Anne Rothschild – Un châle brodé de larmes

Anne Rothschild, née à New York, peintre-graveur et écrivain, possède les nationalités belge et suisse. Elle a réalisé de nombreuses expositions, a publié et illustré plusieurs recueils de poèmes, dont, aux éditions L’Age d’Homme Sept branches-Sept jours, qui a été couronné par le prix Max-Pol Fouchet; et plus récemment, Les arbres voyageurs, aux éditions Empreintes. Elle a également écrit un roman, Le buisson de feu édité à L’Age d’Homme. Elle travaille au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris comme responsable du service pédagogique.

Une dynastie de rabbins hassidiques. Une société repliée sur la religion, régie par des règles strictes d’où est issu un jeune talmudiste, Haïm. Le mariage que sa famille a arrangé pour lui a achevé de le conforter dans un monde spéculatif, un refuge apparemment sans faille. Mais depuis toujours il cache une fascination pour la peinture, assimilée à de l’idolâtrie par son milieu… Une femme libre et artiste, d’une quarantaine d’années. Pour oublier le choc d’une perte, Clara vient exécuter une suite de gravures chez un taille-doucier à Montmartre. Elle se penche sur la Cabbale et peint sans relâche des châles, cherchant à renouer le fil d’une vie faite d’errances et de brisures. Le projet d’un ouvrage met en contact les deux protagonistes. De cette rencontre naît un liaison chaotique, menacée par un secret terrible. Histoire de transgression, de cendres ou d’une formidable libération?

Les premières lignes
À l’origine, une pierre posée sur les sentiers du hasard. Quelques dessins de Clara, inspirés par le cimetière juif de Prague, avaient touché un éditeur. Le thème lui tenait particulièrement à coeur.
Enthousiasmé, il l’avait encouragée à développer sa recherche. Si elle se procurait des textes pour la compléter, il était prêt à réaliser un ouvrage précieux. Une nuit d’étude inaugurait la fête de Shavouoth. Clara avait longtemps hésité à s’y rendre. A la dernière minute, voilée et informulable, l’expectative d’un événement imminent l’y avait poussée. Intimidée par ces religieux inconnus, elle s’était rapprochée de Haïm qu’elle avait eu l’occasion de croiser à quelques reprises. Au détour d’une conversation, saisie d’une brusque impulsion, elle avait évoqué le projet. Peut-être connaissait-il des traductions du yiddish qui pourraient convenir?
Au moment même où elle lui avait adressé la parole, traversé par un tremblement intérieur, son corps d’homme s’était tendu vers elle.

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