Collectif – Septembre Gong (Marginales n°244)





Avec des textes de Gérard Adam, Jean Claude Bologne, Alain Bosquet de Thoran, Moh Boualkitab, Éric Brogniet, Huguette de Broqueville, Jacqueline De Clercq, Didier de Lannoy, Luc Dellisse, Régine Detambel, Vincent Engel, Roger Foulon, Marianne Hendrickx, Corinne Hoex, Françoise Houdart, Claude Javeau, Philippe Jones, Françoise Lalande, Jean-Louis Lippert, Françoise Lison-Leroy, Françoise Nice, Adolphe Nysenholc, Jean-Luc Outers, Emmanuèle Sandron, André Schmitz, Liliane Schraûwen, Daniel Simon, Monique Thomassettie, Michel Torrekens, Patrick Virelles et Yves Wellens

Les premières lignes
J’entends ses baskets racler le pavement. La porte se referme. Plus personne dans la salle d’attente. Clore un instant les yeux… Mais peine perdue, son regard vrillé sous mes paupières. Hagard. Buté. Dépossédé. Il est rentré chez lui, des mois, des années, des siècles déjà, femme et enfants partis, envolés, disparus, pas un mot, pas une adresse, rien, le trou, noir, puis rouge, alors il frappe, il frappe, il n’a jamais su que frapper, mais plus personne pour encaisser, alors n’importe quoi, les meubles, les murs, jusqu’au sang, qu’il suce avant de se ruer dehors, apostropher les passants, les menacer du poing, rouge le poing, rouge, terrifiant, on géhèssème, pimpon, camisole, hôpital, piqûre, femme en blanc qui demande, quoi, quoi, une femme, une femme, qu’est-ce qu’une femme…? – Bien sûr, Monsieur Bennasri, vous n’êtes pas en état de travailler, soignez-vous et ne vous inquiétez pas, votre dossier est en ordre, nous continuons de vous indemniser… Mes paroles dans un vide sidéral. Et les mains qui se tordent, et le tremblement des doigts, et les saccades de la tête, du torse, des épaules, violence enkystée, mal, par les neuroleptiques.

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