Anne-Michèle Hamesse – Le voleur

Sans s’éloigner de ses thèmes de prédilection – la folie, l’enfermement moral et affectif, le besoin d’amour -, Anne-Michèle Hamesse se libère ici avec bonheur de la pudeur qui bridait son écriture. Plus sensuel, mais aussi plus noir, «Le voleur» révèle toutefois le même sens aigu de l’insolite que les trois précédents romans de l’auteur: «Natale» (1995), «Le jeune homme de Calais» (1996), «Bella disparue» (1997).

Sous un soleil timide de début de printemps, les Panisse sortent de leur belle villa, comme chaque matin. Ils ne voient pas l’homme étrange caché dans les écuries, qui, depuis plus d’une semaine, les guette à travers les vitres sales. Basile le Russe est tout sauf sympathique. C’est un être redoutable, un soleil noir, attirant et pervers. Dès leur première rencontre, Geneviève Panisse frissonne d’effroi, de plaisir aussi. Entré en voleur rue Gabrielle, Basile se considérera très vite comme le maître des lieux. Seigneur incontestable de cette maison violée, désordonnée, salie. Geneviève se réveillera, hébétée, dans un paysage de mort. Elle ne remarquera pas tout de suite la voiture blanche.

Les premières lignes
Les images de ce printemps perdu lui reviennent en tête. Fragiles. Saccadées. Captées par une vidéo amateur. Avec arrêts sur image. Fleurs bonbons pastels. Gestes désordonnés. Elle se revoit. En couleurs. S’échappant dans le jardin. Fondue dans un paysage impressionniste allumé de soleil. Éparpillées au bord des allées, les grappes de violettes sauvages flirtent avec les fleurs de Marie qui alourdissent leur berceau suave au chevet des iris rois. Point d’interrogation juché sur la crête du talus, la pivoine hésite à surgir de sa coque, exhibe timidement un chiffon d’éclaboussement rouge vif. Le cerisier égoïste découpe ses fleurs blanches en origami sur le bleu dur du ciel.

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