Françoise Lison-Leroy – Dites trente-deux

Françoise Lison-Leroy, poète et nouvelliste, porte un regard lucide sur les pages d’enfance, instants d’ailleurs et d’ici.

«Après Histoires de Petite Elle, voici trente-deux poèmes pour arpenter l’âge blanc et ses chemins frondeurs. Secrets, brisures, petites joies singulières: faits et paroles d’aujourd’hui. […] Le ton est simple. Les phrases souvent brèves ont le rythme d’une existence au galop. Les mots sont puisés au journalier. Les verbes ont opté pour le présent qui se vit et le futur qui porte au loin vers une génération pour demain.» [Michel Voiturier, Le Courrier de l’Escaut]

Les premières lignes
Quatre fois eux
le Père Noël n’existe pas
ceux d’Emmaüs n’existent pas
ni les oignons de Mulhouse
ni les Allemands et leurs VW
La télé montre en vrai le goût du pain vermine, les moustiques du Gange et les étangs rouillés.
Les journaux affichent – gris et blanc – l’alphabet de la faim.
Au foyer municipal, cent bottines attendent qu’un avion les décolle.
L’argent de mes étrennes a une odeur de talc.

Les abonnés absents
Le clown a défait sa chaussure.
Un faux lacet barre sa main.
Il trace une marelle, arrive au paradis.
Ça fait un trou.
Il s’y enfonce et on ne le voit plus.

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