L’enlèvement – Claudine Houriet

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Un enlèvement extraordinaire. Celui d’une fillette de douze ans dont la mère refuse la mort accidentelle. Malgré la pression des siens qui tentent de lui faire accepter la douloureuse réalité, dans un déni total, elle arrache littéralement l’enfant au trépas et s’enfuit à travers le monde avec celle qui n’a de réalité tangible que pour elle. Pour tous ceux qu’elle côtoie, Marielle n’existe pas. Le périple qui aurait dû être idyllique tourne au cauchemar, à l’affrontement, l’enfant grandie finissant par se rebeller et refuser la pseudo-existence qui lui est imposée. C’est à Cordoue que se déroulera l’ultime étape de cette équipée tragique.

Claudine Houriet, peintre et écrivain du Jura suisse, est l’auteure d’une bonne dizaine d’ouvrages, alternant poésie, nouvelles et romans. L’enlèvement est son neuvième opus paru aux Éditions Luce Wilquin, après Une aïeule libertine (roman, 2011) et Le mascaret des jours (nouvelles, 2014).
En librairie le 19 août 2016

Les premières lignes
Je me dresse, indignée.
– Tu te mets de leur côté, tu ne l’aimais pas vraiment.
Il blêmit, bégaie :
– Clara, comment peux-tu dire une chose pareille ?
Je ne bronche pas. Non, il ne va pas tenter de me faire plier lui aussi. Je ne cèderai pas. Ma fille n’est pas morte. Depuis six mois je lutte contre tous. Mon mari, ma famille, mes amis. Le prêtre qui me propose de prier pour l’âme de Marielle. L’âme de ma fille se porte à merveille, merci, et n’a pas besoin de ses services. On m’a d’abord regardée avec compassion. On s’est approché de moi avec des fleurs, le visage bouleversé.
– Ma pauvre Clara, quel terrible malheur ! Une si charmante enfant…
Mais, devant mes yeux secs et mon air courroucé, chacun a reculé, interdit.
– Je ne vois pas de quoi vous parlez. D’ailleurs, je suis pressée. Je conduis Marielle à son cours de danse.
Très vite, on n’a plus osé la moindre démarche, le plus petit mouvement de sympathie. En mon absence on interrogeait les miens. Je connaissais leur réponse.
– Elle est en état de choc. Elle refuse la réalité. Le médecin pense qu’il nous faudra beaucoup de patience.
On secouait tristement la tête. Comment survivre à la mort d’une fillette de douze ans ? Comment ne pas devenir folle de douleur quand on vous ramène de la forêt où elle se promenait avec sa classe, au lieu de l’exubérante enfant partie un peu plus tôt, un corps sans vie ? Une chute malencontreuse, la nuque qui heurte une grosse racine et l’elfe joyeux n’est plus qu’une poupée immobile sur la mousse.

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