Seuls les échos de nos pas – Françoise Pirart

À Bruxelles, une jeune comédienne de talent, Coline, disparaît mystérieusement. Sa voiture est retrouvée sur un parking dans le Sud de la France.
Bouleversés par ce drame, son frère Gilles et sa meilleure amie Anaïs mènent l’enquête, chacun de leur côté.
Et, un jour, leurs chemins se croisent. C’est le début d’une aventure qui va les conduire jusqu’en Espagne, dans les Pyrénées. Là-bas, quelque part dans les montagnes, se trouve peut-être le secret de Coline.
Amitié inaltérable, soif d’idéal, serments d’enfants, illusions, tableaux en trompe-l’œil…
Plusieurs personnages hantent ce roman : un Russe un peu bourru, un voyou attachant, un artiste excentrique obsédé par un château, un vieux montagnard au cœur tendre… Et surtout, une femme – celle de Gilles – dont la voix résonnera longtemps en nous. Tous ont un lien particulier avec celle que la presse nomme désormais la disparue de Saint-Vens.

Romancière et nouvelliste, Françoise Pirart prête aussi sa plume à ceux qui souhaitent laisser un témoignage de vie. Elle enseigne le français à des élèves d’origine étrangère à Mons en Hainaut.
En librairie le 31 mai 2018

Les premières lignes
Dans la nuit glaciale de ce début novembre, tout est calme sur l’aire d’autoroute. Monstres au repos, les camions et semi-remorques sont alignés dans l’obscurité. À l’aube, les chauffeurs quitteront leur cabine pour boire un café à la station-service et bavarder un peu avant de reprendre la route. Il n’y a pas un chat, même pas un type qui fait les cent pas pour se dégourdir les jambes après les kilomètres de bitume passés dans l’habitacle exigu. L’endroit est anonyme, désolé. On ne s’y arrête que contraint par la fatigue ou par le règlement qui astreint les routiers à prendre des pauses régulières.
La voiture roule lentement, se gare non loin des camions. C’est un break, sans doute de couleur noire, mais qui pourrait l’affirmer par une nuit aussi sombre ? À son bord, une femme. Pendant un temps, elle laisse tourner le moteur. Personne ne peut apercevoir ses gestes nerveux, la rotation de son buste quand elle se retourne pour prendre ou déposer un objet sur le siège arrière. Si le plafonnier du break était allumé, l’homme qui ne dort pas distinguerait les mouvements, les jambes fuselées, les mains pressées l’une contre l’autre. La fine silhouette s’extrait du véhicule. Portière claquée, quelques pas sur l’asphalte… La femme marche vers la station-service, sans doute va-t-elle acheter une boisson chaude. Non, elle hésite, fait demi-tour, on pourrait croire que c’est une prostituée qui tapine, mais elle est trop loin des poids lourds, et seul l’homme qui ne dort pas peut la voir se diriger vers l’arrière du bâtiment, là où se trouvent les anciens urinoirs, rendez-vous des drogués et des putains. Le camionneur insomniaque ferme les yeux. Il aimerait chuter dans un sommeil profond, mais son obsession l’entraîne, et dans sa bouche, il sent déjà le goût amer de la mort.

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