À noter: nos auteurs en France, Suisse et Belgique

Du 2 au 4 septembre, dans la petite ville lémanique de Morges, l’impressionnant festival Le Livre sur les Quais accueille quatre de nos auteures suisses parmi les deux cents invités déjà annoncés: Annick Stevenson pour Génération Nothomb, Florence Heiniger pour Une larme dans l’objectif, Kyra Dupont Troubetzkoy pour Petit essai assassin sur la vie conjugale et Claudine Houriet pour Une aïeule libertine.
Les 11 et 12 septembre, dans le cadre des Journées du Patrimoine, le roman Belle-Montre de Françoise Houdart est mis en scène par Claude Marlier sur le site du château de Boussu (Hainaut), cadre de l’intrigue.
Le 13 septembre à 19 heures, le Centre Wallonie-Bruxelles de Paris fait la fête aux éditions Luce Wilquin. L’éditrice est entourée pour l’occasion par trois auteures de la rentrée, Annick Stevenson (Génération Nothomb), Geneviève Damas (Si tu passes la rivière) et Laure Mi Hyun Croset (Polaroïds). La présentation est assurée par Pierre Vanderstappen.
Le 14 septembre à 20 heures, on se transporte au Théâtre de la Parfumerie à Genève pour entendre la comédienne Martine Corbat lire des extraits du premier opus de Florence Heiniger, Une larme dans l’objectif.
Annick Stevenson (Génération Nothomb) est présente au Livre sur la Place à Nancy, du 16 au 18 septembre, sur le stand de la librairie Stanislas.
Le 24 septembre à 17 heures, Geneviève Damas dédicace son premier roman, Si tu passes la rivière, à la librairie A livre ouvert de Bruxelles.
Le 1er octobre, le Salon du livre de Nieppe (près d’Armentières), qui met la littérature belge à l’honneur, accueille Françoise Houdart et Isabelle Bary.
Du 7 au 9 octobre, c’est Dominique Segalen (Attends-moi près des saules) que l’on retrouve au Festival du Livre de Mouans-Sartoux, entre Cannes et Grasse.
Aux mêmes dates, Luc-Michel Fouassier présente son premier roman, Un si proche éloignement, au salon Nouvelles d’automne de La Clayette en Bourgogne, où les éditions Luce Wilquin ont un stand.
Le 22 octobre à 15 heures, c’est la librairie Decallonne de Tournai qui accueille Françoise Lison-Leroy et son nouvel opus, Les pages rouges.
Enfin, le 19 novembre, les éditions Luce Wilquin présentent leurs récentes parutions au festival d’Ozoir-la-Ferrière, et en particulier le premier roman de Luc-Michel Fouassier, Un si proche éloignement.

Stanislas Cotton – La moitié du jour, il fait nuit

Des milices armées écument une région d’Afrique centrale sous la conduite du cruel Cobra. Elles déciment les familles, violent les femmes, détruisent les récoltes et pillent les maisons. La haine bâtit son empire.
Lors d’une soirée très arrosée, Kostia Vassiliev, correspondant de guerre au Journal, annonce à son ami Aristide Mironton, écrivain public et rêveur patenté, son départ pour cette région meurtrie d’Afrique. Mais Kostia disparaît après avoir pris la route avec un convoi humanitaire…
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Les premières lignes

L e pick-up est ancien. Vieille mécanique asiatique munie de quatre roues motrices, qui entame, comme tant d’autres, une seconde ou une troisième vie dans cette région du monde. L’économie de marché se débarrasse de la ferraille en l’envoyant sous les tropiques. Manifestement, en d’autres temps, le pick-up était rouge, mais aujourd’hui, sa peinture écaillée est parsemée de taches de rouille et, par endroits, le métal de la carrosserie est troué. Un crâne humain aux dents parfaitement alignées, fixé à l’avant du capot, et au-dessous, deux tibias, propres et lisses, entrecroisés sur la grille du radiateur, composent une sordide bannière de pirates. Deux puissants phares ont été montés sur le toit de la cabine. À l’arrière, un trépied métallique boulonné sur le plateau de chargement, soutient le corps luisant d’une mitrailleuse légère qui pivote sur un angle de 360°. De chaque côté du pied repose une caisse de munitions.

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Philippe Cantraine – Cuentos des cœurs compliqués

Crète, ex-Yougoslavie, Cap Vert, Mexique, Italie, etc. ou comment l’imagination d’un conteur restitue les paysages traversés et les êtres rencontrés.
Nouvelles à thèse, textes baroques, exercices d’ironie, fables de moraliste, le tout culminant en une manière de «polar métaphysique», la citation intervenant pour affirmer sa résonance, ces récits abordent les complexes inclinations de l’humain.
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Les premières lignes

Le 22 décembre 1582, devant le porche occidental de la cathédrale de Tournai eut lieu une échauffourée dont l’évêque, qui résidait au-dessus, n’eut pas connaissance, ce qui lui épargna d’avoir à affirmer l’autorité qu’il n’avait plus.
Il y avait foule ce jour-là. Le peuple, désormais encouragé à participer à la liturgie, assistait directement au déroulement des offices. Mais, pour beaucoup, le spectacle était sur le parvis où les marchands du temple vendaient leurs produits à prix d’or à qui les voulait bien et pouvait les payer. De ce côté ouest, qui est celui de la nef, se dressent la tour Brunin, au nord, et, au sud, celle de la Treille. La tour Brunin s’émut. Elle donnait accès à l’ancienne prison du Chapitre et, du premier occupant de cette dernière, portait le nom. Le reste de la cathédrale, mise à sac en 1566 par les iconoclastes, à son tour se déclara outrée. Seule, la tour de la Treille, dont le nom évoquait peut-être la fabrication du vin, se reconnut sans peine dans l’événement.

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Kyra Dupont Troubetzkoy – Petit essai assassin sur la vie conjugale

Les cloches sonnent à toute volée, le grand jour du wedding. Mais déjà les photos s’entassent, la lune de miel est ratée, et soudain l’héritier est une héritière. Elle, c’est Marie Rocagel, trente-cinq ans, dotée d’un sens de l’humour cinglant et d’un don pour l’organisation qui confine à l’obsession. À son mariage, elle s’est fondue dans son arbre généalogique à lui, Paul Rocagel, qui regarde les jeux télévisés et tire sur ses cheveux pour constater qu’ils sont toujours là. Elle fait des rêves érotiques inattendus, il manigance des vacances à Katmandou pendant la grossesse, ils tentent de battre leurs amis au meilleur résultat de test prénatal. Elle a souvent raison et entend le faire savoir, mais elle accouche bêtement un dimanche – faut pas. Et c’est difficile de lui expliquer à lui que, sincèrement, elle est à la fois une femme pro-Rachida et une maman anti-Rachida. Leur couple, c’est de la bombe. Elle en est l’alchimiste. Lui n’y voit que du feu. Car il n’y a pas de miracle derrière la magie du couple, il y a toujours un truc. Et elle est celle qui pense le truc. Pas manipulatrice, juste prévoyante….
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Les premières lignes

Depuis quelque temps, Paul, récemment devenu mon «mari», s’est transformé en machine à reproduire des formules stéréotypées. Et lorsqu’il les assène, la même image envahit alors instantanément mon cerveau: je me transforme en kamikaze dont la ceinture explose en plein marché de Bagdad. Je me décompose. «Pardon, auriez-vous l’extrême gentillesse de me rendre mon bras qui est derrière le canapé?» Hier, par exemple, à l’un de ses congénères de la gent masculine venu visiter notre appartement, Paul s’est senti subitement obligé de justifier notre déménagement d’un «Hum… oui… parce que… nous attendons un heureux événement… Voilà!», arborant un sourire entendu, le tout noyé dans une sorte de torsion du cou dont il m’avait jusqu’alors caché la dextérité.

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Claudine Houriet – Une aïeule libertine

Pour échapper à son existence, Sandra se met à fouiller dans celle d’une aïeule extravagante, jadis préceptrice chez de riches propriétaires russes. Dérangée dans son repos, exaspérée par l’outrecuidance d’une petite-nièce inconnue, la défunte s’insurge, impuissante devant cette incursion dans un passé tumultueux dont elle avait oublié les délices et les douleurs dans la quiétude de l’au-delà.
Du Léman à la Russie d’avant la Révolution, Claudine Houriet livre ici un roman passionné, habité par la folie de l’amour et de l’art.
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Les premières lignes

Elle n’a pas le droit. Qu’a-t-elle à fouiller dans les recoins? Qu’a-t-elle deviné? Elle n’est rien pour moi. Une petite-nièce sans importance. Que cherche-t-elle? Je l’ai souvent aperçue rôdant dans la vieille maison. Traînant dans les couloirs, s’arrêtant, rêveuse, devant les faux marbres écaillés des murs. On lui a sûrement raconté mon histoire. On est toujours friand des frasques de ses ancêtres. Là, elle est servie. J’ai laissé des traces. Mais tout passe, les décennies se suivent, les siècles basculent. Est-il possible que quelqu’un se rappelle cette époque? Je suis née en 1886. De la préhistoire pour cette femme qui, paraît-il, est de mon sang. Quel âge a-t-elle? Quarante ans? Un peu moins peut-être? J’aurais pu la connaître. On s’est bien gardé de me la présenter. À quatre-vingts ans, j’étais toujours ignorée de la famille les rares fois où l’un de ses membres me rencontrait en ville. Cécile. La brebis galeuse. Celle qui avait mal tourné. Où lui a-t-on parlé de moi? À un enterrement, j’en suis sûre. Après les airs contrits et la cérémonie trop longue, les langues se délient autour d’un verre. Elle était aux aguets. Elle devinait, pressentait. J’étais depuis longtemps paisible. Dans le bien-être cotonneux de l’après-vie. Je pensais que plus rien ne me troublerait. Des émotions, j’en avais eu tout mon saoul. Le calme, l’oubli, voilà ce que je demandais. Plus de trente années de paix. Je me croyais débarrassée du passé. Et il a suffi de cette curieuse pour gâcher ma tranquillité.

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Dominique Segalen – Attends-moi près des saules

Sur un canal du Nord de la France, Angèle Cloutier tient l’écluse semi-automatique n°23 Le Pont-aux-Ânes, menacée d’automatisation totale à plus ou moins long terme. Un jour, passe sur sa péniche un certain Jérôme Lepailleur, un ours mal léché qui se laisse troubler par cette femme originale et simple. Mais l’appel téléphonique d’une mystérieuse jeune femme remet tout en question. Il part sans la moindre explication.
Intrigue et personnages nous entraînent dans les bas-fonds d’une cité, puis sur l’eau où l’on découvre la solidarité des gens du canal et la générosité de «ceux d’à-terre»: une jeune mère gothique, un musulman intellectuel et veilleur de nuit, un aristocrate au masque de clown et de jeunes tagueurs de merveilles. Sans oublier l’eau vive et les saules, témoins muets de toutes les confidences.
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Les premières lignes

Angèle Cloutier a passé sa vie à guetter l’arrivée d’un ours. Depuis toujours, elle l’imagine venant par la mer sur un fier navire, avec des épaules carrées, un regard bleu acier portant la nostalgie des grands froids, une barbe courte d’un blanc hirsute, le visage d’une tendresse infinie saupoudrée d’un soupçon de sauvagerie et, à la bouche, quelques mots bourrus racontant un siècle de voyages.
Quelqu’un de très impressionnant.
Il a fini par venir ce matin, mais n’a fait que passer.
En fait de mer, il voguait sur un simple canal du Nord de la France entre une prairie et un champ de pommes de terre.

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Isabelle Bary – La prophétie du jaguar

Laure n’aime pas les chevaux, et Paul Schmidt déteste les histoires. Ces deux-là n’auraient jamais dû se rencontrer. Pas plus que Grâce, vingt-cinq ans, 1,65 m et 180 kg, ne devrait croiser Nono, un sans-abri perturbé par une vieille lettre qu’il finira par glisser sous sa porte.
Une rencon­­tre improbable entre quatre personnages un peu décalés que tout aurait dû séparer.
Pour son troisième roman, après Le cadeau de Léa (2008) et Baruffa (2009), Isabelle Bary mêle le vrai et le faux, exacerbe la fiction au service d’un texte étonnant.
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Les premières lignes

Toute ma vie, j’ai attendu ce moment.
Tu comprends ?
Non, bien sûr, tu ne peux pas comprendre.
Toi, tu vois juste un type sale et usé que tout le monde appelle « Nono » et qui chiffonne une vieille lettre fripée entre ses doigts. Comme un gamin qui hésite, planté tout raide devant une petite maison, là de l’autre côté de la rue.
Pourquoi avoir attendu tout ce temps ?
Ben, pour rester en vie, tiens !
Oui, c’est exactement ça : c’est l’attente de ce jour qui m’a donné la force de vivre.

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Françoise Houdart – L’amie slovène

Je me demandais pourquoi nous ne nous étions jamais perdues de vue, Lara et moi, à l’instant où, seule devant l’écran de mon ordinateur, je lui confirmais ma décision de la rejoindre enfin là-bas, à Ljubljana où elle avait fui trente-cinq années auparavant.
Françoise Houdart signe ici un magistral treizième roman, tout en force et en retenue. Son meilleur, peut-être, depuis La vie, couleur saison (1990), sur lequel planait déjà l’ombre de Lara.
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Les premières lignes

Trieste-Ronchi. Janvier deux mille dix.
Et si personne ne m’attendait ?
Il y a deux heures à peine, l’avion s’était ébranlé, colossal oiseau à la gorge bleutée défiant le soleil au levant. Le formidable tressaillement des moteurs qui l’avaient arraché du sol avait retenti dans la caverne pétrifiée qu’était devenu mon corps soudé au siège.
Taking off.
La voix nasillarde du pilote avait jeté sa brève sentence dans le silence crispé de la cabine. Lorsqu’enfin j’avais osé entrouvrir les yeux et risqué un regard par le hublot, le monde des hommes avait disparu. L’avion s’était posé sans heurt sur un lit floconneux de nuages.
Au-dessus, l’espace.
L’infiniment bleu.

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Victor Bouadjio – Les lucioles noires

Au Québec, un jésuite se livre à un bien curieux exorcisme. En Afrique, un gamin de vingt ans meurt de trop aimer son peuple. En France, une jeune fille, presque une enfant, venue d’Afrique pour étudier la médecine, découvre à la fois le secret de sa naissance, le malheur des siens et le pouvoir des mots…
Tissant avec maîtrise tous les fils de ces intrigues croisées, Victor Bouadjio conclut la trilogie commencée avec Demain est encore loin et Le M’ba, et pose des questions brûlantes : l’Afrique est-elle vraiment maudite ? Comment trouvera-t-elle la paix, et ses oppresseurs, le pardon ?
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Les premières lignes

La cérémonie, alors, commence. L’éditeur descend dans la tombe. Il s’assoit, torse nu. À son soulagement, c’est ainsi que Léopold Laberge ouvre le rite de désenvoûtement : « Seigneur, tu as guéri des aveugles, des lépreux et des paralytiques, la belle-mère de saint Paul et même la fille d’un officier romain. Tu as ressuscité saint Lazare et tu as dit à tes disciples de faire de même… »
Le maître de cérémonie porte à la ceinture une bourse en cuir, œuvre d’un devin-guérisseur. La remplissent des cendres animales et végétales, des boules de terre d’une termitière humidifiées d’huile de palme.

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Michel Claise – Souvenirs du Rif

Quel mystérieux indicateur marocain l’a prévenu ? Et pourquoi lui ? Alain Denoyer, de la Brigade des stups, pensait avoir affaire à un banal trafic de résine de cannabis, et il se retrouve avec une affaire complexe mêlant trafic, blanchiment, corruption, prostitution, meurtres, règle­­­­me­­nts de comptes, imbroglios familiaux, etc. Du Rif à la banlieue parisienne, de Monaco à Genève en passant par Luxembourg, le capitaine Denoyer, son homologue marocain Ben Azzouz et le lieutenant Paquet, spécialiste de la lutte contre le blanchiment, vont patiemment traquer des suspects qui ne reculent devant rien pour protéger leurs intérêts.
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Le gigantesque massif de roches grises envahi des flancs au sommet par le vert éclatant d’une végétation sauvage, née de pluies régulières et de la caresse insistante du soleil, abritait en ses creux de larges plaines, habitées et cultivées. Au volant d’une petite Peugeot de location, le capitaine de police Alain Denoyer se disait, par moments, que ce modelé du paysage et sa respiration lui rappelaient sa jeunesse et les lieux des vacances où ses parents, qui préféraient l’effort de la randonnée en montagne à l’indolence des plages, l’emmenaient pour parcourir les sentiers heureux et insouciants de l’enfance.

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Françoise Lalande – La séduction des hommes tristes

Elle appartient à la masse des Indiennes luttant pour la survie. Un soir, elle se glisse dans le lit d’un étranger, sa vie, croit-elle, va changer. Il appartient à la foule des exilés. Au bord de l’Océan, il attend la vieillesse et la mort avec philosophie. Mais cela se passe au Mexique, et le jour de la Fête des Morts. Et puis il y a le tableau de Manet, L’exécution de l’empereur Maximilien, qui hante les mémoires européennes.
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Les premières lignes

Alors, voyant que le soleil descendait à l’horizon, il appela son chien Sol, une bête sauvage aux longs yeux jaunes, puis il appela Luna, compagne de Sol, maigre comme lui, au mystérieux regard doré, il appela l’oiseau noir qui n’avait pas de nom, mais qui était bavard comme un perroquet, il appela le petit âne qui s’entêtait à dormir devant la porte de sa case, et dont le souffle parfois l’inquiétait comme le souffle d’un agonisant, et lorsqu’il eut devant lui les animaux qui étaient sa famille, il descendit vers la plage de Pochutla, veillant à ne pas déraper sur la caillasse, à ne pas se tordre une cheville, il marchait lentement, la main posée sur l’échine de l’âne, il observait que Sol et Luna, impatients comme toujours, descendaient à toute allure, leur derrière semblant danser à cause de cette joie du soir, la promenade sur la plage, puis la rêverie face à l’Océan, tandis que le ciel, comme un rideau de théâtre que l’on tire, s’ouvrirait bientôt sur la voûte étoilée, il la fixerait, attendant que ses yeux se ferment doucement, alors, chiens, âne, oiseau noir, pourraient à leur tour s’assoupir, excepté Sol qui ferait semblant, l’oreille toujours dressée vers les bruits familiers, prêt à dénoncer par ses aboiements le bruit différent, donc inquiétant.

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Agathe Gosse – Les hommes que Rosa aimait

Aimer dans notre maison, ça tient au corps, ça bat au cœur des veines, ça ne demande que ça, battre, ça ne demande pas de mot. Nous sommes partis en guerre pour cela, pour l’amour.
Le personnage principal, le narrateur, Zag, se souvient des moments partagés avec sa drôle de famille. D’un quotidien à un bouleversement. Son frère Zig qui ne parle plus, les retrouvailles avec un père étranger, absent et recherché par la police, un autre frère cinglé, un oncle alcoolique et une formidable mère, Rosa, qui aime les hommes.
Femme, mère, amante, madone, d’un tempérament passionné, Rosa est née au Pays Basque – «entre montagne et océan, elle est née dans le vent» dixit Zig qui parle souvent par métaphores et entretient avec le langage un curieux rapport.
Dans cette famille ordinaire et extraordinaire, on croit devoir se battre pour l’amour, mais est-ce suffisant?
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Les premières lignes

ZigZag, disait Rosa, notre mère. Plus court, plus rapide. Elle n’avait pas que ça à faire. Elle n’allait pas s’attarder sur nos prénoms insolites. Elle nous appelait pour la vaisselle, les poubelles, le vieux à redresser parce qu’encore une fois, devant la télé, il s’était effondré, la tête trop lourde, le corps basculé par-dessus l’accoudoir râpé du divan. Le grand-père cacochyme, à peu près sourd et muet que nous adorions. À jamais et pour toujours.
Ce que nous n’avouerions pas, parler d’aimer dans notre famille, c’était croire au père Noël, nous n’y avions jamais cru, pas l’occasion.
Si on ne parlait pas d’aimer à la maison, l’amour était partout. Il cimentait les murs, nous enveloppait, nous tenait chaud au ventre. Amour guimauve et miel, cris et murmures. Nous en étions inconscients alors. Des tensions nous éloignaient les uns des autres.

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