? Lisez…

Françoise Houdart – Belle-Montre

Françoise Houdart est née et vit à Boussu, un petit coin du Hainaut belge où l’imaginaire se ressource au feu couvé des terrils noirs. Elle enseigne l’allemand et l’anglais à de futurs professeurs de langues. D’abord poétesse impressionniste, elle est romancière depuis dix ans.
Ses romans, tous publiés chez Luce Wilquin : «La vie, couleur saison» (1990), «La part du feu» (1991), (1993), «Quatre variations sur une fugue» (1993), «…née Pélagie D.» (1996), (1999)

Belle-Montre, c’est le nom donné au XIXe siècle au château de Jean d’Hennin-Liétard à Boussu, château visité en son temps par Charles-Quint. Belle-Montre, ce sont aujourd’hui des personnages hantés par le désordre de leur passé, les secrets de famille, les maldonnes, les vraies fausses-couches et le non-dit qui les sous-tend, les rêves qui deviennent folie, l’Histoire, la loi généalogique, la mort et… l’amour, clé de voûte du château intérieur que nous cherchons tous à édifier ou à restaurer à partir de ses ruines.

Les premières lignes
Louis se réveille. Le corps de Louis se réveille, brutalement exhumé du sommeil, rendu à l’intuition de son propre poids de chair. Le coeur désenclavé oscille à travers l’espace clos de la poitrine, ricoche d’une paroi à l’autre avec un bruit mat, à peine plus audible que le dernier rebond d’un écho contre la voûte d’une grotte. Reflux du sang vers les muscles engourdis. Les chocs du coeur s’entêtent, s’affermissent ; le battement devient serré et régulier : une grêle de coups martèle le rempart érigé à mi-course entre conscience et oreille. Louis se réveille… Des cailloux frappent la vitre de la fenêtre de sa chambre. « Louis !… Holà ! Louis !… » Nouvelle salve de cailloux sur la vitre. C’est la voix du garde-champêtre, celui qu’on appelle « Le Polonais ». Louis se lève, hébété, traverse la chambre à tâtons en se heurtant à l’ombre durcie des choses dans les replis de l’obscurité, et se précipite à la fenêtre. « Louis ?… Holà, Louis ! ». Presque malgré lui, Louis se retourne vers le fond de la pièce : la porte d’accès au couloir de l’étage est soigneusement fermée. Aucun bruit ne provient des autres pièces de la maison. Personne d’autre n’a entendu. Il ouvre avec prudence l’un des battants de la fenêtre. Une silhouette sous le platane, furtive, et qui agite les bras, comme l’arbre dans la respiration accablée de la nuit.

Françoise Houdart – Femme entre quatre yeux

Françoise Houdart est née et vit à Boussu, une petite ville du Borinage belge, à quelques kilomètres de la frontière française. Elle enseigne l’allemand à de futurs professeurs du secondaire. Primée pour ses ouvrages poétiques dans les années 1970 et 1980, elle a mis longtemps à oser proposer son premier roman à un éditeur… mais depuis «La vie, couleur saison» en 1990, la romancière n’a plus arrêté: «La part du feu», «Camino» (qui semble vivre une seconde vie dans les classes), «Quatre variations sur une fugue», «… née Pélagie D.» (Prix Baron de Thysebaert 1997), et maintenant «Femme entre quatre yeux», où son talent s’affirme avec éclat.

Entre deux villes, entre deux rives, entre deux hommes, entre Marie et Marthe, ces deux facettes d’elle-même, l’héroïne confie à son double ses tourments de femme blessée. Elle plonge sous le fleuve, à Anvers, comme on plonge en soi-même… Pour y trouver quoi, quelle vérité, quel apaisement? Un roman entièrement à la deuxième personne du singulier. Une prouesse… réussie!

Les premières lignes
Tu as froid. Tu me dis que tu as froid… L’engourdissement ressemble à une anesthésie légère. Ton corps, cette pâteuse identité. Tu marches lentement dans les rues désertes d’une ville encore ensablée de sommeil, et tu retiens ton souffle, comme si tu craignais qu’un réveil trop brutal ne te sèvre à jamais des vertiges de l’étreinte. En toi, l’Amante, le poids bienheureux des caresses et des haleines bues à même la bouche avec le murmure des mots, ce corps recomposé en des mains étrangères, cette félicité si proche du levant. Tu marches, tu frissonnes dans un manteau trop mince. Était-il temps, déjà, de te remettre en route? Ne pouvais-tu attendre encore un peu? Tu noues autour de ton cou une écharpe de laine et ton pas s’alanguit… Ocre, l’écharpe. Ocre, ce parfum d’homme, cette tiédeur déjà si familière, déjà si intimement reconnue et que tu humes à petites saccades. Ocre, la toute proche absence…

Françoise Houdart – … née Pélagie D.

«Françoise Houdart, dont on sent qu’elle vit dans ses tripes […] la lente marche de Pélagie à la rencontre d’elle-même, décrit avec beaucoup de finesse les hésitations secrètes, ces élans mêlés de retenue, de la vieille dame. Pélagie, qui se fait tellement prier pour raconter un peu d’elle-même à ce vieil inconnu. Pélagie qui sent pourtant, sans vouloir se l’avouer, que cette rencontre lui fait du bien. Pélagie qui, après une vie dans l’ombre, découvre qu’elle peut épater…» [Claire Bortolin]

Les premières lignes
J’ai osé… ! Comme c’est curieux ! Comme c’est étrange de s’entendre prononcer ces mots-là… ! Les entendre dits de sa propre voix… différente pourtant, oui si profondément différente de celle qui m’habite depuis toujours, que je la sens étrangère à moi-même, étrangère à la voix qui me souffle les répliques, celle qui pose des mots sur mes gammes muettes, dans les bulles vides de mes dessins inanimés, mes apnées, mes absences. Je ne suis pas déçue, pas vraiment… N’est-ce pas ainsi que l’on découvre la voix de sa mère de ce côté-ci de la vie ? Ce n’est pas la première fois que j’ […]