Yves Wellens – Incisions locales

Yves Wellens a publié deux livres (Le cas de figure en 1995 et Contes des jours d’imagination en 1996), chez Didier Devillez. Collaborateur régulier de la revue Marginales, il a participé à divers ouvrages collectifs (Belgique toujours grande et belle, Passages d’écrivains à l’U.L.B.) et écrit nombre de contributions pour des catalogues.

Voici un ensemble de six récits, dont le décor unique est celui d’une Ville, jamais nommée mais aisément reconnaissable. L’auteur, selon sa profession de foi répétée de livre en livre, «vit, écrit et meurt» dans cette Ville. Il ne s’agit pas, cependant, de dresser un portrait de celle-ci ou d’en dévoiler quelque «âme profonde», mais plutôt de voir comment ce décor influe et pèse sur les personnages. Les «Incisions» abordent donc aussi une histoire de cette Ville par le biais de récits situés pendant l’Occupation, retraçant la trajectoire d’un ancien colonial devenu industriel, s’arc-boutant sur les glorieuses années 1960 ou encore évoquant les troubles de 1968 à l’Université. Comme toujours chez l’auteur, l’un des thèmes de l’ensemble est la course de vitesse entre la mémoire et l’amnésie.

Les premières lignes
Ce jour là, Decleve ne put parcourir le quotidien que jusqu’à la neuvième page. Il se rappellerait toujours avec précision la crispation de ses doigts sur le journal entièrement déplié, puis, tandis qu’il repliait celui-ci par des gestes de plus en plus courts, de la fixité de son regard s’accrochant à l’annonce: Il y a un an, nous quittait Pierre LOMME Mais Kastcheï non plus ne s’est pas réveillé. Rien ne permettait d’identifier l’auteur de l’avis; et Decleve ne connaissait pas le personnage qui y était évoqué.

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