Françoise Houdart -Bastida

A la Bastide de Molières, en Périgord Pourpre, le vieux vannier découvre un matin une jeune femme de blanc vêtue gisant dans l’allée du château. Pressent-il alors que cela va bousculer l’agencement coutumier de sa vie et des gens qui la partagent? Et ces gens, comprendront-ils jamais pourquoi celle qui est tombée là, comme un ange désailé, va agiter de ses propres délires la mémoire de pierre de la Bastida jusqu’à ce que s’en libère enfin l’âme violentée de la Dame Blanche, la reine et l’oiseau, dont elle se croit parasitée?
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Une réflexion sur « Françoise Houdart -Bastida »

  1. Lucien

    Que faire de ce qui nous peuple ?

    La Bastida de Molières, en Périgord Pourpre : quelques rues, quelques carreyrous à l’ombre des ruines du château. C’est là qu’un dimanche d’octobre à l’aube, Honorin le Basquou, l’ancien vannier réduit à l’inaction depuis qu’une attaque lui a volé un bras, découvre une jeune femme inanimée, une jeune fille frêle et blanche, légère comme un fantôme. Comme une sorte de chouette géante qui se serait effondrée là. Il ramène sa trouvaille à la Francette, sa compagne, jamais épousée, jamais mère non plus. D’où vient-elle ? Qui est-elle ? Pourquoi est-elle là ? Le silence pour seule réponse. La jeune fille est recueillie en attendant le lundi qui permettra d’aller trouver le maire, d’enquêter. Mais elle sort dans la nuit, marche vers le château où la suit Honorin. Vers quelle rencontre ? Quel rendez-vous immémorial ? Et quel rapport entre la jeune inconnue et la chouette effraie qui dessine de son vol silencieux des arabesques blanches sur le noir de la nuit ?
    L’enquête se poursuit, menée par le maire, dont c’est le rôle, mais aussi par les vieilles gens de ce vieux village qui s’emparent tous de la jeune fille, de la jeune vie : Honorin, Francette, Catalina l’Espagnole, et la mère Laloux qui raconte bientôt : ce coup de téléphone de son petit-fils Ludovic demandant une chambre à louer pour un ami, cette voiture arrivée dans la nuit du samedi, ce couple de jeunes – Blanche et Pedro – prenant possession de la chambre, puis les bruits de dispute, la voiture disparue. Et, au poignet de la jeune fille blanche, ce lourd bracelet d’argent gravé d’un prénom d’homme : Pedro.
    Décidément, l’histoire semble se répéter, à Molières où est venue mourir, voici sept siècles, la jeune reine Blanche de Castille, répudiée dès le lendemain de sa nuit de noces par son époux Pedro Ier le Cruel. La jeune femme égarée tremble de fièvre, comme si le diable en personne dormait en elle. Le diable, ou l’esprit de Blanche de Castille ? « C’est comme si elle cachait quelqu’un : une morte qui gâterait toute sa vie en dedans d’elle. »
    Une autre jeune femme intervient alors : Céline, celle qui sculpte des têtes de pierre pour trouver sa vérité, donner une raison à sa déraison car « on a tous un visage caché. Comme la lune, qui a une face qu’on ne voit jamais. C’est quand on commence à voir ce qui était caché que tout se brouille. » Céline l’amie tombée du ciel aidera Blanche à recoller ce qui est cassé en elle, à refaire du vivant avec le souffle d’une morte.

    Le onzième livre de Françoise Houdart n’est pas un roman : c’est de la vie. De la vie toute pure qui coule à gros bouillons comme l’eau d’une source. C’est la vie vraie, la vie universelle, la même vie dans les hommes, dans les arbres, dans les pierres même, les pierres de cette bastide du Périgord que Françoise a su faire parler leur langage séculaire, dire l’histoire de la morte pour permettre la vie.
    Impossible de délaisser le livre une fois entamé ce voyage dans l’espace, dans le temps, dans les cœurs. Chacun a sa faille qu’il tente d’élargir pour s’en faire un espace où vivre, où respirer. « Que faire de ce qui nous peuple et qui nous tire vers le vécu d’alors ? » « Que faire de ce que nous ignorions de nous-mêmes quand nous le découvrons ? » Que faire ? Une statue, un panier, un livre ? Oui, un livre tressé avec le bel osier des mots, comme on tresserait un berceau bien rond, bien galbé, comme une corbeille où viendrait s’endormir, un beau jour de juillet, l’enfant sauvé des eaux de la folie…

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