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À l’abri des regards – Anne-Frédérique Rochat

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Mardi 5 janvier. Les fêtes de fin d’année sont passées. Anaïs, mère de deux petites filles, est épuisée, elle ne parvient plus à faire semblant, à s’arranger pour faire croire aux autres, ainsi qu’à elle-même, que tout va bien, que sa vie lui convient. Elle décide de quitter son foyer pour quelque temps, afin de prendre un peu de recul, et se ressourcer. Quand on se perd, on devient égoïste, on ne pense plus qu’à soi, à sa survie : se retrouver, se retrouver en vie. Elle loue une chambre aux murs rouges chez Basile, un sexagénaire passionné par la taxidermie ; au fil des jours, des liens très forts vont se nouer entre eux.
Neuf mois dans l’intimité d’êtres bousculés par la vie
Quatre voix pour raconter une existence blessée
La petite musique d’Anne-Frédérique Rochat
En librairie le 22 août

Les premières lignes
J’ai trente-six ans aujourd’hui. C’est mon anniversaire. Mon anniversaire, comme on dit.
Dans la rue, quelques sapins décharnés me regardent passer. Pour eux, la fête est terminée. Et pour moi ?
Une odeur de pluie et de goudron mouillé me serre le cœur. Une nausée. Peut-être pas ça. Pas le temps. Rien à voir avec le temps. Évidemment.
Mardi cinq janvier.
Je regarde ma montre : sept heures trente du matin.
Je ne suis pas encore née. Ma mère n’est pas encore décédée. Mon père a toujours l’espoir que l’heureux événement vienne au monde sans encombre. Le drame, c’est pour après.
Dans deux heures et quarante-cinq minutes. Je nais, je respire, je crie, je vis : elle disparaît.
En attendant, je nage dans les eaux calmes du Léthé, elle pousse, elle hurle, ses entrailles se déchirent, je cherche l’entrée, ou est-ce la sortie ?
J’arrange mon écharpe autour de mon cou, un vent froid et pervers s’immisce sous mes vêtements. Je fourre mes mains gantées dans mes poches, j’accélère la cadence.
J’ai rendez-vous dans une demi-heure au dix-huit rue des Cyprès, cinquième étage, à droite en sortant de l’ascenseur.
Pourvu que ça marche, pourvu que ça marche.

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À découvrir bientôt…

Rentrée2014

Accident de personne – Anne-Frédérique Rochat

Une jeune femme peintre perd le goût de créer, le goût d’aimer, le goût de vivre. Elle croit le retrou­ver en s’immisçant dans la famille d’une ancienne cama­rade de classe qui vient de mourir, au risque de sa propre identité. C’est alors qu’une blessure mal cicatrisée se rouvre, béante.
Entre rêve et réalité, Charline marche sur un fil, à la recherche d’elle-même.
Le premier roman d’une comédienne et auteure dramatique suisse
Chez votre libraire conseil ou à commander ici
Existe également au format numérique téléchargeable sur tous les types de liseuse

Les premières lignes
Ça défile, ça défile. Inexorablement, ça défile. Il n’y a rien à faire, rien à retenir. Ça défile. Derrière la vitre, ou peut-être est-ce devant, les arbres courent, et le ciel les suit. Immobile et gris. Si seulement mes pensées pouvaient suivre le flux, avancer, défiler, courir, rouler, et ne plus tourner en rond. Si seulement…
Je voudrais avoir les idées claires.
Je voudrais avoir des idées tout simplement et cesser de broyer du noir. Je suis à sec, « désinspirée ». Le monde est plat. Mes mains sont vides. Mes yeux ne voient plus l’intérieur des choses, ils ne voient plus à travers. Où est passé le jaune qu’il y avait dans le vert ? Je n’arrive plus à peindre. Et toutes les couleurs qui sublimaient le gris ? Plus envie. Pour quoi faire ? Et puis que faire ? Des arbres, encore et toujours. Des hommes, des femmes, pareils à eux-mêmes. Des carcasses. J’ai perdu ma sensibilité artistique, j’ai perdu mes antennes. Voilà ce que je tourne en boucle dans ma tête depuis le début du voyage.

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