André Sempoux – Le bol à moustaches

Fondateur d’un Centre universitaire d’études italiennes, jeune retraité de l’université, André Sempoux est poète, nouvelliste et romancier. Très (trop!) discret, cet homme cultivé et d’une générosité inhabituelle, offre ici un nouvel «appel au partage de l’indicible», pour reprendre les mots du critique Jacques De Decker à propos de «Torquato».

Le Golem vient au secours d’un chercheur menacé par l’entreprise sauvage, un Orphée d’aujourd’hui arrache son secret au maître des enfers, un fasciste impénitent ne cesse de ravager la vie de son fils… Le romancier de Torquato, l’ami d’un autre temps (paru en février 2002 chez Luce Wilquin) croise dans les douze récits du Bol à moustaches la poésie des mythes éternels avec une Histoire brûlante d’actualité (la montée des extrêmes-droites entre autres, notamment en Italie).

Les premières lignes
Dans une école d’infirmières, la proximité de la mort devrait donner plus de liberté au cœur. Moi, j’ai toujours vécu ça, et j’ai flambé dès la première fois où je t’ai vue glisser dans les couloirs avec la grâce modeste dont le souvenir me gorge de larmes. Ton corps n’était qu’un sourire, ta peau devait fondre comme miel dans la bouche; dommage que j’aie eu alors cette autre histoire de fille, pour laquelle on m’a mise à pied. L’automne qui a suivi, j’ai tournicoté dans les rues qui enserrent la clinique. Un soir, à la clarté neigeuse d’un lampadaire, j’ai osé te parler. Avec l’aide, plus que de ma maigre indemnité, d’une poire que j’avais gardée pour la soif, j’allais finir mes jours à Venise; accepterais-tu de m’y accompagner, lors de tes vacances de Noël, en prospection ?

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