Nos mémoires apprivoisées – Valérie Cohen

Audrey, 20 ans, est sacrée Miss SDF. Peut-être un nouveau départ pour celle qui a tout perdu en fuyant sa mère, adepte des Témoins de Jéhovah. Contrainte de revenir à Nice en compagnie de Claire, une journaliste chargée de réaliser un téléfilm sur sa vie, elle est hébergée par Jacques Goldstein, le père de celle-ci. Étrange attitude de la part de ce sexagénaire taciturne. Cet enfant caché, qui a échappé de justesse à la déportation en 1944, affectionne la solitude.
L’arrivée de la jeune femme le bouleverse, tout comme la présence de Betty, la tante d’Audrey, volubile et attachante. Son passé longtemps enfoui refait peu à peu surface. À quelques kilomètres des siens, Audrey va, elle, tenter de s’imaginer un futur. De devenir quelqu’un.
De ces deux êtres écorchés vifs naît une relation singulière. Une amitié improbable que le hasard ne suffit pas à expliquer. Deux humains qui réalisent que le bien et le mal peuvent prendre un même visage. Deux mémoires qui s’apprivoisent doucement autour des fourneaux d’une cuisine pour, qui sait, se créer un avenir commun…
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Les premières lignes
Et la gagnante est…
Le présentateur fait durer le suspense. Debout sur l’estrade, Audrey attend. Pâle, les cheveux relevés. La jeune femme se dit que la vie ressemble à une ligne en pointillé. Une traversée du désert ponctuée d’oasis. Elle a soif.
Les murmures s’estompent. Le public soudain se tait, impatient d’entendre le verdict.
La soirée a démarré sur les chapeaux de roue. Reportages, témoignages, volées de question. Quelques bribes de vies narrées. Des spectateurs attentifs et des femmes sans fard qui attendent de savoir qui sera l’élue. Une seule sera reçue avec mention.
Sur le podium, elles ne sont plus que dix. Jocelyne, Alexandra, Mylène, Chantal et Marie-Charlotte se sentent déjà éliminées. Elles font bonne figure, sourient faiblement au public qui les encourage. Les salves d’applaudissements chaleureux n’y changent rien. D’instinct, elles savent. Recalées, pas à la hauteur. Elles n’ont pas su répondre aux attentes du jury. Non que leur chair soit moins ferme que celle des autres ou leurs mensurations moins parfaites, l’enjeu est autre, loin de leur tour de taille ou de leurs dents correctement alignées.

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