Guy Vaes – Les stratèges

Guy Vaes, Académicien, est entre autres l’auteur du mythique Octobre, long dimanche (Plon, 1956) – célébré en son temps par Pascal Pia, Georges Piroué, Julio Cortazar,… – de L’Envers (Prix Rossel 1983) et de L’usurpateur (1994).

Le cinquième roman de Guy Vaes se compose de deux parties. La première nous introduit dans l’ancienne cité universitaire des Grands-Fonds. S’y déroule l’existence quotidienne d’un futur historien. De bizarres préoccupations, des signes troublants la ponctuent. Ces derniers forment-ils un code, délivrent-ils un message? La seconde partie nous mène, à la fin du XIXe siècle, dans une Afrique encore peu connue. Deux explorateurs interrogent les coutumes nocturnes d’une peuplade que singularisent son mutisme et son artisanat.

Les premières lignes
D’une ferme traction de l’avant-bras, son compagnon le fit accéder au sommet. Il y vacilla, les muscles encore tendus par une ascension qui avait excédé ses forces. Dans son regard, que ne se disputaient plus les caprices d’un sentier amolli par les averses, le ciel sauvagement se débonda, l’étourdissant de son envergure et du tranchant de son ardeur. Alors, sans oser lâcher la main qui l’avait secouru, il hasarda un pas en avant, et, refoulant du pied une fronce de centaurées qui bordait le sommet, il entendit dans son dos des pierres débouler les pentes; leurs ricochets, dont l’air très fluide conserva longtemps la résonance intacte, prirent mesure de sa montée et des risques courus. Il se fit l’effet d’un plongeur émergeant d’une cascade, si turbulentes étaient les particules de la lumière, si mugissante l’altitude qui lacérait son tympan. Finalement il retrouva ses esprits et ses huit compagnons.

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