Lignes de fuite – Liliane Schraûwen

Alain et Madeleine, meurtris par la vie, se rencontrent d’une manière bien étrange et décident de faire un bout de chemin ensemble. Non loin d’eux, la jeune Delphine tente de se reconstruire aux côtés d’Ahmed qui depuis longtemps la suit de loin et la protège. Suzanne, dans un appartement tout proche, s’enfonce dans un abandon toujours plus profond…
Autant de destins brisés, autant de sursauts d’espoir, autant de fuites en avant. Autant de personnages qui se cherchent et se perdent sans se reconnaître, même si leurs chemins quelquefois se croisent. Autant de questions, toujours les mêmes, lancinantes. Les questions de la vie. L’amour est-il encore possible ? Peut-on échapper à la solitude ? Le désespoir gagne-t-il à tous les coups ?
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Les premières lignes
Pâques était tombé tôt cette année-là, et le temps était beau. Un vrai temps de printemps, d’un printemps précoce et lumineux.
C’était un mardi, en plein milieu des vacances. Il était un peu plus de seize heures. La circulation était rare. À cause des vacances, justement, et aussi parce que ce n’était pas encore l’heure de pointe. La petite voiture rouge roulait vite, trop vite. Elle avait quitté l’autoroute de Namur, emprunté la chaussée de Wavre avant de s’engager sur le boulevard du Souverain. Tous les feux étaient au vert.
Sur le terre-plein central, des joggeurs et des promeneurs se croisaient sous les arbres. Personne n’a prêté attention à cette voiture, personne ne s’est dit qu’elle était trop rapide. À cet endroit, c’était presque normal. La plupart des automobilistes faisaient pareil, sachant qu’il leur faudrait de toute façon ralentir puis s’arrêter au croisement du boulevard du Souverain et de l’avenue de Tervuren. Mais dans la ligne droite, juste avant, la tentation était grande de foncer. Au bout du boulevard, après Val-Duchesse, les automobilistes levaient le pied. Ils connaissaient l’endroit, savaient qu’il était dangereux. Des flèches au sol indiquaient sur quelle bande s’engager, selon la direction choisie. Des motos quelque­fois accéléraient au lieu de ralentir, doublaient les véhicules à l’arrêt, bifurquaient vers la gauche ou vers la droite, jouant de leur vitesse. Il y a toujours un moment où toutes les voitures sont en attente aux quatre bras du carrefour. Les motards le savent et profitent de ces quelques secondes de flottement pour poursuivre ou accentuer leur élan.

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