Retour à Domme – Françoise Houdart

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« Tu me crois, n’est-ce pas, Oscar, quand je te dis que le petit rouge-gorge n’est pas mort ? » L’enfant avait juré. Il avait assuré qu’il la croyait, Mamie, sa grand-mère adorée ; mais il mentait. Ils mentaient tous les deux, consciemment et par amour. Et c’est à cause de ce mensonge d’amour qu’il se retrouve, Oscar, des années plus tard, dans un village du Sud-Ouest, entraîné malgré lui dans une histoire où ses joies et ses peurs d’enfance se confrontent à l’inquiétant Coulobre de la Dordogne, aux secrets de la vie de Mamie et aux risques qu’il encourt à poursuivre l’oiseau jusqu’aux remparts de Domme.

Traductrice de formation et enseignante, poète, nouvelliste et romancière, Françoise Houdart tente, à travers l’écriture, d’explorer les chemins entre réalité, vraisemblance et fantasmes où marchent, se perdent, se trouvent, s’aiment ou se débattent des personnages qui nous ressemblent. Son œuvre romanesque comprend à ce jour seize titres, tous publiés par les Éditions Luce Wilquin. Le Prix triennal de Littérature Charles Plisnier, attribué en 2014 au roman Les profonds chemins, est venu enrichir un palmarès déjà prestigieux. L’auteur déploie aussi de multiples activités dans les bibliothèques et les écoles.
En librairie le 11 mars 2016

Les premières lignes
Soudain, quelque chose de frais effleure sa peau. Il le perçoit bien, à présent : cela se pose et s’éloigne. Cela lui butine la tempe, le lobe de l’oreille droite. Menus baisers humides. Un souffle tiède fait frissonner les longues mèches éparses sur sa nuque : Oscar écarte les mains de son visage, lentement, très prudemment. Entrouvre les yeux… Le chien détourne la tête en gémissant, comme implorant le pardon de l’homme accroupi dans l’herbe sur le bas-côté de la route, l’homme prostré qu’il avait flairé sans méfiance. « Reste », murmure Oscar. « Reste, je t’en prie. Viens là, le chien. Viens. » Oscar avance la main, mais le chien se rétracte, se lève gauchement sans quitter du regard la main tendue vers lui, hésite, puis disparaît dans la frange buissonneuse du petit bois qui jouxte la route. Un chien sans collier, perdu peut-être. Perdu comme lui. Oscar regarde autour de lui : où est-il ? Que fait-il ainsi recroquevillé sur le côté de la route à deux mètres de sa voiture ? Pourquoi a-t-il brusquement quitté son véhicule en laissant grand ouverte la portière côté chauffeur ? Une route déserte, pense-t-il, dans ce no man’s land entre deux nowhere. N’aurait-il pas remarqué un panneau signalant l’interdiction formelle d’emprunter cette route ? Zone militaire ultra prohibée ? Zone d’expérimentations scientifiques ? Mais alors, les champs de blé ?… Et les immenses pâturages qui coulent vers le creux de la combe ? Et le bois tout palpitant d’ailes et de furtifs remuements ? Non, la réalité ne peut qu’être banale.

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